Takeshima Sadaharu
« Le souvenir, c'est la présence invisible. »

Beaucoup de personnes de l'entourage de Sadaharu se prêteront à assurer ce point-ci : ce japonais est une personne plaisante, et d'agréable compagnie. Discret et modeste, il n'est certainement pas de ces personnes qui cherchent sans cesses à se mettre en avant, vantant les mérites de leurs atouts ou de leurs compétences. Non, Sadaharu est bien loin de ce cliché. Il est une personne indéniablement calme, sérieuse, et réfléchie. Ses traits en sont l'exemple même ; on ne verra que très rarement visage déformé par une expression d'énervement, ou d'autre sentiment excessif. Pourtant, si son visage filtre une bonne partie de ses émotions, il n'en est pas pour autant un individu insensible. Après tout, il est un homme et en tant que tel, a des sentiments, ce qu'il ne se cache pas et ne cherche pas à nier. Cependant, il mettra un point d'honneur sur le fait d'apprendre à les contrôler et les garder en soit, pour ne les exprimer que quand c'est rigoureusement nécessaire. Intelligent et charismatique, faire la discussion avec lui n'est pas chose désagréable. Bien qu'il soit plutôt cultivé, il ne cherchera pas à étaler ses connaissances, en laissant tout juste échapper quelques brides au moment opportun, ce qui fait de lui une personne charismatique, aux idées et opinions intéressants, qu'il ne manque pas d'exprimer avec zèle et modestie. Car modeste, c'est aussi une autre de ces qualités ; Sadaharu n'est pas vraiment en quête de fierté personnelle, loin de là, mais juste à la recherche d'une certaine reconnaissance et admiration de la part des autres, ce qui est fortement dû à son éducation dans un milieu pour le moins misérable.
Il est quelqu'un qui apprécie la présence des autres, qu'il sait apprécier à leur juste valeur, avec tolérance. Pourtant, s'il ne cherche pas à fuir autrui, il ne niera pourtant pas le fait qu'il aime tout autant le calme, durant lequel il peut savourer le contenu d'un bon livre en sirotant un thé. Son goût pour la tranquillité se traduit aussi par le fait qu'il est une personne qui se plaît à réfléchir et méditer, car comme dit précédemment, Sadaharu est quelqu'un de réfléchit. Ses intentions sont toujours calculées à l'avance, avec minutie et précision... Et Dieu sait qu'il est doué pour élaborer des plans.
Dernière qualité, et sûrement la plus notable ; il est un individu ambitieux, et à la détermination sans faille. Son objectif est la reconnaissance sociale, et il prêt à beaucoup de choses pour atteindre cet objectif qu'il vise depuis sa jeunesse.

D'ailleurs, si cette qualité est remarquable chez lui, elle en devient presque maladive, entraînant des défauts inévitables. Le principal étant sûrement sa jalousie ; en effet, il a un objectif, et ne supporte pas la concurrence, surtout si c'est pour qu'elle soit meilleure que lui même. Aussi est il prêt à beaucoup de choses pour mettre ses adversaires au tapis, ou pour prendre leur place... Ce qui le pousse à être quelqu'un de sournois, impitoyable, et manipulateur, malgré lui. Il n'éprouve pas le moindre regret à salir ses mains ou son honneur, si c'est pour finalement atteindre l'objectif qu'il s'est posé. Il ne se plaît pas dans de tels stratagèmes, mais pourtant ça ne le dérange pas le moins du monde d'y avoir recours pour s'accomplir. Insensible... ? Peut-être un petit peu, dans le fond. Notons aussi, que s'il sait apprécier la présence d'autrui, il a pourtant aussi tendance à se dire qu'il n'a besoin de personne pour réussir... Néanmoins, c'était ce qu'il pensait quand il était humain, ce qui a beaucoup changé depuis qu'il a réalisé qu'il ne pouvait pas survivre dans ses jeunes années vampiriques sans son père.

En définitive, Sadaharu a certainement toutes les qualités, et les défauts que l'on peut reconnaître à un parfait calculateur. Charismatique, intelligent et calme, certes, mais tout aussi jaloux, manipulateur et sans scrupules quand il s'agit d'atteindre ce qu'il convoite. Mais une fois encore, il ne vise nullement la fierté personnelle, mais davantage le désir d'être reconnue et admiré par les autres, tel un modeste leader.

Sadaharu n'est ni de ces hommes virils, qui renient un quelconque aspect féminin, ni de ces androgynes qui au contraire, misent sur leurs traits féminins pour brouiller les pistes quant à leur appartenance sexuelle. Il possède un charme qui lui est – presque – propre, dont il ne s'est pourtant jamais vanté, et qu'il ne mets presque en aucun cas en valeur. A vrai dire, il n'est sûrement pas de ces individus qui cherchent à se faire remarquer, que ce soient pour leurs attributs physiques, ou leurs compétences intellectuelles.
D'une taille respectable, le japonais n'est ni trop grand, ni trop petit, mais indéniablement élancé et bien sculpté. Le dos droit, sans que son torse ne soit pour autant bondé, des bras fins et musclés, humain encore, on lui reconnaissait déjà une force certaine et ce malgré sa minceur apparente. Son teint, bien qu'il ne fut jamais des plus hâlés, est aujourd'hui plus pâle que la norme, de par son appartenance aux vampires. Le point particulier de cet épiderme qui ne présente que peu d'imperfections, est sans aucun doute l'immense tatouage esquissé sur la totalité de son dos, qu'il s'efforce de camoufler le mieux qu'il le peut aujourd'hui. Son autre originalité se remarque également au niveau de ses mains, tout du moins de la droite : on observe en effet que cette dernière est privée de son auriculaire. Si certes, la plaie est désormais parfaitement cicatrisée, ce point n'est pas pour autant non-déstabilisant.
Pour ce qui est de son visage, dont les traits sont indéniablement masculins, il n'en est pas moins un visage fin aux expressions calmes et placides, qui ne laissent que trop rarement entrevoir les expressions du concerné. Les traits de la mâchoire anguleux, les lèvres généreuses, le nez long et fin, sans oublier ses yeux gris sombre surplombés de sourcils sombres, tout ne constitue qu'un ensemble harmonieux et agréable, qui donnent à Sadaharu cet air si sérieux qu'il arbore en permanence. Désormais, le seul point qui pourrait être le seul à lui prêter un tant soit peu de féminité, est sa chevelure : généralement sombre, bien qu'il se soit déjà laissé aller à quelques autres essais capillaires, elle demeure souvent d'une certaine longueur, pour chuter au dessus des épaules. Tandis que son front est dissimulé par quelques mèches de cheveux, d'autres épis viennent orner sa coiffure pour lui donner un tant soit peu d'originalité.
N'étant guère coquet, Sadaharu ne fait pas usage d'artifices inutiles pour se mettre en valeur, ou tout du moins, très peu. Souvent vêtu de façon très simple, sans pour autant être négligée, il a une préférence pour les couleurs qui le fondront dans la masse, telles que le noir, le gris et le blanc, avec peu de motifs, si ce n'est aucun.

Comme dit précédemment, les deux points significatifs de Sadaharu sont le tatouage qui recouvre son dos, signe de sa précédente appartenance à la Yakuza, et son auriculaire qui fut estropié quant il a été licencié de la pègre en question. Si le doigt coupé est un point que l'on remarque facilement, ce n'est pas le cas du tatouage, du fait que le japonais s'applique à le camoufler pour éviter d'attiser une quelconque curiosité ou autres ennuis. Quand à son doigt, quand on l'interroge à ce sujet, il invente généralement un quelconque accident pour éviter de parler de son ancien emploi.

Ayant toujours été quelqu'un de très rationnel, Sadaharu n'avait jamais cru que cette forme de vie puisse exister. Certes, c'était bel et bien quelque chose dont il avait entendu parlé dans les comtes et histoires pour enfant, mais ça n'avait jamais été un sujet qui l'intriguait spécialement. Il a véritablement découvert leur existence à ses trente ans, quand son père vampirique, Hebichi, s'annonça en tant que tel. Bien entendu, il fut surpris quand il apprit cette réalité dérangeante, mais c'est bien rapidement qu'il se résigna à y croire, pour considérer les vampires comme n'importe quelle forme de vie présente de la nature. Néanmoins, il ne leur prêta jamais une quelconque louange, clamant qu'ils pouvaient être supérieurs aux humains... Et ce, même s'ils avaient l'avantage de la vie éternelle. Ainsi, il ne s'est jamais vanté d'être des leurs, et n'en tire pas une fierté spéciale. Être devenu vampire est pour lui un simple moyen d'atteindre une chose qu'il convoite depuis son enfance : la reconnaissance sociale.

Article de presse, datant du 21 août 1932, Kyôto.
Aujourd'hui, le cadavre d'une homme d'une trentaine d'années aurait été retrouvé sur les rives de Kamo-gawa. L'homme n'ayant aucuns papiers sur lui, ni autre indice pouvant assurer son identité, c'est après identifications et témoignages de plusieurs civils que l'on apprit il s'agirait du corps de Takeshima Sadaharu. Suite à l'inspection du corps, la police a assuré que le jeune homme serait tombé dans la rivière près d'un jour auparavant. Le corps ne présentant aucune marque de violence physique, la thèse du meurtre a été écartée, laissant place à l'hypothèse du suicide.

Article de presse, datant du 25 août 1932, Kyôto.
Éclaircissements au sujet du cadavre retrouvé sur les rives de la rivière Kamo-gawa. Un homme trentenaire se serait présenté à la préfecture de police, présentant aux agents ses papiers d'identité, stipulant qu'il n'était autre que Takeshima Sadaharu. Bien que méfiants, les doutes des policiers auraient été écartés par différents témoignages assurant que l'individu s'étant présenté était bel et bien Sadaharu. L'identification du cadavre est ainsi, toujours en suspens...

Article de presse, datant du 31 août 1932, Kyôto.
Après de maints entretiens avec Takeshima Sadaharu et certains membres de sa famille, l'identité de ce dernier a été assuré, et l'existence d'un frère jumeau abandonné et adopté à sa naissance aurait été révélée par les parents du concerné. Le cadavre retrouvé aurait donc été celui du jumeau en question, qui s'appelait alors Kitano Yukimura. Suite à ces annonces, les parents auraient échoppé d'une peine.
Affaire classée.

Le regard d'ébène du trentenaire parcourent une fois encore ces articles qu'il avait découpé dans diverses journaux, il y a quatre-vingt ans de cela. Il ne se lassait de relire ces faits, tel un enfant qui réclame encore et toujours à ses parents son comte favori.
Un sourire esquisse ses lèvres fines, songeant à cette supercherie qu'est son histoire.

La véritable histoire de Takeshima Sadaharu

Sadaharu est né dans la ville de Kyôto, un trente et un décembre. Ses parents constituaient un ménage modeste, tout du moins assez pour pouvoir leur permettre d'accueillir une progéniture qui leur succéderait. Certes, leur renommée était loin d'être gravée dans l'esprit des habitants de la ville, et pourtant l'idée de s'éteindre sans qu'ils n'aient eut d'enfant leur était tout à fait insupportable.
C'est alors, qu'après avoir gardé une descendance en son sein pendant neuf longs mois, Mme Takeshima accoucha d'un fils, qui fut baptisé Sadaharu selon le souhait de ses parents. L'enfance de ce garçon n'eut en soi, rien d'exceptionnel. Des parents aimants, qui malgré leur pauvreté certaine, ne cessaient de le lui manifester par une éducation droite et juste. L'enfant n'était de ce fait pas gâté, mais il ne s'en formalisait guère, se contentant de cet amour présent, quoi qu'immatériel.

Guère brillant à l'école, il prouvait néanmoins jour après jour de son habileté à se servir de ses mains et de ses bras. C'est alors rapidement que son père l'emmena travailler dans une manufacture où il travaillait, où le jeune homme fut engagé. Et même si jusqu'à dès lors, son parcours scolaire ne manifestaient nullement de son intelligence certaine, il n'en était pas pour autant dénué... Ce qui était également le cas pour le charisme dont il était doté.
Ces qualités, bien qu'elles ne soient pas des plus apparentes au premier abord, attirèrent l'attention de certains ouvriers et autres personnes d'un milieu social auquel jusqu'à dès lors, Sadaharu n'avait jamais été confronté : la Yakuza. Et c'est au fil des années, après maintes discussions et décisions, que Sadaharu tira un trait sur sa carrière en manufacture, pour entrer dans les rangs les plus bas de la mafia japonaise. Chargé tout juste au début de tâches toutes aussi nombreuses qu'ingrates, c'est après six mois de dur travail que l'on promis le jeune homme à la cérémonie d'intronisation.

Néanmoins, le jeune homme ne sera jamais promu véritable Yakuza. En effet, le jeune homme s'était vraisemblablement suicidé, se jetant d'un pont dans la rivière Kamo-gawa... Il avait alors tout juste vingt-huit ans.

... Et celle de son imposteur

Certes, l'histoire énoncée juste au dessus constitue la vérité vraie sur Takeshima Sadaharu. Or, si l'on porte attention aux articles de presse de l'époque, on semble devoir croire que Sadaharu n'est pas mort noyé dans les flots de la rivière Kamo-gawa... Et de ce fait, on arrive rapidement à la conclusion suivante : le Sadaharu ayant étant apparu en 1932 n'est qu'un imposteur, qui n'est autre que le frère jumeau du concerné.

Cet imposteur, de son vrai nom Kitano Yukimura est né le trente et un décembre 1932 à Kyôto, tout comme son frère jumeau. Et pourtant, cette naissance synchronisée ne constitue que le seul point commun entre ces deux jeunes hommes, ainsi que leur ressemblance flagrante.
Qu'est ce qui valut que ces deux frères ne grandissent jamais ensemble ? C'est une histoire d'une simplicité et d'une tristesse affligeantes... Le ménage Takeshima était à l'époque trop pauvre pour pouvoir se permettre d'élever un second fils. Aussi, ce fut le premier né qui fut gardé dans le domaine familial, tandis que le cadet était abandonné, avant d'être rapidement accueilli par une famille plus pauvre encore. Un homme, boucher de profession, et une femme malade, qui demeurait sans cesse au foyer. De par la profession de son époux, qui leur valut directement la classe sociale de Burakumin, la femme n'avait jamais rêvé d'avoir un quelconque enfant, si c'était pour que celui-ci soit contraint à vivre dans les mêmes conditions de vie qu'elle. Pourtant, quand elle avait vu cette personne, qu'elle connaissait, abandonner un enfant, elle se résigna et choisit d'accueillir cet enfant.

L'enfance de Yukimura n'eut elle non plus, rien d'exceptionnelle. Un père acharné au travail qui pestait contre sa condition, et une mère qui priait pour que jamais, son fils n'hérite d'une telle situation, telle était sa famille. Encouragé par ses parents, il devint un enfant très ambitieux, qui n'eut rapidement pour seule envie que de devenir quelqu'un de reconnu, d'une quelconque façon que ce soit.
Du côté de l'adoption improvisée, ses parents ne lui firent jamais une quelconque cachoterie. Encore très jeune, il n'ignorait pas alors ses origines, et savait que sa place initiale était dans la famille Takeshima... Et pourtant, loin était de lui était l'envie d'être reconnu par ces parents biologiques qui l'avaient rejeté alors qu'il n'avait que quelques jours. En revanche, une jalousie certaine fleurissait au plus profond de son être, à l'égard de son frère jumeau. Et bien qu'ils ne fréquentaient pas le même monde, Yukimura ne pouvait qu'épier Sadaharu, de plus en plus en quête du quelconque petit détail de sa vie privée.

Malgré cette animosité grandissante, il n'en était pas pour autant quelqu'un de haineux, loin de là. Toujours parfaitement calme et réfléchi, il ne faisait que songer à un moyen d'usurper la place et la condition de son aîné.

L'espionnant alors qu'il travaillait dans cette manufacture, il saisit bien rapidement que Sadaharu avait quelques fréquentations qui n'étaient pas dans les normes de sa condition sociale... Jusqu'à ce qu'il découvre que ces fréquentations en question n'étaient autres que des membres de la Yakuza, qui encourageaient de plus en plus Sadaharu à rejoindre les rangs.
Jalousie à l'apogée, et toujours aussi ambitieux, c'est à ses vingt-huit ans que Yukimura saisit que cette opportunité était la meilleure qui ne lui ait jamais été offerte par le destin : il allait prendre la place de son frère, comptant sur sa ressemblance flagrante avec ce dernier. C'est ainsi qu'une machination méticuleuse se mit en place dans son esprit, à la recherche d'un plan parfait pour obtenir l'identité de son jumeau.

La première étape de Yukimura fut de rédiger une lettre d'adieu désespérée à ses parents adoptifs : ainsi, ces derniers songeraient que leur fils s'était suicidé. La suite coulait alors de source : attaquer son frère, s'approprier ses papiers certifiant son identité, et le pousser dans les abysses de la rivière qui traversait la ville, misant sur le fait que son frère ne savait nager pour que ce dernier meurt. Ensuite, se présenter à la préfecture de police pour certifier que le cadavre retrouvé n'était pas celui de Takeshima Sadaharu, mais d'un autre individu. Et bien qu'au début, le jeune homme fut dubitatif quand aux résultats de sa machination, le peuple prit mouche, et le mystère planait sur le défunt, du fait de son incroyable ressemblance. Les parents Takeshima se présentèrent, avouant l'abandon qu'ils avaient fait une trentaine d'années auparavant... Paroles qui furent appuyés par les témoignages respectifs de Mr et Mme Kitano, qui déploraient la mort de leur fils, Yukimura.

Kitano Yukimura, désormais Takeshima Sadaharu, ne déplora pas le fait que ses véritables parents échoppent d'une peine : ainsi, personne ne pourrait mettre son identité en doute.


Tout ne semblait qu'être une spirale parfaitement dessinée, où le point centrale et inévitable n'était autre que l'ascension sociale de Sadaharu, qui malgré ses mains tâchés par le sang et le mensonge, semblait tout juste frôler cet objectif des doigts. Lui qui avait toujours rampé dans l'ombre de son frère, épiant, notant, rêvant et passant finalement à l'action d'une des façons des plus ignobles qui soient, allait enfin attraper l'inatteignable.
Comme il l'avait prévu dans sa machination, Sadaharu rejoint les rangs de la Yakuza, sans que de véritables doutes soient formés à son sujet. A vrai dire, s'il se montrait un tant soit peu étrange, il annonçait seulement que cette histoire de cadavre l'avait profondément bouleversé, ce qui constituait une excuse tout à fait valable... Et à laquelle ses connaissances croyaient dur comme fer. Certes, ses débuts dans la pègre ne furent pas des plus évidents, du fait qu'on lui confiait des travaux tout aussi nombreux que pénibles. Néanmoins, l'imposteur ne rechignait pas la tâche, songeant que cela ne ferait que passer pour un comportement suspect.

Pourtant, son véritable objectif fut finalement atteint, tout comme il l'avait prévu, et comme on l'avait promis à son frère jumeau : il eut alors droit à la cérémonie d'intronisation, comme l'exigeait la coutume. Ce jour ci, constitua certainement l'un des plus beaux jours de sa longue existence, et aujourd'hui encore, Sadaharu garde un goût exquis du sentiment d'euphorie qu'il avait éprouvé ce jour même, et ce malgré la douleur que fut la sienne quand on lui fit son tatouage. Refoulant au mieux des cris d'affliction, il accepta sans moufter que la peau de son dos soit bariolé de mille couleurs, en un splendide dessin aux multiples motifs. Dès lors, il était un vrai Yakuza. Quelqu'un de craint, certes, mais de reconnu par ses semblables, et par la population à qui il arrivait d'avoir recours aux services de la pègre.

Vint d'ailleurs un jour, où Sadaharu fut convoqué par un civil, qui semblait vouloir lui confier un quelconque travail. Enfin jour... Le japonais se souvient encore parfaitement de cette nuit fraîche d'automne, où il allait rencontré cet homme qui serait sûrement le pilier de sa vie. Cet homme, dénommé Naraku Hebichi, avait alors demandé à le voir sur la berge de la rivière traversant Kyôto, là où quelques mois auparavant la dépouille de son feu frère avait été retrouvé. Sadaharu avait alors cru à une simple coïncidence, songeant que le client avait choisi ce lieu pour être plus au calme, du fait que personne ne fréquentait plus cette zone du rivage depuis la macabre découverte... Mais il n'en fut rien. Sans que cet individu ô combien particulier n'ait aucun travail à lui confier en tant que Yakuza, Hebichi se contenta de faire comprendre à son vis-à-vis qu'il était au courant quant à ses magouilles... L'histoire du cadavre retrouvé, l'identité usurpée... Vraisemblablement, rien n'avait échappé à cet homme, ce qui réussit à arracher un frisson d'angoisse et de peur au plus jeune, qui même s'il tâcha de garder son sang-froid, ne put avoir recours qu'à de vagues menaces. Néanmoins, l'aîné lui assura que rien ne serait dévoilé... Ce qui pourtant ne rassura pas pour autant Sadaharu, qui resta sur ses gardes chaque autre fois qu'il le croisa.

Hormis cet incident, Sadaharu n'avait très certainement rien pour se plaindre de sa nouvelle vie. Il avait atteint son objectif, gagnait sa vie, et aucune menace ne planait véritablement quant à ses secrets, et ce même s'il ne faisait pas confiance à Hebichi. Et pourtant... Sadaharu se rendit à l'évidence au bout de deux ans au sein de la Yakuza ; il n'était pas son frère, et de fait, n'était pas fait pour mener la vie de ce dernier. Le travail de la pègre ne l'intéressait guère, et songeait de plus en plus à en quitter les rangs, même s'il savait pertinemment qu'il ne pouvait pas laisser une lettre de démission sur la table. Se rendant à l'évidence, il ne fit qu'attendre que le destin ne tourne à nouveau, ce qui ne tarda pas à arriver.
C'est en effet lors d'une embrouille avec un autre clan de Yakuza, que tout se joua pour Sadaharu. Impossible de dire s'il le fit exprès ou non – qui sait ce qui peut se cacher dans l'inconscient d'un homme qui ne se plaît pas dans son milieu –, mais un civil perdit la vie par sa faute, fait qui n'était toléré par le code d'honneur, encore valable en ces temps.
Violemment réprimandé par bon nombre de ses supérieurs, Sadaharu dut faire le sacrifice de son auriculaire droit, qu'il envoya à l'Oyabun en guise de pardon. Néanmoins, le kumichô ne considérant pas cette offrande comme suffisante, une lettre lui fut envoyée afin de lui annoncer son licenciement de la pègre. Un tant pis pour un tant mieux... Sadaharu se trouvait de nouveau libre, certes, mais au plus bas de l'échelle, à nouveau.

Il fut quelques temps où le jeune homme se contenta d'errer dans les rues de Kyôto, vivant sur ses maigres économies, trouvant de l'argent où ile pouvait... Jusqu'à ce que Hebichi se fit plus présent dans sa vie de tous les jours. Cet homme, dont il s'était méfié durant deux longues années... Et pour lequel il éprouvait maintenant l'indifférence la plus totale. Après tout, qu'avait il à perdre maintenant ? Certes rien, mais de ce fait, il avait énormément de choses à gagner.
Hebichi, qui lui tournait de plus en plus autour, finit par la lui avouer la vérité sur sa nature, qui n'était plus humaine depuis bien longtemps. Certes, Sadaharu n'avait jamais cru aux vampires, et eut sur le coup bien du mal à se faire à cette troublante vérité... Et d'autant plus, quand Hebichi lui fait la proposition d'être son fils vampirique. Ce dernier semblait avoir longtemps étudié son cas, et avait remarqué son audace et son ambition, et prétendit que cette dignité ne pourrait être que satisfaite par le biais de l'éternité. Si l'ancien mafieux ne prit pas cette proposition au sérieux dès le début, elle lui trottait de plus en plus en tête, avant d'arriver à la conclusion qu'il ne pourrait sûrement que trouver satisfaction par cette proposition. C'est ainsi qu'à l'âge de trente et un ans, Sadaharu devint le fils vampirique de Hebichi. En soit, un nouveau départ pour le japonais.

Au départ, les relations entre le fils et le père vampirique furent des plus tendues... Sadaharu songeant que Hebichi n'avait été qu'un outil comme un autre pour atteindre et assouvir son ambition de reconnaissance, dont il n'avait plus besoin. Et il eut assurément tord de croire que la proximité d'un père vampirique ne lui serait d'aucune utilité à l'avenir. La distance imposée par Sadaharu, et le mépris certain de ce dernier vis à vis de son père vampirique plongea ce dernier dans une colère certaine, qui le poussa à abandonner son fils pour quelques temps, alors qu'il n'était encore un très jeune vampire... Et pour sûr, ces quelques semaines d'abandon dans ce nouveau style de vie furent des plus insurmontables pour le « nouveau-né », qui peinait à survivre. Ne sachant comment se nourrir, ni même se protéger de l'extérieur qui constituait une menace, Sadaharu échappa tout juste à la mort. Pourtant, son père ne semblait pas prêt de se séparer de lui, aussi revint il vers lui, avec le simple espoir que cet abandon de quelques temps lui avait donné une bonne leçon.

Par la force des choses, le jeune vampire dût se rendre à l'évidence : respecter son père était de mise s'il voulait survivre, et faire semblant de l'apprécier également. Si certes, les débuts furent difficiles pour Sadaharu, qui s'efforçait de ne pas se montrer méprisant à l'égard de ce père, c'est malgré lui qu'il retrouvait de plus en plus en ce père vampirique la figure de ses parents adoptifs. Et même si aujourd'hui encore, le fils est bien trop fier pour se l'avouer et le montrer, Sadaharu est profondément attaché et dépendant à Hebichi. Et même si son envie première lorsque son père lui dit qu'ils partaient pour Tôkyô, était de rester dans sa ville natale, dans un pure désir d'indépendance, il ne put que se remémorer le douleur souvenir de l'abandon : de toutes évidences, sa seule chance de survie était en demeurant aux côtés de son père.

Merci ! =D

Bon j'ai déjà rédigé une bonne partie de l'histoire, même si elle est loin d'être terminée... Mais ça va venir, maintenant que je suis lancée o/

Ça y est, ma fiche est terminée ! o/

ENFIN J'Y SUIS ARRIVÉE ! Je préfère pas raconter la galère que ça a été pour enfin pouvoir me connecter, mais bref, osef.

Donc, pour te répondre, Suisui ^^

Pour ce qui est du fait que personne ne l'ait remarqué tourner autour de son frère, j’admets que ça peut paraître un peu gros, de la façon dont je l'ai mis dans mon histoire. Mais à vrai dire, je pensais que du fait qu'ils n'étaient tous deux pas du même milieu, Yukimura aurait déjà pas mal galéré à trouver son frangin dans la ville qu'est Kyôto, et de fait, il ne se serait mis qu'à le surveiller à partir de son adolescence (ce que je n'ai pas précisé, c'est vrai). Ensuite, il n'aurait pas passé le plus clair de son temps à le filer, pour sûr.

Concernant le fait que je n'ai pas suffisamment décrit la façon dont il considère Hebichi dans les deux années qui suivent leur première rencontre, c'est notamment parce que dans ma tête, je me disais que Yukimura se contentait tout juste de se méfier de ce dernier, sans pour autant chercher à le menacer davantage, songeant qu'à la suite de plus de menaces, Hebichi pourrait très bien faire part de ses magouilles aux autres. °° Et donc, il se serait montré prudent à son égard, se contentant tout juste de le surveiller de loin.

Quant à l'âge qu'il a quant il se fait abandonné... Je pense qu'il était encore assez jeune, n'étant pas habitué à ce cruel manque de liberté, et se montrant toujours plus ou moins méprisant à l'égard de son père. x) Donc, sûrement dans sa première ou deuxième année vampirique. Puis après, comme l'a dit Hebichi, on peut raccourcir à une semaine de supplice. Et pour l'étanchement de la soif, n'étant pas encore capable de s'en prendre à des humains, surtout en état de faiblesse, éventuellement se contenter de sang d'animal ?

Sur ce, s'il y a des modifications à faire au niveau de l'histoire après ces explications, je suis tout ouïe. ^^

Oui, ses parents adoptifs songeront que leur fils est décédé, du fait qu'ils ne savaient pas qu'il avait un frère jumeau, et du fait que Yukimura leur avait laisser une lettre d'adieu.

En tout cas, merci pour la validation, et désolée pour la gêne occasionnée. '^^
Et oui, je vais aller poster la fiche avec Yu Hee.