C'est la fin de Requiem. Merci de prendre en compte le sujet dans les news.
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le ...
Voir le deal

 

 In search of tranquility ♦ Kuromiya Sensui

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage


Anonymous


Invité

☩ Invité ☩

MessageSujet: In search of tranquility ♦ Kuromiya Sensui   In search of tranquility  ♦ Kuromiya Sensui Icon_minitime1Mar 17 Avr - 22:41




12 octobre 2011
20h12


    Un long frisson parcouru l'échine de la norvégienne, avant qu'elle ne réajuste son perfecto, serrant un peu plus le col contre sa gorge. Il ne faisait pas vraiment froid, du moins pas pour la scandinave qui était habituée à un climat rude, mais ce petit vent frais d'octobre avait tout de même réussi à lui arracher un léger tremblement. Vêtue de leggings noir et de bottines à talons hauts en cuir, elle n'avait sous son blouson noir qu'une tunique écrue mêlant soie et dentelle. Ses cheveux blonds étaient comme à leur habitude lâchés dans son dos, ondulants au grès du vent. Elle avait en bandoulière un sac en cuir camel contenant quelques affaires de cours et son petit carnet qu'elle ne quittait jamais. Ses cours à l'université des arts s'étaient finis relativement tard dans l'après midi, mais elle était resté plus longtemps pour s'exercer sur un des magnifiques piano à queue de l'université. Quel plaisir tout de même de pouvoir jouer sur de tels instruments ! Cela n'avait rien à voir avec ce petit piano acoustique qu'elle avait réussi à se dégoter à un prix relativement correct. Elle avait eut regret à revendre son ancien piano en Norvège, d'autant plus que celui qu'elle venait de trouver ne le valait à son goût pas du tout. Enfin, de toute manière, au vu de ses moyens actuels et son logement, elle pouvait difficilement espérer mieux. La vie était chère ici, et la bourse qu'elle avait obtenu ne couvrait que finalement peu de frais. Les goûts de luxe de la jeune femme allaient donc devoir se tempérer encore quelques temps. Naitre d'une famille si riche et si aisée pour se retrouver à vivre dans cette galère étudiante typique, c'était tout de même un comble. Cependant, même si elle avait pu profiter de l'argent de sa famille ou de qui que ce soit d'autre, elle ne l'aurait pas fait, tenant aujourd'hui bien trop à rester complètement indépendante et sans rien devoir à personne.

    Cela ne faisait que quelques jours qu'elle était arrivée dans la capitale nippone. Elle s'était trouvée bien vite un appartement, qui n'avait d'ailleurs comme seul et unique avantage d'être situé près de son université. C'était tout de même un avantage de taille, il ne fallait pas le nier. Petit et mal éclairé, il possédait une atmosphère légèrement oppressante, que Lena avait déjà du mal à supporter. Autrement dit, elle comptait bien n'y passer qu'un temps limiter. Heureusement, il était situé dans un des quartiers les plus agréable de Tokyo selon la jeune femme. Pourtant, elle avait la ville toute entière à redécouvrir. D'ailleurs, l'avait-elle seulement véritablement connue autrefois ? Elle n'y était passé en vérité que quelques fois en visiteur, mais elle n'avait pas oublié ses lumières, son agitation, ce fourmillement de vies impressionnant mais épuisant. D'ailleurs, il ne lui avait pas fallu longtemps pour se perdre. Et elle le savait, elle devrait encore se promener longtemps avec ses plans, telle une touriste. D'autant plus qu'elle n'avait aucun contact ici, ayant quitté le pays bien trop tôt pour cela. C'était donc un peu perturbant pour elle de se retrouver plongée ainsi dans cette ville dont elle ne gardait que de vagues souvenirs. Au moins, elle avait déjà eu confirmation de sa très bonne maitrise de la langue, c'était déjà ça. Malgré son accent nordique quelque peu particulier, elle arrivait à se faire comprendre, et jusqu'ici comprenait aussi très bien ce qu'on lui disait.

    Ce retour dans son pays natal restait éprouvant, elle devait bien l'avouer. Le décalage horaire y était pour beaucoup, mais ce n'était pas la seule cause. Oslo n'était qu'une petite bourgade à côté de Tokyo ! Cette ville avait un tout autre rythme, une atmosphère bien plus étouffante. Alors c'était d'autant plus agréable de venir flâner le long de cet étang. La nuit était déjà tombée depuis longtemps, et il n'y avait pas grand monde sur la berge. L'endroit était donc calme et reposant, c'était le lieu idéal pour se ressourcer. Lena ne savait pas encore combien de temps elle allait rester à vaguer ici, mais elle n'avait pas spécialement hâte de rentrer à l'appartement. D'autant plus que le ciel était plutôt bien dégagé et permettait d'observer à loisir les étoiles, c'était un spectacle dont il fallait profiter.

    Alors qu'elle marchait depuis peut être une vingtaine de minutes, la jeune femme s'arrêta et alla s'assoir sur un banc en bordure de l'eau. Elle décrocha son sac et le posa à côté d'elle, avant de poser ses pieds sur le banc et de se coucher sur le dos, la tête posée sur son sac. Les yeux rivés vers le ciel, elle se plongea alors dans ses pensées et dans de biens lointains souvenirs. Elle était enfin revenue sur cette terre qui l'avait vu naitre et grandir, mais dont elle avait pourtant la sensation de ne rien connaître. Avait-elle eu raison de venir étudier ici ? Qu'est ce que cette ville avait à lui apporter ? Pour l'instant, il était encore bien trop tôt pour qu'elle puisse envisager la moindre réponse. Elle venait ici prendre un nouveau départ, et pour le moment le sentiment qui l'animait le plus était sans doute la curiosité, même si au fond d'elle l'incertitude était présente. Tant de choses se mélangeaient dans son esprit. Entre les espoirs, les craintes, les souvenirs réels ou falsifiés par l'inconscient, elle avait bien du mal à s'y retrouver. Laissant échapper un long soupire, Lena essaya tant bien que mal de faire le vide dans son esprit. Elle réfléchissait trop, mais c'était plus fort qu'elle. Après tout, rien ne la retenait en Norvège, et elle avait toujours voulu quitter ce pays. Elle n'avait donc aucun regrets à avoir.

    Mais revenir dans un pays source de profondes blessures était-il réellement une bonne idée ? Lena avait beau essayer de voiler cette vérité dans ses pensées, elle ne pouvait pas non plus complètement y échapper. Le Japon était en effet en partie synonyme de tragédie pour la jeune scandinave, même si elle se forçait à ne pas se focaliser là dessus. Pour elle, ce devait être avant tout le pays de son enfance, sans doute son plus grand trésor. Un trésor fait de pièces peut être étranges pour certains, mais cela restait quelque chose de très précieux pour la jeune femme. Ainsi, c'était avant tout par nostalgie qu'elle était revenue ici. Et puis, elle le savait, ce pays avait charmé sa mère autrefois, pourquoi n'en serait-il pas autant pour elle aujourd'hui ? Enfin, de toute manière, elle n'était pas condamné à rester ici jusqu'aux restants de ses jours, et elle pouvait très bien repartir étudier à l'autre bout du monde encore une fois d'ici un ou deux ans. Mais cela l'attristerait tout de même, de ne pas réussir à trouver sa place ici. Elle ne pouvait tout de même pas éternellement fuir, à la recherche de quelque chose qu'elle même ne pouvait pas définir. Le problème venait bien de là, Lena ne savait pas vraiment ce qu'elle cherchait, une sorte d'utopie indiffinie. Et à force de vivre dans des illusions, elle ne serait jamais satisfaite, elle le savait bien.

    Se contenter de ce triste monde, de ces visages tous les jours plus ternes et plus fades à ses yeux, elle ne pourrait pas y échapper. Se contenter de ce monde oui.. Bien difficile pour l'artiste rêveuse que Lena était. La musique était un puissant moyen d'évasion, mais il n'était qu'éphémère. Bien vite, la réalité et les vieux tourments refoulés venaient lui clouer à nouveau les pieds au sol. C'était une des dures lois de l'existence humaine que la jeune femme avait bien du mal encore à accepter. Était-elle condamnée à vivre en éternelle insatisfaite ? Sans doute, et quand elle y songeait cela la désolait réellement. Mais en ce début de soirée, elle tentait de laisser ses sombres pensées s'envoler au milieu des étoiles, se laissant bercer par le bruit de l'eau qui se mouvait doucement sous le vent. Avant de se tourmenter davantage, il fallait qu'elle se laisse un peu emmener par le flot de cette ville, qu'elle ouvre un œil nouveau et curieux sur ce qui l'entourait. Elle n'était pas ici pour se laisser tristement aller à ses rêveries et à son habituel désintérêt, bien au contraire. Elle venait ici pour prendre un nouveau départ, elle ne souhaitait donc pas se laisser aller au pessimisme.

    Lena se redressa alors, et sortit de son sac son petit carnet et un crayon à papier. Elle jeta un coup d'œil à un début de partition qu'elle était en train de composer depuis son arrivée dans la capitale japonaise, et y ajouta quelques modifications qu'elle allait travailler plus tard sur son piano. Murmurant quelques notes pour vérifier la justesse de ses ajouts, elle ne se souciait absolument pas de savoir s'il y avait quelqu'un dans les environs pouvant l'entendre ou non. Elle était complètement absorbée par cette mélodie qu'elle était en train de travailler. Enfin, tout de même, elle n'avait pas choisit l'instrument le plus évident à travailler. Le violoniste par exemple, avait lui tout le loisir de retravailler ses morceaux où bon lui semblait, ou presque. Enfin, Lena se risquait tout de mêmes à quelques modifications, qu'elle comptait bien travailler dès ce soir. D'ailleurs, elle était capable d'y passer la nuit s'il le fallait. Mais bon, elle savait qu'il fallait qu'elle se discipline au moins pendant encore quelques semaines afin de s'adapter complètement à ce lourd décalage horaire. Seulement, quand elle se plongeait dans une composition, elle pouvait y passer des heures sans même s'en rendre compte. A cet instant même, alors qu'elle mettait en musique ses quelques griffonnages à l'aide de sa voix, le monde autour d'elle semblait disparaître, une bulle invisible venant l'enfermer et la couper du reste du monde.


Revenir en haut Aller en bas


Kuromiya Sensui


Kuromiya Sensui

☩ ☩

Âge : 819. Mort à 34 ans. A l'air d'en faire 20...
Allégeance : La sienne
Messages : 5841
Pseudo : MyPandaa
Avatar : Mao [SID]
MessageSujet: Re: In search of tranquility ♦ Kuromiya Sensui   In search of tranquility  ♦ Kuromiya Sensui Icon_minitime1Jeu 19 Avr - 12:35


Spoiler:



Ca avait été si facile, encore une fois, que s’en était presque lassant. La nuit était tombée, drapant Tôkyô d’obscurité et Sensui avait déambulé, pantin nocturne ayant déjà arpenté ces mêmes chemins des dizaines, des centaines et sans doute même des milliers de fois. Son regard métis s’était posé avec peu d’intérêt et pourtant attention sur les différentes âmes qui tout comme lui, avaient quittées leur domicile pour se retrouver ainsi à errer près de l’étang, pas goût, envie ou par nécessité.

Il y avait ces hommes d’affaires qui restés tard au bureau coupaient par cet endroit, marchant droit sans se rendre compte de tout ce qui faisait le monde autour d’eux. La jeunesse insouciante qui avait été acheter quelques packs de bière histoire de se tenir chaud sur les berges ou les êtres là sans qu’on ne devine la raison qui les poussait à exister en dehors d’une routine qu’on leur imaginait facilement, sans qu’elle ne reflète forcément la réalité.

C’était la faim, pour sa part, qui l’avait obligé à quitter le Bloody Sunday pour se trouver une proie de choix et d’ordinaire, Sensui repérait ces dernières plusieurs jours à l’avance, les observant parfois et se plaisant à les caresser du regard avant qu’une nuit, il ne le fasse de ses mains, de ses lèvres et surtout de ses crocs.

Mais ce soir, Sensui était d’une humeur légèrement morose et avant de quitter le Bloody Sunday, le vieux vampire avait fait résonner sur un volume poussif un vieux morceau de classique qui avait probablement même pu s’entendre depuis la salle, à l’étage inférieur de celui de ses appartements. Il était resté assit plusieurs heures dans un fauteuil confortable à ne rien faire, les yeux fermés et la musique assourdissant son ouïe fine. Seijûrô était probablement sortit au milieu de cette petite séance musicale en solitaire, le connaissant sans doute bien assez pour savoir que le déranger à ce moment là aurait été une erreur.

Qu’est ce qui le rendait mélancolique ? Tout, et peut être rien. Un bâton d’encens posé sur son bureau mélangeait son parfum épicé aux senteurs délicates d’une orchidée en pot et peut être que finalement, cette expérience olfactive le plongeait dans ce même état que l’avait été Proust avec sa Madeleine.

Sensui avait songé au Lotus blanc. A ce qu’il était à présent mais surtout, à ce qu’il fut. Il avait encore en mémoire le bruit des tissus froissés, ceux des instruments et cette odeur qui venait du jardin, mélange –justement- d’épices et d’orchidées fleuris.

C’est peut être pour ça qu’il s’était naturellement dirigé vers lui. Mais l’endroit avait beaucoup changé et le Lotus Blanc était à présent « l’Hanamachi du Lotus ». C’était presque tout un quartier voué à ces geishas souvent encore très belle et Sensui aimait parfois y marcher, simplement pour observer ces colonnes derrières lesquelles de jolies femmes faisaient un peu de façon aux hommes de passage. Mais elles ne se vendaient plus tant à présent et cherchaient plutôt un protecteur.

C’est dans ces mêmes conditions que le vampire avait trouvé celui dont il ferait sa proie. Un être humain fragile qui n’était pas comme tous les autres ce soir et qui s’était perdu d’amour pour une de ces fleurs qu’il n’aurait jamais les moyens de cueillir. Sensui n’avait pas eu trop de mal à déployer les charmes qu’il savait posséder non seulement de sa condition humaine mais aussi beaucoup vampirique. Bien sûr, on ne fait pas oublier à un cœur qu’il en aime un autre mais les chagrins de ceux-ci les rendent toujours plus facile à caresser du bout des doigts.

Il s’était laissé entraîner et s’était même penché de lui-même pour recevoir un baiser sur la ligne de son cou qu’il imaginait probablement moins mortel qu’en vérité. Le sang avait glissé entre les lèvres pleines de Sensui, ravivant ses papilles mortes et créant un petit frisson d’extase le long de son échine. L’humain lui-même avait frissonné de concert, sensible à cet effet euphorisant que procurait la morsure. Il était venu se lover plus étroitement dans l’étreinte plus solide qu’elle n’y paraissait de Sensui et s’était ainsi complètement abandonné à lui.

Peut être que pendant ces quelques minutes où le sang avait envahit sa gorge, Sensui avait eu en tête ce morceau de classique encore et la nostalgie avait été plus grande encore. La vie avait quitté le petit humain, son corps s’était affaissé et Sensui l’avait ainsi laissé étendu non loin. Il n’était pas le genre de vampire à s’encombrer des cadavres et de leur disparition alors il avait simplement appelé qui il fallait pour être débarrassé et une fois son appétit contenté, Sensui avait ainsi prit par les rives de l’étang de Shinobazu qu’il connaissait bien même si là encore, tout avait changé.

C’est ainsi qu’il était arrivé non loin d’un banc, de son pas silencieux qui n’aurait pas effrayé le plus farouche des petits animaux.

Une femme était étendue là. Vivante il en était sûr puisqu’en tendant bien l’oreille, à cette distance, Sensui pouvait entendre son cœur qui battait, de façon quasi mélodieuse. Elle n’avait pas tardé à se redresser en position assise et une flopée de cheveux blonds avait auréolé un instant son visage. Mais lui, c’était seulement de son profil qu’il pouvait à présent profiter. Assurément celui d’une caucasienne, elle avait les traits fins, un teint de porcelaine qu’il n’avait ceci dit pas à lui envier et des pommettes hautes. Ses cheveux laissés libres s’emmêlaient un peu par poignée, formant comme un halot dorée autour de sa tête et de ses lèvres délicates sortait en farandoles quelques notes de musique.

Définitivement, la jeune femme était belle. Et jeune oui. Visiblement, être seule à cette heure où la nuit était déjà tombée ne l’effrayait pas et elle ne semblait pas encore décidée à s’en retourner. Yeux rivé sur un calepin, crayon en main, elle semblait toute absorbée par sa tâche et Sensui était resté un long moment silencieux, simplement là, à observer cette petite fée du lac sortit de son eau pour offrir une vue un rien surréaliste aux passants tardifs.

Finalement, après avoir songé à l’éventualité de faire demi-tour, n’ayant généralement pas l’envie de sociabiliser, Sensui s’était approché. Peut être que c’était le sang qui courrait à présent dans ses veines desséchées ou la nostalgie de sa soirée qui l’avait poussé… Toujours est-il que Sen avait finit par venir se poser de l’autre côté du banc, le dos droit, le regard posé à la surface d’une eau trop calme.

Forcément, il l’avait interrompu et tournant un instant un regard vers elle, Sensui eu tôt fait de lui assuré :

◈ Vous pouvez continuer. Je ne suis pas venu pour vous déranger.

Peut être juste pour profiter de la voix fluette que possédait la jeune femme. Au fond, à la voir isolée et pourtant à l’aise, il avait sentit comme un reflet entre eux. De loin peut être… Mais il était là et sans doute que cette nuit, ça suffisait.

Finalement néanmoins, se doutant qu’elle ne reprendrait pas, troublé dans sa quiétude par son arrivée, Sensui demande :

◈ Vous composez ? Je suis amateur de musique classique et à vous entendre, ça y ressemblait.

Enfin, puisque de toute évidence, la demoiselle n’était pas japonaise, il demande dans un anglais soigné :

◈ Vous parlez japonais ?



Revenir en haut Aller en bas


Anonymous


Invité

☩ Invité ☩

MessageSujet: Re: In search of tranquility ♦ Kuromiya Sensui   In search of tranquility  ♦ Kuromiya Sensui Icon_minitime1Ven 20 Avr - 12:32


    Spoiler:


    Lena était complètement absorbée par son morceau, et ne prêta donc pas du tout attention à l'inconnu qui s'était rapproché d'elle. Elle eut donc un vif sursaut en sentant quelqu'un s'assoir à l'autre bout du banc, et laissa même glisser de ses doigts son crayon. Quelque peu stupéfaite, elle observa du coin de l'œil cet inconnu qui venait la troubler dans ses occupations musicales. L'homme avait le regard tourné vers l'eau, et ne semblait absolument pas se soucier de la jeune femme. Son allure n'était pas ordinaire, et à vrai dire il lui donnait l'impression de sortir d'un vieux film, tel un spectre du passé. Intriguée, Lena tenta de le scruter le plus discrètement possible à travers quelques mèches blondes. Son regard s'arrêta alors un instant sur le visage de l'inconnu avant de se diriger à nouveau brusquement vers son calepin, la jeune femme étant en effet quelque peu gênée et ne souhaitant pas paraître malpolie. Elle avait tout de même retenu de sa brève observation les grands yeux sombres de l'inconnu, trop grands pour ne pas être le résultat d'un débridage ou peut être même d'un métissage. Son regard lui avait semblé dégager une sorte de spleen, de nostalgie peut être. Oui définitivement, cet inconnu avait de quoi susciter l'intérêt de la musicienne, qui faisait pourtant mine de se replonger dans sa partition, comme si cette présence ne lui avait causé le moindre trouble.

    «  Vous pouvez continuer. Je ne suis pas venu pour vous déranger. »  

    Lena avait alors relevé son regard vers l'inconnu, légèrement décontenancé. Croyez t-il réellement qu'elle allait pouvoir simplement ignorer sa présence à ses côtés et reprendre son activité ? Il était vrai que la jeune femme était plutôt douée pour se couper du monde et s'enfermer dans sa bulle, mais là tout de même cela lui paraissait quelque peu délicat. D'autant plus qu'elle ne s'attendait absolument pas à être dérangée, et se demandait bien ce que venait faire ce jeune homme. Oui car pour Lena, il ne s'agissait pas de quelqu'un de bien vieux, bien qu'elle lui aurait difficilement donner un âge précis. Peut être n'avait-il pas eu l'intention de la déranger, mais c'était pourtant ce qu'il avait fait. Oh mais la jeune femme n'était pas contrariée, elle était seulement très étonnée. Ainsi, elle demeura silencieuse et immobile, les mains posées sur son calepin.

    «  Vous composez ? Je suis amateur de musique classique et à vous entendre, ça y ressemblait. »

    Alors finalement, il voulait entamer la discussion ? C'était certainement le comportement le moins surprenant, et cela rendait tout de suite la situation moins étrange. Cependant, cela ne mettait pas pour autant la jeune femme plus à l'aise. Lena n'était pas à la base quelqu'un de timide, seulement elle avait peu l'habitude qu'on vienne à sa rencontre. Ainsi, elle était toujours très surprise quand on venait l'aborder, et se montrait parfois un peu maladroite. De son côté, elle ne cherchait pas non plus à aller à la rencontre d'autrui, ou du moins très rarement, ce qui n'arrangeait rien. Simplement, elle ne voyait que rarement l'intérêt de se donner ce mal, trouvant la plupart des gens terriblement inintéressants et se sentant profondément en décalage avec eux. Cela pouvait la faire passer pour une personne particulièrement hautaine, pourtant la vérité était quelque peu différente. Mais il est tellement plus facile de réduire une personne à quelques traits grossiers plutôt que d'aller chercher toutes ses nuances.. C'est en tout cas le comportement le plus habituel. Alors peu importe qu'on lui jette un regard réducteur, cela ne valait pour la jeune femme pas la peine d'y prêter la moindre attention.

    «  Vous parlez japonais ? »  

    Lena se sentit alors vraiment idiote de ne pas avoir su répondre immédiatement à la question de son interlocuteur. Voilà qu'il en venait à se demander si elle parlait japonais .. D'ailleurs, la jeune femme avait aussi relevé ce nouveau détail; l'inconnu maitrisait bien l'anglais, cela s'entendait de part sa prononciation très soignée. Tout de même, ce n'était pas comme si c'était quelque chose de très répandu chez les japonais. De toute manière, Lena avait bien noté qu'elle n'avait pas à faire à n'importe qui, et c'était tant mieux. Bon, inutile de se rendre davantage ridicule, il était temps pour la jeune femme de se montrer un minimum bavarde. Ce fut donc dans un japonais lui aussi très soigné qu'elle lui répondit, bien que son accent scandinave soit fortement présent :

    «  Excusez moi de ne pas avoir su vous répondre plus promptement .. Je dois avouer que vous m'avez quelque peu surprise. »

    Elle avait prononcé ces quelques explications d'une voix posée, un sourire quelque peu gênée s'étant dessinées sur ses lèvres rosées.

    «  Je parle en effet le japonais.. Cependant, je crois que je vais avoir besoin d'un petit temps d'adaptation.. Cela ne fait que quelques jours que je suis au Japon. »

    Entre la théorie et la pratique, il y avait en effet un grand fossé. Bien qu'elle ait parlé cette langue durant une importante partie de son enfance et qu'elle ait reprit assidument des cours, il lui fallait parfois un peu de temps pour bien comprendre ce qu'elle entendait ou pour trouver ses mots. Son accent n'était en général pas gênant et Lena essayait d'articuler le mieux possible. Enfin, ceci dit, elle n'avait pas encore eu beaucoup d'occasions de vérifier sa maitrise de la langue, ses échanges ayant été pour l'instant plutôt formels.

    « Je compose oui, mais même si mon registre de prédilection est le classique je ne m'exclue pas d'autres directions musicales. Ce que vous avez entendu n'est qu'une petite mélodie en construction, je ne sais pas encore exactement ce que je vais en faire... »

    Entendre autant de mots venant de la jeune femme, c'était assez rare. Mais Lena n'était pas impolie, et cela aurait été bien peu aimable de ne pas formuler de réponses construites à son interlocuteur. D'autant plus que s'il s'agissait de parler de musique, la jeune femme était tout à fait disposée au dialogue. En vérité, bien qu'habituellement peu bavarde, Lena était ouverte à toute sorte de discussion, l'important était seulement que la personne souhaitant s'adresser à elle soit capable d'éveiller son attention. Ce qui, il fallait bien l'avouer, n'était pas une toujours très aisé. Heureusement pour son interlocuteur de ce soir, Lena ne comptait absolument pas l'ignorer. Sa curiosité avait été éveillée, et elle devait avouer qu'il avait une présence difficile à ignorer, à la fois intrigante mais attrayante.

    «  Je suis pianiste, je chante aussi un peu mais .. Disons que cela est assez anecdotique.. » 

    Pourtant, Lena n'avait pas une voix désagréable, bien au contraire même. Seulement, elle n'aimait pas vraiment se définir comme chanteuse, trouvant que cela lui donnait un air tout de suite moins sérieux, moins noble. Elle ne chantait rien de très savant, et c'était encore quelque chose d'intime pour la jeune femme. Songeant alors qu'elle ne connaissait toujours pas l'identité de son mystérieux interlocuteur, Lena décida d'entamer les présentations, courbant alors légèrement la tête, se sentant plutôt maladroite :

    «Euh.. je me nomme Iversen Lena, enchantée de pouvoir tenir compagnie à un autre vagabond nocturne. »

    Elle esquissa un nouveau sourire, bien plus assuré que le premier. Pour une fois que l'on venait s'intéresser un peu à elle, autant se montrer le plus affable possible. Et quand elle s'en donnait la peine, Lena pouvait être d'une compagnie des plus agréables.




Dernière édition par Iversen Lena le Dim 6 Mai - 14:52, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas


Kuromiya Sensui


Kuromiya Sensui

☩ ☩

Âge : 819. Mort à 34 ans. A l'air d'en faire 20...
Allégeance : La sienne
Messages : 5841
Pseudo : MyPandaa
Avatar : Mao [SID]
MessageSujet: Re: In search of tranquility ♦ Kuromiya Sensui   In search of tranquility  ♦ Kuromiya Sensui Icon_minitime1Jeu 26 Avr - 13:39




Elle était d’abord restée muette, petite poupée de chiffon figée dans la surprise, l’observant de ses grands yeux clairs. On disait souvent que les vampires avaient une beauté qui tenait plus souvent de l’attraction inexpliquée. Certains humains la possédaient aussi, quoi que ce genre d’affirmation soit sans aucun doute subjective. Mais présentement, Sensui aimait ce qu’il voyait de la jeune femme. Elle semblait douce, délicate et possédait cette fragilité humaine qu’il méprisait la plupart du temps mais pour laquelle ce soir il se posait.

Ses yeux de biche étaient posés sur lui, tentant probablement de faire le point sur la situation tandis qu’il semblait être sortit de nulle part mais le vampire ne s’y était pas arrêté. Le fond de l’air était frais même si après s’être sustenté Sensui ne le sentait qu’à peine sans en ressentir une réelle gêne et quittant à nouveau le joli visage de la jeune femme, il en était revenu à sa contemplation de l’eau calme.

Le spectacle était joli quoi que pour n’importe qui de moins bonne humeur il aurait pu paraître inquiétant. Les eaux de l’étang Shinobazu étaient troubles naturellement alors en pleine nuit, l’opacité n’était même plus. Ne restant qu’une étendue noire qui finalement aurait aussi bien pu être d’eau que de sang. Sans doute un fantasme inavoué de vampire que de se faire ce genre de réflexion…

◈ Excusez-moi de ne pas avoir su vous répondre plus promptement... Je dois avouer que vous m'avez quelque peu surprise.

Elle parlait donc bel et bien japonais quoi que l’accent qui paraissait en dessous soit très prononcé. La jeune femme articulait néanmoins avec beaucoup d’application et se comprendre n’était donc pas une épreuve, ce qui évitait un quelconque malaise. Tout du moins de son côté puisqu’il s’agissait de sa langue natale. Pour la demoiselle… Ce serait sûrement autre chose… Et pas la peine pour Sensui d’essayer de converser avec elle dans sa langue. Non seulement il n’avait pas reconnu son accent mais en plus, malgré les siècles, il n’était pas un polyglotte avertit. Tout au plus maîtrisait-il le japonais, l’anglais et le chinois. Ce n’était pas si mal vu comme ça mais en huit siècles passés, ça faisait triste mine…

Ho, il avait quelques notions dans d’autres langues évidemment. Mais ça tenait plutôt de la connaissance de quelques mots clefs ou expressions faciles que d’une réelle compréhension. De toute façon, si Sensui avait bien noté une chose c’est que les langues peuvent mourir… Et que celles dites « vivantes » n’en finissent plus d’évoluer. Il n’avait sûrement pas que ça à faire que de se plonger dans l’apprentissage infini de langues dont il n’avait finalement jamais l’usage.

◈ Je parle en effet le japonais... Cependant, je crois que je vais avoir besoin d'un petit temps d'adaptation... Cela ne fait que quelques jours que je suis au Japon.

Sensui acquiesce, notifiant ainsi qu’il avait bien comprit. Aussi, lui-même userait d’un japonais probablement un petit peu moins poussé que ce à quoi il était habitué. Seijûrô lui signalait parfois qu’il avait encore des tournures de phrase d’une autre époque et lorsqu’il devait rédiger quelque chose pour le Bloody Sunday, son fils passait généralement en arrière pour « corriger » quelques kanji dont la norme avait été révisée et même en enlever quelques uns histoire que son texte soit lisible. Pourtant, de son aveux même, Seijûrô aimait à lire un texte dont il était l’auteur, non seulement pour l’application de son écriture –dût à une formation lorsqu’il était humain essentiellement puis entretenue et améliorée durant les siècles- mais aussi pour sa complexité. Sauf que comme il disait « le monde moderne n’était plus préparé à ça ». C’était dommage… Mais encore une fois, il devait avoir l’air d’un vieux aigrit à penser encore, et encore, et encore quelque chose qui pouvait ressembler à « c’était mieux avant ».

Quoi qu’il en soit, la jolie blonde le sort de ses pensées en reprenant la parole et son attention toute entière se repose alors sur elle.

◈ Je compose oui, mais même si mon registre de prédilection est le classique je ne m'exclue pas d'autres directions musicales. Ce que vous avez entendu n'est qu'une petite mélodie en construction, je ne sais pas encore exactement ce que je vais en faire...

A nouveau le vampire acquiesce, silencieux, attentif mais pas non plus subjugué. Il aimait la musique. Et par « musique » il entendait là quelque chose de mélodieux. Autant dire que depuis un moment déjà, Sensui peinait à trouver quelque chose de « moderne » à son goût. Il était encore dans le vieux Japon avec les joies du shamisen, du koto, kokyû, yokobue ou autre taiko. Enfin là il s’égarait un peu pour le coup…

Le regard de Sensui en revient donc à la jeune femme à ses côtés qui ne semble décidément pas farouche, conversant avec lui, ne prenant pas de recule… Certes, il était loin d’avoir l’air très menaçant sans doute… Mais il y avait aussi dans le regard bleu/gris cette part de curiosité que Sensui se doutait lui être destinée.

◈ Je suis pianiste, je chante aussi un peu mais... Disons que cela est assez anecdotique…

Il y a un petit instant de silence pendant lequel les yeux du vampire vont jusqu’aux mains fines. Elles n’étaient pas si longues qu’il les aurait imaginé, mais délicates et sans aucun doute très habiles dans la pratique de l’instrument.

◈ Vous avez une voix douce, ça ne m’étonne pas tellement. C’est votre métier ? Le piano s’entend.

Et tout comme dans la foulée, la demoiselle se présente à lui sous un nom bien difficile à prononcer pour le japonais qu’il était mais au prénom en revanche tout à fait prononçable, il s’incline poliment à son tour avant de se présenter :

◈ Kuromiya Sensui. C’est moi qui suis enchanté.

Le silence se fait à nouveau. Pourtant, de son point de vue en tout cas, il n’est pas désagréable ni inconfortable. Peut être simplement parce qu’ils semblaient l’un comme l’autre n’être pas de grands amateurs de longs discours. Néanmoins, parce qu’ils n’étaient pas non plus là pour se regarder dans le blanc des yeux ou s’ignorer après avoir commencé à bavarder un peu, il reprend :

◈ Je sais que Tôkyô n’est pas très dangereuse, surtout comparativement à d’autres pays plus occidentaux, mais ce n’est pas très prudent que d’être ici toute seule, vous ne trouvez pas ?

Et il savait de quoi il parlait ! Après tout, s’il n’avait pas encore mangé, Lena aurait fait une victime très convenable pour lui ! Il était difficile au moment de se nourrir. Il aimait les jolies choses délicates en général et Lena était parfaitement dans cette veine là, sans mauvais jeu de mots.

Sensui lève finalement le nez vers le ciel. Il ne semble pas menaçant mais nuageux malgré tout et la pollution atmosphérique tout autant que lumineuse ne permet pas de distinguer la moindre étoile, malheureusement. La lune elle-même semble presque invisible.

◈ Et vous allez bientôt avoir froid, si ce n’est pas encore le cas.

Puis il en revient finalement à la jeune femme, lui rendant un sourire même s’il est assez bref. Passant une main dans la poche intérieure de sa veste, Sensui en retire une des jolies cartes du Bloody Sunday pour la lui tendre, réflexe sans aucun doute typiquement nippon, mais soit.

◈ Je travail à cet endroit. C’est un bar à alcool dans Shinjuku.

Il laisse la carte à Lena, se faisant encore un peu pensif avant de poursuivre, peut être un rien bavard ce soir, la faute à son dernier repas peut être ou à la morosité qui s’était emparé de lui et qui s’étiolait un peu à être en compagnie de la blonde demoiselle.

◈ Si je peux être curieux… Pourquoi le Japon ?

Pourquoi pas ailleurs ? Leur petit archipel était minuscule après tout… Certes, pour une musicienne, le fait que le Japon était le second plus gros exportateur de musique après les USA devait certainement être un bon argument mais sortit de ça… Pourquoi pas les USA et pas le Japon de fait ? La question se posait peut être. Et puis bon… Sensui était donc de la vieille école et bien que lui-même métis, il avait toujours ce léger mépris pour l’étranger qui venaient des périodes les moins fastes du Japon et auxquelles il avait assisté.

◈ En tout cas, en quelques jours, vous avez trouvé l’un des endroits les plus paisibles de la ville, en tout cas à cette heure-ci.

Mais pas toujours les moins dangereux…



Revenir en haut Aller en bas


Anonymous


Invité

☩ Invité ☩

MessageSujet: Re: In search of tranquility ♦ Kuromiya Sensui   In search of tranquility  ♦ Kuromiya Sensui Icon_minitime1Lun 30 Avr - 14:06



    Lena était sans doute plutôt difficile à cerner par rapport à ses rapports aux autres. Elle pouvait changer complètement d'attitude selon son humeur et la personne qu'elle avait en face d'elle, ce qui la rendait plutôt incertaine. Quand on l'importunait, elle n'hésitait pas à le faire sentir, et dans ce cas mieux valait passer son chemin. Obtenir l'intérêt et l'amabilité de la jeune femme était aussi peu aisé qu'imprévisible. Difficile en effet de savoir quels étaient les critères d'intérêt de la norvégienne, sur quoi elle se basait pour décider si elle devait vous porter un peu de son attention ou non. Elle possédait depuis longtemps un certain mépris des autres, qu'elle avait tout de même réussit à atténuer un peu ces dernières années. Son amertume lui collait cependant toujours à la peau et la forçait à garder de la distance. Pourtant, parfois, elle ressentait l'envie de sortir un peu de sa carapace de glace. Cependant, elle n'avait jamais été douée dans ses rapports avec les autres, et pouvait se montrer quelque peu malhabile. Ce n'était pourtant pas de sa faute, on ne lui avait jamais vraiment apprit à se sociabiliser. C'était déjà étonnant qu'elle puisse se montrer aussi bavarde que ce soir par exemple, avec un parfait inconnu.

    La jeune femme pouvait sembler complètement incohérente dans ses rapports sociaux. Bien qu'elle soit habituellement difficile d'accès, converser avec un parfait inconnu la nuit tombée ne semblait pas vraiment la troubler. Cela pouvait la rendre un peu étrange, et elle l'était certainement. Lena n'avait sans doute pas le même mode de pensée que la plupart des gens, son rapport à autrui était certainement peu conventionnel, plus instinctif que réfléchi. Peu lui importait ce qu'on pouvait bien en penser, Lena ne s'était jamais vraiment soucié de ce que l'on pouvait penser d'elle. Elle savait pourtant comment faire bonne impression, et n'avait aucune difficulté à jouer un rôle quand il le fallait. Les gens ont souvent tendance à ne pas voir plus loin que le bout de leur nez, ce n'est donc pas bien difficile de les berner avec quelques sourires et faux semblants..

    « Vous avez une voix douce, ça ne m’étonne pas tellement. C’est votre métier ? Le piano s’entend. »

    La jeune femme esquisse un sourire et répond alors à la question de son interlocuteur :

    « Merci.. Mais pour l'instant je ne suis qu'étudiante, à l'Université des Arts. »

    Elle comptait devenir ensuite compositrice et instrumentiste. Peut être chanterait elle parfois, mais dans un registre bien moins classique. En tout cas, elle n'avait pas envie de rester cloitrer dans un registre bien précis, ce qu'elle préférait étant le mélange des genres.

    L'inconnu s'était alors à son tour présenté, avant qu'un silence ne s'installe à nouveau entre les deux êtres. Lena n'en fut pas troublée, n'étant elle même pas une grande bavarde. Certaines personnes ont tendance à trouver le silence gênant, voir pesant ou même oppressant. Ce n'était pas le cas de la jeune femme, qui préférait largement cela à des paroles futiles, prononcées uniquement pour palier au malaise produit par le silence. D'ailleurs, elle était capable de rester silencieuse relativement longtemps sans que cela ne la perturbe, étant d'un naturel songeur et reprenant rapidement de la distance si on ne récupérait pas assez rapidement son attention.

    « Je sais que Tokyo n’est pas très dangereuse, surtout comparativement à d’autres pays plus occidentaux, mais ce n’est pas très prudent que d’être ici toute seule, vous ne trouvez pas ? »

    Son interlocuteur avait donc décidé de briser ce silence, et se réaccapara alors l'attention de la jeune humaine. Elle lui adressa un franc sourire, et lui répondit avec naturel :

    « Peut être.. Après tout, je ne me suis pas posée la question. Il n'est pas encore bien tard, et je n'habite pas très loin.. Mais de toute manière, si l'on se focalise trop sur le danger, mieux vaut alors ne plus sortir de chez soi et ne plus parler à personne... Je ne compte pas vivre ainsi. »

    Elle pouvait sembler complètement imprudente, d'ailleurs elle l'était très certainement quelque peu.. Non pas qu'elle soit bêtement inconsciente du danger, seulement cela n'était pas sa préoccupation principale. Bien sur, elle n'irait jamais se balader en plein milieu de la nuit dans un endroit désert, tout de même, elle n'était pas idiote. Mais il était certain qu'elle se méfiait moins que la plupart des gens. Bien sur, elle ne pouvait pas être consciente de tous les dangers qu'elle risquait.. Mais même si elle en avait la connaissance, se comporterait-elle différemment ? Ce n'était pas certain. Lena avait toujours été plus ou moins imprudente. Comme elle le disait, trop de prudence nuisait à la liberté, à sa liberté en tout cas. Et puis, Lena l'avouait peu, mais elle avait un rapport quelque peu malsain avec le danger, et se plaisait dans certains cas à jouer les inconscientes..

    « Et vous allez bientôt avoir froid, si ce n’est pas encore le cas. »

    La scandinave lui adressa un nouveau sourire, tout aussi franc, et lui affirma immédiatement le contraire :

    « Oh non cela est peu probable croyez moi, j'ai été habitué à des températures bien plus rudes en Norvège. »

    Elle lui avait ainsi dévoilé le lointain pays dont elle venait. Bien qu'elle n'ait pas vécu dans la région la plus froide de Norvège, au contraire même, Lena était habituée à des températures relativement basses par rapport à celles que l'on pouvait enregistrer à Tokyo. Elle n'était donc pas frileuse, bien qu'elle devait avouer qu'elle aurait au moins du prendre avec elle un châle ou une écharpe. Enfin, ce n'était pas cette brise un peu trop fraiche qui allait la rendre malade tout de même, elle se contentait donc de serrer un peu plus son col contre sa gorge exposée au froid.

    L'élégant jeune homme, car c'est ainsi que Lena le voyait, lui tendit alors une jolie carte très soignée tout en lui précisant qu'il s'agissait d'un bar à alcool dans lequel il travaillait. Elle saisit délicatement l'objet, l'examinant brièvement tout en remerciant poliment son interlocuteur. Elle était peu habituée à ce genre de réflexe nippon, et se demanda si un simple serveur aurait pu avoir ce réflexe. Cependant, Lena le voyait bien mieux en temps que propriétaire, sa prestance seyant davantage à ce poste.

    « Alors j'y passerai sans doute pour avoir le plaisir de vous y retrouver. »

    Une réponse polie certes, qui pouvait paraître presque convenue mais qui n'en était pas moins spontanée et sincère. Lena avait à la base reçu une très bonne éducation, cela se sentait bien souvent dans sa manière de s'exprimer. Mais il était aussi vrai qu'elle aurait très certainement envie de sortir de temps en temps en centre ville, histoire de s'aérer un peu l'esprit, peut être même qui sait de trouver quelques fréquentations distrayantes. Elle se souviendrait donc en temps voulu de ce lieux, et y passerait très certainement.

    Le japonais se montra alors davantage bavard, ce qui était plutôt une aubaine vu que cela n'était en général pas le fort de la jeune femme, et lui demanda pourquoi elle avait choisit le Japon. Vaste question.. Le regard de la jeune femme se redirigea vers l'étang, se perdant dans l'eau trouble.

    « Eh bien … Commença alors la jeune scandinave, qui essayait de rassembler ses pensées pour formuler quelque chose le moins nébuleux possible. En vérité je suis née ici, à Tokyo même. J'ai vécu un peu à l'écart de la ville durant une grande partie de mon enfance, avant de partir en Norvège. »

    Elle marqua ainsi un temps de pause. Au fond, elle même avait encore un peu de mal à comprendre et à formuler dans son esprit toutes les raisons de son retour au Japon. C'était donc difficile de l'expliquer à quelqu'un qui en plus ne la connaissait pas et sans en dévoiler trop sur elle.

    « Je crois que .. je me suis toujours sentie un peu à part en Norvège, et je suis restée très attachée à ce pays.. C'est un peu un retour aux sources pour moi, un nouveau départ teinté de nostalgie sans doute ..
    Et puis, c'est un pays qui peut m'apporter de nombreuses opportunités en temps que musicienne, mon choix a donc rapidement été fait. »


    Lena ne perdait pas de vues ses objectifs, qui étaient avant tout affaire de musique. Le Japon était un choix tout à fait pertinent pour sa carrière à venir, cela avait eu une importance dans sa décision et l'Université des Arts de Tokyo était aussi une des plus réputées dans le monde. Cependant, ce furent avant tout des raisons sentimentales qui reconduisirent la jeune femme dans son pays natal.

    « En tout cas, en quelques jours, vous avez trouvé l’un des endroits les plus paisibles de la ville, en tout cas à cette heure-ci. »

    Ces quelques paroles sortirent la jeune étrangère de ses réflexions. Son visage se tourna alors brièvement vers son interlocuteur pour lui esquisser un nouveau sourire, avant que son regard de louve ne se redirige dans l'eau trouble et incertaine de l'étang.

    « En effet .. Je crois bien que j'ai trouvé l'endroit idéal pour me ressourcer après mes cours. Peut être trouvez-vous cela imprudent, mais si c'est pour faire des rencontres comme celle de ce soir cela me va tout à fait. »

    Autrement dit, l'endroit était des plus paisible, son interlocuteur de ce soir lui paraissait fort intéressant, alors peu importe les éventuels dangers qu'elle pouvait courir. Bien sur, elle était loin de se douter à quel point elle pouvait se tromper et ignorait complètement les dangers que représentaient d'autres rencontres comme celle-ci...




Dernière édition par Iversen Lena le Dim 6 Mai - 14:51, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas


Kuromiya Sensui


Kuromiya Sensui

☩ ☩

Âge : 819. Mort à 34 ans. A l'air d'en faire 20...
Allégeance : La sienne
Messages : 5841
Pseudo : MyPandaa
Avatar : Mao [SID]
MessageSujet: Re: In search of tranquility ♦ Kuromiya Sensui   In search of tranquility  ♦ Kuromiya Sensui Icon_minitime1Sam 5 Mai - 13:05





◈ Merci... Mais pour l'instant je ne suis qu'étudiante, à l'Université des Arts.

Ha… ! L’université des Arts. Aussi cliché que ce soit, ça rendait Lena encore plus sympathique pour Sensui qui était proche de ce genre de considération. Bon ok, il n’était pas très branché art moderne… Et on en revenait encore au fait que Sensui s’impliquait un peu moins dans ce dernier siècle… Il n’empêche que la musique, la littérature, le théâtre… On avait là des disciplines qui trouvaient grâce à ses yeux et même si les bonnes mœurs sociales auraient pensées tout à l’inverse de lui, Sensui avait plus d’intérêt pour un étudiant en art ou en philosophie que pour un étudiant en droit, en mathématiques ou en sciences.

D’ailleurs, parlant de ça… Il y avait comme une étrange sensation qui s’était prise de Sensui sans qu’il sache pour autant déterminer d’où cette dernière lui venait. Il y avait quelque chose chez Lena, ou dans ce qu’elle avait dit, qui avait allumé une petite lumière dans sa tête mais ça touchait plus ou pressentiment qu’à quelque chose de concret pour le moment… Peut être d’ailleurs n’y avait-il en réalité rien du tout… Il n’était pas complètement impossible que Sensui ait songé, l’espace d’une très courte seconde, à autre chose d’important et qu’il l’ait assimilé à la jeune femme assise à côté de lui…

◈ Il n'est pas encore bien tard, et je n'habite pas très loin... Mais de toute manière, si l'on se focalise trop sur le danger, mieux vaut alors ne plus sortir de chez soi et ne plus parler à personne... Je ne compte pas vivre ainsi.

Ce n’était peut être pas ainsi qu’on pouvait se sentir vivre… Mais c’était assurément de cette manière que l’on pouvait mourir et il était bien placé pour le savoir. En tout cas, il faisait jour bien assez longtemps dans une journée –surtout à cette époque de l’année- pour ne pas se risquer à quelques sorties aussi tardives non ? Néanmoins Sensui ne fait pas ce genre de commentaire. Non seulement ça ne le regardait sans doute pas et il n’était pas assez curieux sur ce sujet pour le pousser d’avantage… Mais en plus, lui-même n’était-il pas dehors au milieu de la nuit alors qu’il devait avoir l’air tout sauf capable de se défendre convenablement en cas d’agression ?

Certes… Quiconque l’aurait agressé aurait subit une très sérieuse déconfiture insoupçonnée… Les illusions n’étaient pas seulement « parfois » trompeuses. Surtout à Tôkyô. Elles l’étaient souvent. Il y avait finalement assez peu de vampires qui semblaient réellement menaçant au premier regard, du moins dans la capitale nippone. Peut être était-ce pour ça qu’ils se fondaient mieux dans la masse ? Ou peut être qu’à l’inverse, c’était parce qu’ils s’étaient tant et tant fondu au reste de la population qu’ils avaient finit par leur ressembler.

Plus sûrement, c’était un mélange complexe des deux. De toute façon, la population humaine évoluait, se transformait… Et donc il était naturel de voir la population vampirique suivre le même chemin. Ils étaient, sur ce point précis, si… Dépendant de l’évolution humaine que s’en était troublant.

Lena lui parle encore, avec cette attitude toute en grâce et ces bonnes manières qui la faisait se tenir droite et digne, ce qui là encore ne pouvait que plaire à Sensui qui trouvait que ce genre de bonnes attitudes et manières se perdaient. Elle lui parle des températures et à cette occasion évoque… La Norvège. Et ça fait tilt chez Sensui ! Mais si ! Vous savez, cette impression qui lui bourdonnait légèrement aux oreilles ! Son regard se pose plus sérieusement sur la demoiselle, l’observant avec un peu plus de concentration, étrécissant légèrement les yeux.

Elle lui ressemblait assez… Et Sensui avait une relativement bonne mémoire des visages même si forcément, après tant de temps, ceux-ci s’estompaient dans sa mémoire. Ou alors peut être qu’il superposait simplement un vieux souvenir au visage juvénile de Lena.

De qui il parlait ? D’un auteur de roman. Une femme en réalité, Madelen Iversen. Lui qui était un grand amateur de littérature avait eu l’occasion d’avoir deux de ses ouvrages entre les mains. « Mes chimères » et… Comment était-ce déjà… ? Ha oui ! « Chroniques d’un vagabond ». Il avait plus aimé le premier que le second, d’ailleurs. Et si vous vous posiez la question : non, Sensui n’avait pas une connaissance aussi indélébile envers tous les auteurs qu’il avait un jour lu. Mais Madelen Iversen, en plus de l’avoir déjà rencontré –tout comme d’autres auteurs au cours des siècles- avait eu une fin tragique ici même, au Japon.

Il se souvenait des gros titres de l’époque et de l’odeur de brûlé qui avait perduré dans le quartier où la famille Iversen avait vécu pendant plusieurs jours, pour ne pas dire semaines. Un incendie d’origine domestique, une femme prise dans les flemmes, un mari sous le choc et une fillette traumatisée. Est-ce que c’était cette dernière qu’il avait sous les yeux… ?

Sensui s’était déjà rendu à l’une des réceptions organisées par le couple Iversen. Il avait été en fait invité plusieurs fois mais son propre emploi du temps ne lui avait permit de réellement s’y rendre qu’une seule et unique fois. De la fillette des Iversen, il n’avait vu qu’une flopée de cheveux blond lorsque la petite fille avait passé l’angle d’un couloir pour se rendre ailleurs. Et depuis toutes ces années, de toute façon, Lena avait assurément changé. D’ailleurs, à le dire ainsi, il n’avait plus aucun doute puisqu’il lui semblait effectivement que c’était là le nom de Madelen.

De fait, après que la jeune femme ait poliment accepté sa carte de visite tout en promettant de s’y rendre, elle lui confirme ce qu’il savait déjà en expliquant qu’elle était née au Japon. Dans la capitale elle-même. Il n’y a donc aucune surprise qui puisse se lire sur le visage de Sensui qui garde néanmoins encore le silence, la laissant terminer.

◈ Je crois que... je me suis toujours sentie un peu à part en Norvège, et je suis restée très attachée à ce pays… C'est un peu un retour aux sources pour moi, un nouveau départ teinté de nostalgie sans doute…

On aurait été nostalgique avec moins, effectivement. Le sujet en revient rapidement à l’étang qui s’étalait devant eux mais qui à cet instant précis n’avait que peu d’importance aux yeux de Sensui. D’ailleurs, n’ayant pas pour habitude de tourner autour du pot, il prend le partit de faire part de ses réflexions à la jeune femme sans néanmoins se départir d’un certain tact.

◈ Votre nom ne m’est pas inconnu. Ca ne m’a pas sauté aux yeux immédiatement, c’est uniquement à l’évocation de la Norvège que j’ai fait le lien.

Sensui prend une petite pause, offrant un sourire un peu plus chaleureux à Lena avant de poursuivre :

◈ Je possède des ouvrages de votre mère, des originaux. Ils me sont même dédicacés.

Et parce qu’il fallait bien emballer la vérité dans un peu de mensonge, dans des situations comme celle-ci, il affirme avec l’aplomb du menteur aguerrit :

◈ Elle l’avait signé pour mon père, paix aient leurs âmes.

Son père donc… Et la mère de Lena. Son père aussi, s’il était disparu… Mais comment savoir ?

◈ Il aimait beaucoup le roman « Mes chimères » et me l’a très vite transmit avec « Chroniques d’un vagabond ». Je les ai toujours, rangés avec soin dans ma bibliothèque et vous me donnez bien envie de les rouvrir pour en lire un chapitre ou deux.

Et c’était vrai ! Il était probable qu’en rentrant, ou dans quelques jours, Sensui se plaise à la lecture de quelques pages de ces romans. Le style était tout en douceur lui qui appréciait généralement plus les styles incisifs et très « japonais » qui allait aux phrases courtes et à la clarté. Mais les œuvres de Madelen Iversen étaient, sans aucun doute, à l’image de la femme qui les avait écrits.

◈ Il m’a dit un jour qu’il avait trouvé votre mère très simple et très douce. Et je m’excuse si je réveil de mauvais souvenirs.

Forcément, l’incendie devait encore être un drame vivace pour Lena. Ou pas… Difficile de le dire, les êtres humains étaient si… Changeant. Pas qu’eux évidemment… Mais l’éternité vous apprendre à prendre du recul plus rapidement sans doute. Néanmoins, si ces souvenirs avaient été trop douloureux, Lena ne serait probablement pas revenue ici, n’est ce pas ?

◈ Décidément, il y a sans doute quelque chose dans notre rencontre de ce soir que l’on peut mettre sur le compte du destin.

Oui… Même quand comme lui, on n’y croyait pas un seul instant.


Revenir en haut Aller en bas


Anonymous


Invité

☩ Invité ☩

MessageSujet: Re: In search of tranquility ♦ Kuromiya Sensui   In search of tranquility  ♦ Kuromiya Sensui Icon_minitime1Dim 6 Mai - 14:42



    «  Votre nom ne m’est pas inconnu. Ça ne m’a pas sauté aux yeux immédiatement, c’est uniquement à l’évocation de la Norvège que j’ai fait le lien.

    Le visage de la jeune femme se retourne alors, presque brusquement, vers le japonais. Son regard semble briller d'un curiosité, mêlée d'une certaine appréhension. Ainsi, cet homme connaissait son nom ? Il y avait de quoi surprendre la jeune femme, son nom n'était tout de même pas très célèbre dans ce pays. Il fallait être tout de même doté d'une certaine culture ou d'un intérêt pour la littérature nordique, pour connaître ce nom. Ou bien il fallait appartenir à une catégorie particulière de la population, une certaine élite qui aurait pu côtoyer il y a quelques années ses parents.. Ce qui d'ailleurs aurait pu être le cas de son interlocuteur au vu de ses airs distingués. Dans tous les cas, il y avait néanmoins assez peu de possibilités pour la jeune femme de rencontrer ici quelqu'un pour qui son nom évoque quelque chose .. Certes le drame de la mort de sa mère avait fait les gros titres à l'époque, mais cela remontait déjà à plus de 10 ans...

    «  Je possède des ouvrages de votre mère, des originaux. Ils me sont même dédicacés.

    Le regard de la scandinave semble s'apaiser à ces mots. C'est donc à travers l'œuvre de sa mère qu'il connait son nom.. Étonnant certes, mais pas invraisemblable. Cependant, ce qui surprend davantage la jeune femme, est le fait qu'il ait pu recevoir des dédicaces de sa mère.. Peu être qu'elle le rajeunit un peu trop après tout.. Enfin, tout de même ! Mais elle a tout juste le temps de s'interroger sur cette petite étrangeté, que son interlocuteur met fin à ses doutes.

    «  Elle l’avait signé pour mon père, paix aient leurs âmes. »

    Lena acquiesce silencieusement. Elle n'a toujours pas dit le moindre mot, et se contente d'écouter attentivement les dires de ce jeune hommes aux allures aristocratiques. Son cœur a déjà commencé à battre un peu plus fortement dans sa poitrine, cependant en surface elle reste impassible, du moins elle tente de rien laisser transparaitre. Mais l'évocation de sa mère défunte ne peut la laisser indifférente, d'autant plus qu'elle était loin de s'attendre à ce qu'un inconnu évoque ce sujet..

    «  Il aimait beaucoup le roman « Mes chimères » et me l’a très vite transmit avec « Chroniques d’un vagabond ». Je les ai toujours, rangés avec soin dans ma bibliothèque et vous me donnez bien envie de les rouvrir pour en lire un chapitre ou deux. »

    Un doux mais faible sourire se dessine alors sur ses lèvres, alors que son regard semble se perdre dans l'obscurité qui les entourait. Elle repense alors à ces livres, qu'elle connait sur le bout des doigts, comme toutes les œuvres de sa mère. « Mes Chimères » est certainement celui qui l'a le plus marqué. Parfois, elle l'ouvre et se replonge dans la lecture de quelques passages. Elle en a apprit tellement sur sa mère à travers ses œuvres.. Des petits morceaux de sa vie, de ce qu'elle était se glissaient et transparaissaient dans cet ouvrage en particulier, c'était un trésor infini pour la jeune orpheline. Ce livre était un héritage précieux, un moyen pour elle de rester en contact avec sa mère. Personne ne pouvait lire et comprendre les œuvres de Madelen Iversen comme Lena. D'ailleurs, elle possédait le dernier manuscrit de la romancières.. Une œuvre très personnelle, riche et palpitante, inachevée hélas. Madelen l'avait dédié à Lena. Ce manuscrit était certainement ce à quoi la jeune femme tenait le plus. Il n'y avait que Lena qui en avait la connaissance. Elle s'était longtemps demandé s'il fallait qu'elle dévoile cette œuvre inachevée, si cela aurait été le souhait de sa mère.. Mais après tout aujourd'hui, qui aurait été intéressé par ces vieilles pages jaunit.. ?

    «  Il m’a dit un jour qu’il avait trouvé votre mère très simple et très douce. Et je m’excuse si je réveil de mauvais souvenirs. »

    Lena garde le silence, et son esprit semble s'éloigner peu à peu, ses pensées l'emmenant à des kilomètres de ce banc. La villa se dessine alors dans son esprit, des visages lui parviennent, même s'ils ne sont qu'accessoires. Le jardin apparaît à son tour, ses couleurs, ses odeurs, tout semble intact dans l'esprit de la norvégienne. Et puis, assise sur une chaise en bois, Madelen écrit, rature, déchire sur un grand cahier. Est-ce un futur roman à succès ? Ou simplement quelques notes, quelques pensées et vagues de l'âme ?

    Oui la jeune femme s'éloigne, ses souvenirs la submergent bien trop rapidement, elle ne doit pas les laisser ainsi l'écarter de la réalité. Ses yeux se ferment un court instant, elle inspire profondément et se force à chasser ces images de son esprit.

    «  Ne vous excusez pas .. C'est tellement rare qu'on me parle ainsi de ma mère .. Avec le temps, on apprend à apprivoiser les mauvais souvenirs, et à laisser les bons vous réchauffer doucement le cœur..  »

    Ce n'est pas complètement faux, et pourtant la réalité est bien plus complexe. Mais Lena ne veut pas inquiéter son interlocuteur. Il ne doit pas se focaliser sur la mort de l'écrivain. Personne ne le doit.. On avait bien trop parlé du drame à l'époque, bien plus que de ce qu'avait été Madelen de son vivant. C'était absurde.. Il lui avait fallu du temps à la jeune femme pour que le souvenir de sa mère ne soit pas seulement douloureux.. Oh oui, longtemps les flammes et les cris avaient pris l'avantage sur la tendresse, le visage doux et fière de Madelen.. Longtemps d'ailleurs Lena avait préféré fermer son esprit à tout ce qui pouvait se rapporter à sa mère. Et puis, quand la fuite n'avait plus été possible, et qu'elle avait du accepter la réalité en face, il avait bien fallu qu'elle apprenne à la rendre plus acceptable.. Non, vivre avec des cris et des lambeaux de chair calcinés dans son esprit n'était pas vivable. C'était à vous rendre fou. Lena avait du apprendre à vivre avec son traumatisme, à le surpasser même.. Du moins, en apparence.

    Les apparences vous sauvent du regard des autres, et donc de leur définition de « fou », « dérangé », « inadapté ». Seul leur regard compte, au fond ce que ces mots signifient réellement n'a pas tant d'importances.. Il n'y a en vérité pas grand chose d'objectifs que l'on peut rattacher à ces termes. Alors autant soigner les apparences, et peu importe ce que l'on peut renfermer derrière les apparences.. Car pour dire vrai, l'esprit de la jeune femme était loin d'être aussi apaisé que ce qu'elle voulait laisser entendre. En Norvège, on l'avait couvert de tant de préjugés, simplement à cause de la mort de sa mère. La pauvre gamine devait être sacrément secoué après un tel événement ! Et son père, quelques années après qui avait lui aussi passé l'arme à gauche, mais quel malédiction ! Oh oui, les gens parlent tellement.. Ils feraient si souvent mieux de se taire, et de se focaliser un peu plus sur les petites vies insignifiantes. Lena pouvait tenter de faire croire ce qu'elle voulait, mais au fond elle en avait eu assez qu'on la considère comme le dernier maillon de la malédiction Iversen.

    Aujourd'hui, elle s'était crée une identité forte, et ne se souciait absolument plus de ce que l'on pouvait dire d'elle. Elle vivait avec ses fantômes, certainement largement moins bien que ce qu'elle voulait laisser penser... Mais elle traçait sa route, trainant avec elle autant de chaos que de trésors pour son âme. Cependant, sa mère, sa famille restait un sujet sensible.. Et cela le resterait sans doute éternellement.

    «  Ma mère aurait aimé que l'on continue à parler d'elle, de ses œuvres sans que cela soit pour moi quelque chose de .. difficile. »


    C'était peut être plus pour elle même qu'elle disait cela, bien qu'elle ait fait attention aux mots qu'elle avait utilisé. La notion de douleur ou de traumatisme ne devait pas transparaitre, du moins pas de trop, dans ses mots. Elle voulait paraître la plus impassible possible, bien qu'elle savait qu'elle avait été incapable de retenir ces quelques émotions que le japonais devait très certainement avoir réussi à capter.

    «  Décidément, il y a sans doute quelque chose dans notre rencontre de ce soir que l’on peut mettre sur le compte du destin. »

    Ce n'était pas insensé de dire cela, cette rencontre étant aussi surprenante que peu probable. Pourtant, Lena non plus ne croyait absolument pas au destin. Que quelque chose puisse régir le cours de sa vie lui semblait aussi insensé que révoltant. Lena ne croyait pourtant pas non plus fermement en la puissance des choix des et des chemins que l'on décide de prendre. Une certaine prédestination existait selon elle, bien qu'elle pensait que l'on était en pouvoir d'influer sur celle-ci. De toute manière, cette notion de destinée avait une connotation bien trop religieuse pour que Lena ne s'y intéresse vraiment. Elle n'était simplement pas de ceux qui se laissaient aller à la fatalité, mais s'interrogeait parfois sur l'enchainement de certains évènements qui ne pouvaient à son sens ne pas être la conséquence seule du hasard .. Mais de quoi alors ? Enfin, là question pas la question ce soir, et bien vite Lena mit fin à ses réflexions.

    « Eh bien .. C'est en tout cas une rencontre pour le moins peu banale, il faut bien l'avouer..  »


    Déclare t-elle simplement, quelque peu dubitative. Elle repense alors à ce manuscrit inachevé quelle a en sa possession, et se demande si après tout, elle peut confier cet objet si précieux à ses yeux à cet homme dont elle vient à peine de faire la connaissance.. Jusqu'ici, elle n'avait jamais rencontré quelqu'un ayant à la fois manifesté autant d'intérêt pour les œuvres de sa mère et lui faisant en même temps bonne impression. Peut être venait-elle de trouver quelqu'un capable d'apprécier comme il se devait ce petit trésor qu'elle gardait soigneusement secret ..?

    « Je possède un manuscrit inachevé de ma mère .. Il n'y a que moi qui en ai la connaissance .. Comme vous devez vous en douter, j'y tiens particulièrement.. Je ne pense pas un jour le dévoiler au grand jour mais ... si cela vous intéresse, je peux vous en faire part ..? »


    Elle avait hésité à lui proposer, et espérait qu'il accepterait avec dignité mais enthousiasme ce privilège immense qu'elle lui accordait..


Revenir en haut Aller en bas


Kuromiya Sensui


Kuromiya Sensui

☩ ☩

Âge : 819. Mort à 34 ans. A l'air d'en faire 20...
Allégeance : La sienne
Messages : 5841
Pseudo : MyPandaa
Avatar : Mao [SID]
MessageSujet: Re: In search of tranquility ♦ Kuromiya Sensui   In search of tranquility  ♦ Kuromiya Sensui Icon_minitime1Mar 8 Mai - 13:34




Visiblement, il l’avait surprise et en toute franchise, il comprenait. Au pays du soleil levant, les auteurs les plus réputés qui n’avaient pas d’ascendance nippone étaient rares… Madelen Iversen n’avait pas réellement fait partit de ces derniers quoi qu’elle le mérita sûrement. Néanmoins, elle avait eu sa petite notoriété à son époque et Sensui avait apprécié pouvoir échanger quelques mots avec elle. C’était une femme positive et qui avait une opinion assez marquée sur bien des choses. Et si certes, Sensui était le genre d’homme à s’ennuyer des êtres humains, certains valaient parfois que l’on s’attarde un peu plus longuement à leur cas.

Quelle curieuse rencontre, donc, que celle de ce soir. Un amas de raisons improbables qui faisaient que ce soir ils étaient sur le même banc à converser dans le calme et sous une couche de réserve qui devenait de moins en moins épaisse alors que s’égrenaient les minutes. Bien sûr, les dernières révélations semblaient avoir fait prendre un peu de recul à Lena sur le moment mais c’est toujours déstabilisant de se rendre compte qu’on était pas si inconnu qu’on le pensait… Surtout quand ce non-anonymat se rapportait à un drame de l’enfance.

Sensui ne manque pas le petit éclair de douleur dans le regard de la jeune femme qui cependant sait rester fière et noble. Deux grandes qualités d’après Sensui. Lui aussi était le genre d’homme qu’on ébranlait pas facilement et qui savait garder la tête haute. Mais lui… Disons qu’il avait des siècles d’entraînement derrière lui. Lena avait quoi ? Vingt ans ? C’était encore plus qu’un bébé aux yeux de Sensui. C’était l’embryon d’une vie. Et pourtant, elle avait ce quelque chose qu’on les enfants qui ont dû grandir un peu trop vite. Ou « beaucoup ». Ca ne faisait pas d’elle, à ses yeux du moins, une adulte. En fait, elle était toujours au stade de l’embryon… Mais parfois, la génétique est plus clémente avec les uns qu’avec les autres.

๑ Ne vous excusez pas... C'est tellement rare qu'on me parle ainsi de ma mère... Avec le temps, on apprend à apprivoiser les mauvais souvenirs, et à laisser les bons vous réchauffer doucement le cœur…

Sensui acquiesce quoi que cette philosophie de vie ne soit pas celle qu’il ait lui-même apprit à suivre. Parfois, avec le temps, les bons souvenirs se transformaient, souvent en mélancolie. Mais il fallait avoir vu le monde changer et ses proches vieillir et mourir sans que le miroir ne nous montre les altérations du temps pour comprendre ça, sans doute.

Néanmoins, il a bien comprit les différentes allusions qui pouvaient percer sous cette réponse et si c’était ce qui permettait à Lena de s’épanouir et bien après tout, pourquoi pas ?

๑ Ma mère aurait aimé que l'on continue à parler d'elle, de ses œuvres sans que cela soit pour moi quelque chose de... difficile.

Sur ce point précis, Sensui ne se serait pas permit de présumer des dernières volontés d’un mort, surtout quand il ne l’avait connu qu’en surface (très très en surface d’ailleurs). Néanmoins, lui qui avait si peu de foi en la nature humaine la grande majorité du temps ne partageait à nouveau pas ce point de vue. Les êtres humains étaient plus noirs qu’on ne les pensait souvent et lui ne doutait pas que les dernières pensées et volontés de ceux qui mourraient étaient beaucoup moins louables que ce qu’on voulait bien se faire croire.

L’être humain était égoïste, nombriliste… Pourquoi devrait-il devenir un model de pureté dans la mort alors que c’était contre elle qu’ils se battaient le plus farouchement ? Ho bien sûr, il pensait « l’être humain » mais les vampires étaient à mettre dans le même panier. Sensui avait juste pour habitude –un peu mauvaise sans doute- de bien marquer la différence entre les deux espèces dans ses réflexions.

Et puis en général, les vampires se révélaient tous à un moment donné. Leur nature sombre se dévoilait car on ne peut pas cacher pendant des siècles notre vraie nature. Au fond, tous ces humains qui voyaient les vampires comme des abominations cruelles et violentes avaient simplement oublié qu’ils avaient tous été humain, à l’origine. Et s’il y avait bien une « créature » à dompter en eux, cette dernière était sauvage et primitive. Pas assez élaborée, donc, pour justifier des crimes perpétrés. Les vampires cruels ne l’étaient pas parce qu’ils étaient vampires. Ils l’étaient parce qu’ils avaient été humain.

C’était un peu le paradoxe de l’œuf et de la poule.

Certains pensaient que les vampires avaient existé les premiers et que l’homme était une évolution… Ca se défendait puisque les être humains possédaient plus de sens même si moins développé… Ils étaient adaptés aux 24h que contenait une journée et s’il leur fallait bien vivre et boire pour survivre, l’échelle des possibilités était bien plus grande.

Mais de fait, comment expliquer que le vampire était homme avant d’être vampire… ?

Bref… Il y avait sûrement beaucoup à dire.

๑ C'est en tout cas une rencontre pour le moins peu banale, il faut bien l'avouer…

Visiblement, Lena ne croyait pas non plus en une idée de « destin ». Elle partageait en revanche son opinion au sujet de leur rencontre. Sensui n’était pas assez naïf pour réellement penser que la demoiselle viendrait au Bloody Sunday ni qu’ils se rencontrent à nouveau d’une manière aussi inopinée. Néanmoins, justement, la blonde le surprend en reprenant la parole après quelques longues hésitations qui avaient été tout à fait perceptibles.

๑ Je possède un manuscrit inachevé de ma mère... Il n'y a que moi qui en ai la connaissance... Comme vous devez vous en douter, j'y tiens particulièrement. Je ne pense pas un jour le dévoiler au grand jour mais ... si cela vous intéresse, je peux vous en faire part ..?

Pour le coup, une réelle surprise se peint le temps d’un instant sur le visage de Sensui. Non seulement il n’avait pas imaginé qu’il existe un manuscrit inachevé et inconnu, quoi qu’à la réflexion ça puisse sembler pour le moins logique… Mais même en le sachant, il n’aurait pas imaginé que Lena serait prête à le partager avec lui… Surtout alors qu’elle semblait le garder précieusement pour elle. Parce qu’elle avait bien dit être la seule à connaître l’existence de ces pages, n’est ce pas ?

En tout cas, Sensui incline respectueusement la tête, conscient de l’occasion qui lui était offerte et du respect qu’il devait à cette proposition qui devait coûter à Lena. Lui-même possédait quelques menus objets de sa vie humaine et même Seijûrô, en cent ans de vie commune, n’en avait presque vu aucun, du moins pas en connaissant leur histoire. De fait, il était bien placé pour savoir que certains objets sentimentaux avaient une valeur tout simplement inestimable.

๑ Je serais très honoré que vous m’en parliez et plus encore si vous me laissiez le compulser.

Et il ne se forçait pas ! Cela lui plairait réellement et son amour de la littérature parlait pour lui ! Il y avait aussi que cet auteur avec quelque peu ses faveurs, évidemment !

๑ Quel genre d’ouvrage est-ce ?

Puis à la suite, tranquillement :

๑ Si vous veniez un jour au Bloody Sunday avec ce manuscrit, je pourrais également vous montrer ceux que je possède de votre mère.

C’était donnant donnant et ça ne lui posait pas trop de problème, pour le coup.

๑ Je vous promets que je serais d’un très grand soin et que je n’en ferais pas de copie, bien que cela me brûlera certainement.

Ce serait mentir que de prétendre que Sensui serait incapable de tuer pour pouvoir posséder un objet qu’il convoitait… Mais ça, il ne le saurait qu’après avoir vu et là encore, s’il aimait le talent littéraire de Madelen Iversen, il n’était pas non plus un fanatique de sa prose.

๑ N’hésitez donc pas à appeler. Si je ne réponds pas, ce qui arrive souvent, c’est que je suis très occupé. Mais je rappelle toujours.

Et afin d’éviter tout soucis d’ordre « technique » :

๑ Mes journées sont très remplies. Je ne suis généralement disponible qu’en soirée.

L’air fin si Lena lui avait proposé un déjeuner à la terrasse d’un café sous le soleil de midi, n’est ce pas ?


Revenir en haut Aller en bas


Anonymous


Invité

☩ Invité ☩

MessageSujet: Re: In search of tranquility ♦ Kuromiya Sensui   In search of tranquility  ♦ Kuromiya Sensui Icon_minitime1Mer 6 Juin - 21:38



    Le jeune homme aux airs distingués semble très surpris de la proposition de la Norvégienne, ce qui est parfaitement compréhensible. Elle même se surprend à accorder un tel privilège, qui plus est à une personne dont elle vient à peine de faire la connaissance. Mais Lena était ainsi, ses agissements étaient assez souvent impulsifs et imprévisibles. Cela n'amenait pas toujours du bon certes, mais ce côté instinctif la faisait avancer, bien que cela n'était pas toujours sans risques. Dans le cas présent, la jeune femme prenait bien un certain risque, après tout rien ne pouvait garantir l'honnêteté de son interlocuteur .. Mais ce n'était pas cela qui avait le plus fait douter la jeune femme. Ce qui lui coûtait le plus, c'était de dévoiler ce qu'elle considérait aujourd'hui comme son secret le plus précieux, et l'un des mieux gardés. Elle considérait ce manuscrit en quelque sorte comme un héritage, quelque chose qui lui appartenait et dont elle avait l'exclusivité .. et dont personne n'était digne à ses yeux. Pourtant, elle savait au fond qu'en vérité il n'était rien de tout cela. Si sa mère avait pu le terminer, il aurait été édité et vendu à des milliers de personnes à travers le monde. Même en sachant cela, Lena ne s'était jamais décidé à le dévoiler. C'était peut être un peu égoïste, mais après tout on ne pouvait pas non plus vraiment lui reprocher.

    Sensui réagit exactement comme la scandinave avait pu l'espérer, c'est à dire aussi honoré que piqué de curiosité. Un sourire se dessine alors sur les lèvres de la jeune femme, qui ne regrette absolument pas ses paroles.

    « Oh je pourrais vous en parler longuement … Le mieux serait encore que vous le découvriez par vous même, il serait alors plus intéressant d'en discuter par la suite. »


    Et il y avait beaucoup à dire sur cette œuvre incomplète, bien des pistes et des mystères à interroger, sans jamais pouvoir véritablement les élucider. Cependant, toute œuvre pouvait laisser cette impression d'inachevé, de questionnements qui resteront toujours en suspens.

    « Quel genre d’ouvrage est-ce ? »


    La jeune femme réfléchit un instant, espérant de ne pas formuler de réponse trop nébuleuse, avant de répondre pensivement.

    « Et bien .. il s'agit de son œuvre la plus personnelle, -presque- autobiographique. Elle ne suit pas un ordre chronologique défini, mais comporte de nombreux parallèles, disons que les chapitres se font échos les uns aux autres. Ma mère y retrace son enfance et la vie de.. ses .. nos aïeules .. Tout n'est cependant pas réalité historique, bien au contraire .. C'est simplement le point de vue parfois romanesque d'une enfant et d'une femme .. »

    Le regard de Lena se perdait dans les ténèbres alors qu'un faible sourire persistait sur ses lèvres. Cette œuvre avait de quoi ressembler à un héritage, et ce n'était pas pour rien que Madelen l'avait dédié à sa chère petite fille. À travers ces pages soufflait le vent froid de Norvège, résonnait le bruit sourd des vagues qui se brisent contre les falaises, s'échappait la froideur de cette nature et de ses habitants. Des destins retracés au vitriol, parfois avec plus de tendresse, des histoires de femmes qui avaient évolué dans un univers souvent hostile...ce long manuscrit était un trésor infini pour Lena. Il lui en avait beaucoup apprit sur sa mère. Il l'avait à la fois aidé à comprendre qui elle avait été véritablement, et l'avait aussi plongé dans de nombreux doutes. Grâce à cette œuvre, Lena avait pu nouer un certain lien avec ses ancêtres, son pays. Cela lui avait donné une certaine force, plus de repères aussi, bien qu'ils restent pour la plupart quelque peu imaginaires.. Mais était-ce si important ? Au fond, la réalité n'a t-elle pas d'importance que ce que l'on décide d'en faire ?

    « Si vous veniez un jour au Bloody Sunday avec ce manuscrit, je pourrais également vous montrer ceux que je possède de votre mère. »

    Lena réoriente alors son regard bleuté vers Sensui, acquiesçant en maintenant un sourire pour l'instant persistant, et c'était rare. Son regard était piqué d'une certaine curiosité à l'idée de découvrir ces manuscrits. Et bien, son père devait véritablement apprécier l'œuvre de Madelen pour aller jusqu'à posséder des manuscrits .. Lena était très curieuse des les voir, intriguée aussi par le fait que l'homme en face d'elle ait en sa possession des objets si rares.

    « Je vous promets que je serais d’un très grand soin et que je n’en ferais pas de copie, bien que cela me brûlera certainement. »

    Le sourire de la jeune femme s'étiole alors doucement, son visage reprenant un air plus sérieux.

    « Le contraire serait en effet assez ...déplaisant .. »

    Son ton est plus terne, mais elle ne se veut pas menaçante, elle n'a aucune raison de l'être et cela serait même plutôt ridicule. Elle esquisse d'ailleurs rapidement un sourire, pour s'assurer de ne pas froisser son interlocuteur. Cependant, si Sensui devait effectivement manquer à sa promesse, nul doute qu'il se ferait une ennemie des plus rancunières. Évidement, ce genre d' « ennemie » ne pouvait être que des plus insignifiante et même dérisoire aux yeux d'un être comme lui, mais cela Lena l'ignorait. Ce manuscrit inconnu avait une valeur inestimable pour la jeune nordique, et elle comptait bien conserver son caractère unique. Alors si Sensui en faisait une copie à son insu, la jeune femme le prendrait mal, extrêmement mal. Lena avait-elle eu une idée raisonnable en décidant de lui confier ? Certainement pas..

    Elle prenait néanmoins le risque de faire confiance à ce personnage dont elle ignorait tout. Nul doute qu'elle n'allait pas le laisser longtemps en possession du manuscrit, elle devait tout de même garder un minimum de précautions. La confiance de la jeune femme était tellement difficile à obtenir et quand bien même on parvenait à s'en saisir, du moins en partie, elle était particulièrement fragile. Cependant, pour des choses disons banales, Lena pouvait l'accorder plus facilement, tout de même. Mais bien sur, ce manuscrit n'avait rien de « banal ». Les trahisons du passé, ou du moins ce qu'elle considérait comme tel, l'avaient profondément marquées. Difficile de se détacher de cette amertume et de cette méfiance, qui plus est quand la déception vient de personnes particulièrement proches. La trahison est en effet d'autant plus forte quand il s'agit d'un proche, alors après tout, peut être mieux vaut-il s'en remettre à d'illustres inconnus ? Bien sur en arriver à de telles conclusions était bien trop simpliste et même plutôt idiot. Cependant, cela montre bien qu'être proche de quelqu'un et bien le connaître -enfin s'imaginer qu'on le connait bien- ne suffit pas.. Et qu'en comparaison, accorder sa confiance à quelqu'un que l'on connait à peine ne semble pas particulièrement absurde..

    « N’hésitez donc pas à appeler. Si je ne réponds pas, ce qui arrive souvent, c’est que je suis très occupé. Mais je rappelle toujours. »

    La jeune femme se rappelle alors qu'elle a encore dans la main la petite carte qu'il lui avait tendu précédemment. Elle y jette un nouveau coup d'œil avant de la ranger dans son sac.

    « Mes journées sont très remplies. Je ne suis généralement disponible qu’en soirée. »

    Cela ne faisait que quelques jours qu'elle était arrivée, et elle avait déjà une rencontre intéressante, accompagnée d'une adresse et d'un numéro. Ce n'était pas grand chose, et pourtant pour une jeune femme aussi difficile d'accès et distante que Lena, c'était déjà un petit exploit en soi. Enfin, après tout rien ne l'obligeait à recontacter Sensui si elle changeait finalement d'avis.. Qui sait si demain, elle n'allait pas se réveiller en se disant qu'elle était complètement stupide de confier son cher manuscrit à cet homme. Peut être n'aurait-elle finalement plus l'envie de le revoir et de converser à nouveau avec lui, son humeur pouvait être si changeante ..

    « Je n'hésiterai pas, je vous le promets. Je suis certaine que vous saurez apprécier ce manuscrit, et j'ai hâte d'entendre ce que vous en pensez .. Je l'ai lu maintes fois, mais peut être pourriez vous m'apportez un nouveau regard et de nouvelles pistes à explorer.. »

    Une promesse est toujours sacrée pour Lena, peu importe ce qu'elle penserait de tout cela demain ou les jours à venir, c'était à présent certain qu'elle allait le contacter et lui donner rendez-vous. Son emploi du temps quant à elle n'était pas si chargé que cela, mais elle s'exerçait énormément en dehors de ses heures de cours. Pour l'instant, elle n'avait pas de clients pour ses cours particuliers de musique, mais espérait rapidement en avoir, sinon elle risquait d'avoir bien vite d'importants soucis rien que par rapport à son loyer. Dans tous les cas, elle avait pour l'instant pas mal de temps pour elle, particulièrement en soirée alors elle n'aurait aucune difficulté à proposer à Sensui une nouvelle rencontre à la tombée du jour. Elle était d'ailleurs bien capable de débarquer à l'improviste sur un coup de tête au Bloody Sunday, bien curieuse de voir à quoi pouvait ressembler l'établissement de ce personnage quelque peu singulier.


Revenir en haut Aller en bas


Kuromiya Sensui


Kuromiya Sensui

☩ ☩

Âge : 819. Mort à 34 ans. A l'air d'en faire 20...
Allégeance : La sienne
Messages : 5841
Pseudo : MyPandaa
Avatar : Mao [SID]
MessageSujet: Re: In search of tranquility ♦ Kuromiya Sensui   In search of tranquility  ♦ Kuromiya Sensui Icon_minitime1Lun 11 Juin - 13:26




๑ Oh je pourrais vous en parler longuement … Le mieux serait encore que vous le découvriez par vous même, il serait alors plus intéressant d'en discuter par la suite.

Puisque la proposition lui était ainsi faite, Sensui n’allait pas s’en défendre. Il avait aimé la plume de feu la mère de Lena et se pencher sur un autre de ses ouvrages, même non-aboutit, était une idée qui savait le séduire.

La jeune femme lui parle ensuite du contenu de l’œuvre… Et si Sensui ne tique pas alors qu’il est questions de « leurs aïeuls », c’est qu’avec le temps on apprend à faire avec ce genre d’affirmation. Il était bien sûr évident que ceux de Sensui remontait à si loin que Lena ne les imaginait probablement même pas et on ne pouvait guère le lui reprocher. Heureusement, pensait-il également, la mère de la blonde et lui-même n’avaient jamais été d’intimes amis. Il aurait été pour le moins ennuyeux que ne serait-ce qu’une seule ligne le concerne de près ou de loin et eu permis une relative identification. Car si le lecteur lambda serait sans aucun doute passé à côté, Lena devait avoir lu tant et tant ce dernier ouvrage que chaque mot devait lui être imprimé dans la tête.

Il n’y avait qu’à écouter comme la caucasienne lui parlait avec un respect teinté de passion et d’admiration de sa mère. Parce que finalement, c’était bien d’elle qu’ils parlaient, aux vues des sujets abordés dans les documents que Lena prévoyait de lui remettre. A l’époque qui avait vu naître Sensui, le respect familial était plus grand qu’aujourd’hui. Et pourtant… Les relations n’étaient pas les mêmes non plus. Lui n’avait jamais connu cet amour ni cette complicité avec un parent. Ho, il avait aimé les siens, qu’on en doute… Juste avant de les détester, de les haïr même après qu’il l’ait vendu à un bordel. Enfin non… Pas un bordel… Mais « la classe » de ces maisons closes n’était qu’un cache misère, d’une certaine façon…

Lena se froisse lorsqu’il évoque la possibilité d’une reproduction de ce qu’elle comptait lui offrir. Mais lui avait préféré l’exprimer pour dissiper un doute qui aurait pu naître chez la jeune femme d’ici à ce qu’ils se rencontrent pour sceller leur accord. S’aurait été dommage qu’elle s’imagine qu’il puisse faire quelque chose de cet ordre et que plutôt que de venir au Bloody Sunday, la blonde décide simplement de se débarrasser de sa carte.

Elle s’affiche comme une beauté froide, noble… Et c’est une attitude qui, au-delà de la réticence de Lena, le séduit. Il aimait les femmes dignes, surtout dans l’adversité et si on le jugeait très souvent comme un homme difficile, rude et sévère… Personne ne pouvait sans doute nier que Sensui s’obligeait à la même conduite ! Il s’était auto-contrarié dans son adolescence… Il avait apprit l’art de la calligraphie, des danses traditionnelles, de l’art et de la musique… La conversation et le charme… Toujours avec une rigueur qu’aucune jeunesse actuelle n’aurait acceptée ou même tolérée. On ne dormait pas beaucoup, de son vivant… Mais aujourd’hui, les hommes étaient le plus souvent fainéants et les femmes vulgaires.

Ha… ! Les femmes ! Même celles qui voulaient s’enorgueillir d’être des japonaises exemplaires ne l’étaient pas toujours ! Elles étaient rares, celles là ! Mais ô combien précieuse…

Plusieurs fois, Sensui avait été tenté de demander la compagnie d’une des femmes de l’Hanamachi du Lotus… Pas pour toucher ni réellement pour profiter de leur compagnie et de leurs talents… Peut être juste pour être « de l’autre côté du miroir » ou bien se rappeler de très vieux souvenirs qu’il se surprenait parfois à chérir autant qu’à détester. Le vampire avait en revanche toujours repoussé cet étrange caprice, de peur d’être… Déçu peut être bien. Ou de peur d’être assaillit par de très vieux souvenirs. Les lieux avaient beaucoup changé en dehors de quelques baraquements… Mais l’atmosphère y était toujours un peu la même, comme hors du temps. Bref… Il digressait bien loin de la jeune fille avec laquelle il était présentement assit… Si loin qu’il ne savait même plus comment il était passé d’une jolie blonde aux yeux bleus rencontrée en 2011 à un lieu d’une vingtaine d’année il y avait huit cent ans…

๑ Je n'hésiterai pas, je vous le promets. Je suis certaine que vous saurez apprécier ce manuscrit, et j'ai hâte d'entendre ce que vous en pensez... Je l'ai lu maintes fois, mais peut être pourriez vous m'apportez un nouveau regard et de nouvelles pistes à explorer…

Sensui rebranche un instant… Et acquiesce, se levant par le fait même. Peut être que ce n’était pas une conclusion à leur conversation de la part de Lena mais à présent que tout ceci avait été vu et que ses vieux souvenirs se bousculaient aux portes de sa mémoire, Sensui n’avait plus qu’une hâte : rentrer dans ses appartements, s’étendre sur son lit, jouir d’un silence imparfait mais salvateur et prendre un repos qui a défaut d’être physique, était soudainement psychologique.

๑ Ce sera un plaisir et même un honneur que d’échanger nos visions de l’œuvre de votre mère prochainement, Lena.

Puis venant mettre ses mains dans ses poches comme s’il pouvait avoir froid avec tout ce sang ingurgité un peu plus tôt, il ajoute :

๑ Je crois qu’il est temps pour moi de rentrer. Ne serait-ce que pour surveiller mon établissement. J’ai été ravie de vous rencontrer et je vais attendre avec impatience votre retour vers moi, quand il vous plaira.

Sur ce, Sensui s’incline poliment et respectueusement vers la jeune femme avant de faire quelques pas pour s’en éloigner. Il finit par tourner les talons mais vient regarder en arrière, par-dessus son épaule.

๑ Si vous me permettez un conseil, vous devriez rentrer chez vous pour cette nuit.

Parce que dans le coin, les gorges appétissantes ne traînaient pas longtemps sans que des crocs ne se posent sur elles…


Revenir en haut Aller en bas


Anonymous


Invité

☩ Invité ☩

MessageSujet: Re: In search of tranquility ♦ Kuromiya Sensui   In search of tranquility  ♦ Kuromiya Sensui Icon_minitime1Mar 26 Juin - 17:20


    Alors que Lena parle de l'œuvre de sa mère à Sensui, ce dernier semble peu à peu décrocher de leur conversation, pour s'envoler vers de biens lointaines pensées que la jeune femme ne pouvait pas même imaginer. Elle ne s'en rend d'ailleurs au début pas vraiment compte, elle même étant plongée dans de nombreuses réflexions. Tout ce qui pouvait concerner sa mère était source de bien des songeries pour la jeune femme, et mieux fallait-il faire attention à ce que l'on pouvait dire. D'ailleurs, il était extrêmement rare que la jeune femme parle de sa mère à qui que ce soit, ce sujet étant bien trop intime, et trop sensible. Pourtant, quand elle en parlait, son admiration était largement perceptible, et dissimulait presque complètement la nostalgie présente dans sa voix. Cela pouvait laisser croire, à tord, qu'elle avait parfaitement su aller au delà du traumatisme de son enfance. C'était bien loin d'être le cas, et c'était présentement pour cela que parler de sa mère restait pour la jeune femme assez délicat.

    Aujourd'hui, les séquelles de ce traumatisme n'étaient plus les même qu'autrefois, mais elles subsistaient cependant. Cette partie tourmentée de sa personnalité, Lena la cachait aujourd'hui presque parfaitement et seule sa musique pouvait la laisser entrevoir. Cependant, il y avait encore sa phobie viscérale pour le feu qui pouvait témoigner au grand jour de cette blessure du passé. Cette peur n'était pas encombrante dans la vie de tous les jours, fort heureusement. Malgré tout, elle lui avait tout de même déjà causé du tord, un simple feu de cheminée étant capable de la mettre dans une angoisse extrême.. Et dans ce genre de situation, il lui était bien difficile de justifier sa réactions par une explication qui ne la faisait pas passer pour une folle. Enfin, cela n'était que rarement arrivé, et Lena avait une fierté bien assez solide pour ne pas se laisser atteindre par les jugements des autres. Qu'on la croit folle et inadapté, qu'on la trouve étrange, ou bien qu'on l'admire et qu'elle fascine .. Peu lui importait en vérité. Et de toute manière, Lena était une artiste, et pour beaucoup, le véritable artiste ne se doit-il pas de flirter avec la folie ? De « cultiver une âme monstrueuse » comme le voulait Rimbaud ? Dans l'imaginaire collectif, il s'agit d'un être en marge et incompris par ses semblables, certains considérant même qu'il a le devoir de cultiver cette différence. « Les grands artistes ne sont pas les transcripteurs du monde, ils en sont les rivaux. » ; cette citation d'un écrivain français résumait plutôt bien la pensée de la scandinave.

    La mère de Lena avait une vision assez similaire de la notion d'artiste, bien qu'aussi très différente. L'observation des autres était pour elle primordiale, et ainsi elle se montrait bien plus curieuse et ouverte que sa progéniture. Madelen avait été une femme relativement accessible, bien qu'elle possédait cette noblesse qui l'élevait largement au dessus du communs des mortels. Lena n'avait pas hérité de cette intérêt, voir de cette bienveillance pour les autres. Du moins, elle l'avait perdu .. et ne l'accordait à présent pas à n'importe qui. On pouvait la trouver froide et c'était tout à fait légitime. Mais en revanche ce que bien peu de personnes pouvaient soupçonner, c'est que cela n'était qu'un masque qu'elle avait su se façonner avec le temps, et qu'elle était capable d'en porter un autre selon les occasions. Se retrouver face à la « véritable » Lena était à présent difficilement possible, la jeune femme ne sachant plus se comporter autrement qu'à travers ses faux-semblants.

    «  Ce sera un plaisir et même un honneur que d’échanger nos visions de l’œuvre de votre mère prochainement, Lena. »  

    Lena tourne alors la tête vers son interlocuteur, qui s'étant levé, décide visiblement de mettre fin à leur conversation. La jeune femme reste immobile et n'ajoute rien, puisqu'en effet ils avaient très certainement pour ce soir fait le tour de la question.

    «  Je crois qu’il est temps pour moi de rentrer. Ne serait-ce que pour surveiller mon établissement. J’ai été ravie de vous rencontrer et je vais attendre avec impatience votre retour vers moi, quand il vous plaira. »  

    Lena s'incline à son tour poliment, tout en déclarant, un sourire discret mais sincère se dessinant à ses mots sur ses lèvres :

    «  J'ai également été ravie de faire votre connaissance, c'est avec plaisir que j'échangerai à nouveaux quelques mots avec vous. »

    L'homme commence alors à s'éloigner, s'apprêtant à disparaître dans la nuit. Ce n'est que lorsqu'il tourne le dos à la norvégienne que celle-ci détourne son regard. Sensui ne disparaît pourtant pas immédiatement, et donne un dernier conseil avisé à la jeune femme.

     « Si vous me permettez un conseil, vous devriez rentrer chez vous pour cette nuit. »

    C'est la deuxième fois qu'il fait allusion au danger que court la jeune humaine en restant ici à cette heure tardive. Cela aurait pu l'agacer, mais au contraire cela la fait sourire. Elle ne pouvait pas savoir à quel point il pouvait savoir de quoi il parlait .. Mais elle avait de toute évidence à faire à une personne des plus intelligentes , et il serait stupide de sa part de ne pas prendre en compte cet avertissement.

    «  Je ne comptais pas m'éterniser ici de toute manière. Mais merci de vous soucier de ma sécurité, je ne me montrerai pas imprudente ce soir. Vous aussi, rentrez bien.. »  

    Autrement dit, Lena allait rentrer promptement, et se montrer sage pour cette nuit. Mais.. assurer qu'elle adopterait de manière permanente un tel comportement aurait été un pur mensonge, et Lena ne voyait aucune raison de mentir à Sensui. Elle s'était de plus elle aussi permise de glisser poliment un discret avertissement à son interlocuteur, car après tout, il ne lui semblait pas vraiment plus apte à se défendre qu'elle ..

    Elle l'observa ensuite quelques instants se fondre dans l'obscurité, avant de relever les yeux vers le ciel, soupirant doucement. Elle se sentait sereine, malgré le fait que cette rencontre ait remué en elle de lointains souvenirs. Elle resta quelques minutes assise, avant d'enfiler la bandoulière de son sac sur son épaule et de se lever. Et, avec insouciance, elle s'enfonça dans les ténèbres, direction son appartement, qui heureusement n'était qu'à quelques pas de là. Elle allait continuer à travailler chez elle ce soir, et nul doute que son inspiration allait être fertile au vue de tout ce qui avait pu venir traverser son esprit durant sa brève discussion avec Sensui.



    Cloture du sujet.


Revenir en haut Aller en bas





Contenu sponsorisé

☩ ☩

MessageSujet: Re: In search of tranquility ♦ Kuromiya Sensui   In search of tranquility  ♦ Kuromiya Sensui Icon_minitime1




Revenir en haut Aller en bas
 

In search of tranquility ♦ Kuromiya Sensui

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 ::  :: Taitô :: L'Étang Shinobazu-