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 Dark was the night

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MessageSujet: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Mar 7 Aoû - 21:17


9 Novembre, 22h25.

« Sasara a été importunée par un chasseur, la nuit dernière. Il a mystérieusement disparu… Ces pauvres humains devraient décidément apprendre à s’attaquer à la bonne proie. »

Deux vampires dans la nuit. Le premier, brun, le regard sombre, le teint pâle et tout de noir vêtu arborait une attitude noble et princière tout en s’exprimant, et un claquement de dents ponctua sa phrase. Le second semblait un peu moins aristocrate quoique toujours plus distingué que le commun des mortels, et à la façon dont il répondait, on devinait qu’il s’élevait moins haut dans la hiérarchie. Shiro pensait souvent au problème des chasseurs ; ce soir encore. Bien souvent, ces humains impudents s’attaquaient aux vampires les plus nuisibles, ceux qui n’avaient pas de géniteurs pour les guider, ceux qui étaient trop sauvages, ceux qui se montraient trop imprudents et qui risquaient de dévoiler leur secret aux humains ordinaires. Dans ces cas-là, les chasseurs étaient utiles, ils faisaient le travail qu’il fallait faire. Mais d’après ce que Shiro avait vu, tous les chasseurs semblaient s’attaquer au premier vampire qu’ils croisaient – et le fait qu’ils s’en prennent à la bonne proie semblait tenir de la chance. Le problème ‘chasseurs’ était donc mesurable… Des vampires importants étaient attaqués, d’autres encore, se faisaient tuer sans raison valable. Pour le Conseil et toute la population vampirique, cela devenait alors problématique, et ces humains nuisibles devaient disparaître – c’était eux ou les vampires, et bien vite, les créatures de la nuit avaient fait leur choix. L'Ordre, au moins, faisait ce qu'il fallait, et les relations qu'ils avaient avec le Conseil continuaient d'être pleines de sagesse et de respect mutuel.

Shiro, de son côté, avait croisé des dizaines de chasseurs. Beaucoup avaient péri sous ses crocs, d’autres encore y avaient échappés, enfin, d’autres avaient simplement eu de la chance. Très souvent, la traque l’amusait. Etre le chassé tenait de l’exotique, il sortait de la routine et c’était tellement drôle qu’il s’en délecterait toute une nuit. Il jouait avec un chasseur, le faisait courir, et au final, il le vidait de son sang et s’en allait. Un véritable jeu… Terminant de philosopher à propos des chasseurs, de son doute quant à la disparition de ses derniers, Shiro renifla l’air et redressa le menton. L’autre vampire le salua pour partir chasser, mais le Conseiller, lui, n’était pas de cette humeur. Il allait pourtant devoir ramener un humain à sa fille vampirique, les nouveau-nés avaient besoin de se nourrir régulièrement. Un soupir. Puisque c’était nécessaire, il se mettrait à la recherche d’une proie. La nuit était le refuge idéal des désirs vicieux, cachés, de l’alcool enivrant, de la recherche de l’inconnu. La plupart du temps, le Conseiller n’avait aucun mal à se trouver une victime et à la séduire pour la ramener avec lui. C’était si facile. Il n’avait qu’à trouver un endroit fréquenté, là où tous les humains bavassaient et buvaient, l’air d’attendre qu’un prédateur vienne à eux.

Shiro passa le seuil du bar, et à peine mit-il un pied à l’intérieur que les effluves de bière, d’alcool et de sang lui chatouillèrent les narines. Les corps chauds se mettaient en mouvement dans un coin de la salle, les ondulations de ces hanches rythmées par une musique sourde et lascive. L’endroit était propre, chic, tout à fait le genre du Conseiller dont les goûts se montraient tout à fait à la hauteur de son intransigeance. Il se fraya un chemin jusqu’au comptoir, où pour faire bonne impression, il commanda un verre de bourbon qu’il ne comptait pas du tout boire. Les substances ‘pour humains’ ne lui convenaient pas ; en tant que vampire, il ne supportait que le sang – et en plus de ça, il choisissait sa proie avec attention. Le liquide doré s’agita sous le mouvement vif du vampire qui se saisit du verre, le bourbon clapota, Shiro pinça les lèvres – ça ne lui donnait pas du tout envie. Il s’enfonça un peu plus dans le bar, trouva un siège près du comptoir auquel il s’accouda.

La chasse était ouverte ; le regard ténébreux du brun parcourut la salle à toute vitesse. Shiro était expérimenté, il savait flairer une proie en moins de quelques secondes. Il lui suffisait ensuite de passer à l’attaque – façon de parler – pour l’enivrer de belles paroles. Homme ou femme, après, rien ne lui résistait – bien qu’il ait une grande préférence pour les femmes. Elles fonctionnaient sur le plan de sentiments, des émotions, et c’était donc bien plus facile. D’ailleurs, en parler de flairer, le Conseiller venait de repérer sa future proie. Il se détacha du bar, toujours le verre en main pour éviter qu’on ne l’invite à danser – jamais il ne s’abaisserait à danser avec la nourriture. L’humaine qu’il avait choisie était une belle femme, de longs cheveux châtain, la gorge généreuse, la peau lisse et les lèvres bien roses. Elle était délicieuse, et dans tous les sens du terme pour Shiro. Cependant, alors qu’il s’approchait de la belle, le regard du Conseiller ne manqua pas de repérer quelqu’un qu’il connaissait. Des cheveux blonds, un regard gris. Un chasseur. Il l’avait rencontré quelques nuits auparavant, et il lui avait généreusement laissé la vie sauve. A présent qu’il le rencontrait de nouveau, il se demanda pourquoi.

Le vampire ne fit cependant aucun mouvement pour venir vers lui, pour l’attaquer ou l’intimider. Il resta simplement debout, stoïque, le verre à la main, à le fixer intensément. Son regard noir semblait vouloir le transpercer de part en part. La coïncidence était amusante ; quelques minutes à peine auparavant, il pensait aux chasseurs, et voilà qu’il en trouvait un. Coup d’œil vers la femme, son regard revint sur le blond. Shiro étira lentement un sourire en repensant à sa fille qui devait mourir de faim. Très bien. Il venait de lui trouver une proie de choix… Il fendit la foule pour aller vers le prêtre, qu’il gratifia d’un salut de sa voix de velours.

« Bonsoir, mon Père. »

Le chasseur n’avait pour l’instant rien à craindre, Shiro n’attaquerait jamais devant une foule aussi importante. Il suffisait juste de le faire sortir… Et quoi de mieux qu’un peu d’alcool pour embrumer les esprits. Shiro avait trouvé sa proie, et contrairement aux apparences, il était déjà en train de chasser.




Dernière édition par Hiraiwa Shiro le Lun 24 Sep - 16:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Mar 7 Aoû - 21:51


On disait et répétait aux newbies de ne pas s'attaquer à trop fort, trop vieux ou trop rusé pour eux, et surtout pas seul. La plupart écoutaient. Les autres ne survivaient en général pas assez longtemps pour inculquer leurs méthodes de chasse à quelqu'un d'autre. Bien sûr, la chance jouait aussi, puisque le gibier des chasseurs était composé de prédateurs. En somme, d'innombrables facteurs pouvaient mener à une mort prématurée, mais le savoir ne rendait pas plus agréable l'annonce de la mort d'un collègue. En l'occurrence, c'était officiellement une disparition – un de ces mots qu'on mettait sur une mort présumée, sans pouvoir franchement la prouver. L'apprendre était d'autant plus étrange, et pas dans le bon sens du terme, que les traces laissées par un certain vampire disparaissaient tout juste de la gorge d'Orléans.

Ressasser la mort d'un presque inconnu n'était pourtant d'aucune utilité, il le savait bien, et mais il lui avait fallu trouver une autre activité sur laquelle se concentrer. Une demande de traduction d'un vieux manuscrit était tombée à temps pour meubler utilement son temps après sa session d'entrainement : un texte dans un latin un poil archaïque mais intéressant. De mot rare ou déformé en structure complexe, la journée avait filé assez rapidement, et c'est relativement tard qu'il avait mis un point final à sa lutte avec le manuscrit. De façon assez étonnante, celui à qui il devait le remettre avait insisté pour fixer un rendez-vous dans la soirée. Oui, parce qu'ici, au coeur d'une Tôkyô pleine de lumière, de néons, d'ondes wi-fi et de modernité, il y avait encore quelques specimens travaillant pour le Vatican qui s'acharnaient à faire planter les ordinateurs rien qu'en les regardant ou capables de vous demander à quoi servait une clé USB, puisque eux voulaient stocker des données, pas ouvrir une serrure. Version papier à livrer en main propre, donc...

Le temps de récupérer un set d'armes et de cartouches, une veste épaisse et d'affronter l'orage qui régnait dehors et innondait les rues, il était presque vingt-deux heures quand le jeune homme avait atteint le bar où était fixé le rendez-vous. C'est en secouant sa chevelure blonde qui tirait plus sur le fauve ou le châtain pour en chasser quelques gouttes qu'il était entré, s'installant non loin d'une fenêtre. Le son et la vision de la pluie avaient quelque chose de très apaisant, même dans ce cadre urbain de piétons pressés. Bon, certes, c'était une autre affaire quand il fallait courir sur des toits mouillés, deviner un pas léger au travers du bruit de l'averse, quand les trombes d'eau poussaient certains à profiter du parapluie si gentiment offert par un inconnu dont le sourire ne dévoilerait que plus tard ses crocs. Ça compliquait les choses, mais ce n'était pas une excuse pour ne pas faire son boulot.

Orléans était donc en train de se motiver pour quitter la table où il était installé avec un thé plus tiède que chaud à ce stade lorsqu'une présence attira son regard. Les iris sombres d'un certain démon étaient fixé sur uns silhouette parmi les danseurs que le prêtre ne distinguait pas d'ici. Dans ce genre de circonstances, prédateur et chasseur étaient obligés de se comporter en être civilisés, le premier pour trouver sa proie du soir, le second pour saper cette traque qui s'esquissait. Il fronça les sourcils, réfléchit un instant tout en observant comment la situation évoluerait.

Il n'eut finalement même pas à esquisser un geste que le regard sombre accrochait le sien, comme averti par un sixième sens. Tout à fait calme, le blond ne broncha pas. Ils savaient tous deux que les environs les contraignaient aux eux de masques de la vie ordinaire, après tout... Ce fut plus surprenant pour Orléans de le voir se diriger vers lui après un regard à sa probable cible précédente, sourire aux lèvres. Pourquoi venir le saluer ? Pour lui rappeler qu'il avait eu la main haute lors de leur dernière rencontre, par défi ?

"Bonsoir mon fils."

Indéniablement, cela sonnait étrangement, un tel titre pour un tel être, bien plus âgé que lui. Mais quitte à rentrer dans son jeu, autant bien le faire, ne serait-ce que pour d'éventuelles oreilles indiscrètes, d'autant que tout échange pourrait laisser à une éventuelle cible de s'échapper, de disparaître de la piste de danse et d'aller se perdre dans la foule, ailleurs. Sans laisser paraître cette pensée, le prêtre s'octroya une gorgée de sa boisson après s'être adossé de façon à pouvoir garder à l'oeil le fauve à visage humain.

"L'orage aurait-il interrompu votre promenade nocturne, pour que l'on vous trouve ici quand vous m'aviez semblé préférer le calme ?"

La voix, posée, était un élément de plus dans son attitude de vigilance calme - parce qu'un bon chasseur doit rester calme pour rester maître de lui. Pourtant, il y avait quelque chose de presque déconcertant à l'idée d'être là, face à face, après les poursuites, les coups, les blessures. Le démon était à nouveau retranché derrière sa façade humaine, lui drapé de sa prêtrise plus que de son statut de chasseur, comme si le monde ordinaire tenait à étouffer le jeu silencieux et potentiellement mortel qui se déroulait en permanence, dès la tombée de la nuit. Jeu de masques, de réflexes, de ruse... et une fois de plus, ils se croisaient sur le plateau, autour d'une vie humaine que l'occidental comptait bien protéger.
Et tant pis pour les règles à l'intention des débutants conseillant d'éviter de s'attaquer seul à trop fort, trop vieux ou trop rusé pour eux - voire conseillant d'éviter de le faire deux fois presque d'affilé.

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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Mer 8 Aoû - 9:14


Mon fils. Ca le faisait toujours autant rire. Mon fils. Quelle blague. Le sourire de Shiro s’étira un peu plus. Plus personne ne pouvait l’appeler comme ça, aujourd’hui. Il n’était plus le fils de personne, il était le dieu de son monde. Le chasseur avait dû s‘en rendre compte, le vampire suivait ses désirs et ses choix, et ni les injonctions pleines d’une foi religieuse, ni les balles d’une arme à feu n’avaient pu le détourner de son but. Shiro avait toujours obtenu ce qu’il convoitait. Toujours. Il avait convoité le sang de ce prêtre et l’avait eu. Cela semblait être une règle omnipotente de son monde fait de ténèbres et de chasses. Ce qui Shiro veut, Shiro l’a. Les lois du dieu du chasseur n’avaient pas pu contrer cette règle d’or, l’humain en avait violemment fait les frais, s’étant fait voler son sang sans plus de cérémonies. Il était amusant de voir à quel point il semblait confus de revoir le vampire, et si le Conseiller ne le montrait pas, il avait été tout aussi stupéfait de revoir le chasseur. Lui qui laissait rarement ses proies en vie, revoir les heureux chanceux était encore plus rare. Et en deux jours à peine… Voilà qu’une force invisible semblait les réunir, songea Shiro avec humour. Son regard pétilla d’une malice presque malsaine car ses réflexions lui donnèrent une idée ; il allait encore pouvoir s’amuser avec son très cher Père.

« Vous savez très bien pourquoi je suis ici… », Répondit-il d’une voix tout aussi posée. « Je viens en ces lieux car j’ai senti votre ‘appel’. Ma morsure vous manque ? »

Il posa la question d’une voix plus basse, presque lascive. Dans le brouhaha ambiant, personne ne pourrait surprendre leur conversation. Semer le doute dans l’esprit de l’humain, créer une faille et s’y engouffrer. La verve de Shiro commençait à vouloir se manifester. Ceux qui étaient au courant de l’existence des calices craignaient bien souvent d’en devenir - quelle honte ce serait, pour un chasseur ! Que d’ennuis cela entraînerait, pour le pauvre prêtre. S’il était vraiment devenu le calice de Shiro, alors il ne pourrait pas le tuer sans courir le risque de mourir à son tour, terrassé par le manque – en admettant qu’il parvienne à éliminer le Conseiller, bien entendu. Et ce serait le comble, pour un chasseur, de mourir de par la mort d’une créature des ombres. Shiro pouvait en tout cas se l’avouer, il avait caressé de près l’idée de réellement faire du prêtre son calice, mais il était au courant que si le chasseur ressentirait le manque de la morsure, de son côté, il connaîtrait une même addiction. Et c’était en quelque sorte une perte de contrôle, un manque de sang-froid – tout ce que le vampire détestait.

« Si ce n’est pas le cas, alors ce le sera bientôt… Et je suis là pour vous venir en aide, mon Père. » Honteux mensonge – pourtant, étrangement, Shiro n’avait jamais l’air de mentir. « Considérez cela comme un repenti, une manière de me faire pardonner mon acte honteux de cette terrible nuit. »

Un humain ne pouvait pas tout savoir d’un vampire ; seul un vampire pouvait tout savoir d’un vampire. Shiro était donc au courant de toutes ces histoires de calices, de morsures et autres liens, tandis qu’un humain n’en connaissait en quelque sorte que la partie immergée de l’iceberg. Il ne pouvait pas être totalement au courant des conséquences de l’acte s’il n’en avait jamais été victime. En babillant alors de tels mensonges, le Conseiller savait que si le prêtre n’y croirait pas, même inconsciemment, un infime doute naîtrait en lui. Et c’était son seul objectif. Après, qui savait ce qui naîtrait de ce doute ? Une réticence du chasseur à éliminer Shiro, de peur qu’il ait dit vrai ? Une sensation de manque, illusion de l’esprit trompé ? Ou encore d’autres doutes ? Et la vérité, dans tout cela ? Seul Shiro la possédait… Dans une salle aussi fréquentée, on se battait comme on pouvait, et puisque les poings n’avaient pas leur place dans un endroit pareil, cela se passerait autrement.

Le vampire pivota légèrement la tête pour apercevoir la nuit à travers la fenêtre. La pluie continuait de tomber, il l’entendait à travers le bourdonnement des discussions, de la musique et de l’alcool qui coulait dans les verres. Vampire ou pas, c’était toujours aussi désagréable de se mouiller. Il attendrait que le temps se fasse plus clément avant d’emmener le prêtre avec lui pour lui accorder sa dernière prière – s’il affirmait qu’il ne lui voulait pas de mal, ses intentions étaient toutes autres, en réalité. Quoi qu’il en soit, il allait devoir s’attarder un peu plus en ces lieux bruyants qu’il n’appréciait pas tellement, l’humain avait eu raison, Shiro préférait le calme. Surtout que dans un endroit pareil, la chasse était impossible, il fallait préalablement isoler la proie. Le Conseiller ne s’inquiétait pas trop du déroulement des choses, comme d’habitude, il avait une confiance absolue en lui, et le dieu du chasseur qui les contemplait d’en haut ne l’inquiétait nullement. Il l’avait défié impunément, la dernière fois, et nulle foudre ne s’était abattue sur lui, nulle punition ne lui avait fait regretter son acte.

« Ce n’est pas votre Dieu qui vous aidera. Il n’en a pas les capacités. »

Affirma-t-il avec autorité, comme à son habitude. Cependant, il avait raison. Pour un calice souffrant de manque, seul son vampire pouvait le soulager. Ici, il n’y avait ni lien, ni calice, mais il suffisait de le lui faire croire…


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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Mer 8 Aoû - 11:02


Il se doutait de pourquoi l'autre était ici, oui. La chasse surement, encore qu'une chasse plus subtile, exposée aux yeux d'un monde qui ne se doutait de rien, à quelques exceptions près. Sauf que le blond s'était apparemment trompé, en cherchant la cible du prédateur parmi les danseurs. La suite de la réponse lui fit froncer les sourcils, un doute se glissant en lui. Ç'aurait pu être de la provocation, un nouveau jeu sur un bluff. Pire, ç'aurait pu être un jeu cruel sur la stricte vérité. Allez savoir, avec un tel acteur... Le blond s'accorda une nouvelle gorgée pour réfléchir, pour vérifier que sa respiration et son expression ne trahissaient pas son trouble, quitte à avoir l'air trop neutre.

"Si c'est le Diable qui vous a transmis cet appel inexistant, il fait un bien mauvais messager, à moins qu'il ne soit juste tellement ennuyé qu'il s'abaisse à ce genre de jeux."

Toute la mauvaise foi du monde n'aurait pu ôter à la morsure son côté euphorisant sur le moment la paix paradoxale qu'elle procurait alors même que la vie vous fuyait. Mais de là à dire qu'il y avait addiction si rapidement, il y avait un pas. Orléans serra les dents alors qu'il reposait avec douceur sa tasse, toute son attention concentrée sur ce démon à la voix de velours, image de tentation mortelle et de doute. Il n'aurait pas osé, si ? Il n'avait pas prélevé assez de sang pour cela, si ? Plus pâle qu'il ne l'aurait souhaité, le blond secoua doucement la tête, comme si le geste pouvait éloigner cette perspective, cette possibilité, même infime, qu'il soit devenu calice. On faisait difficilement pire pour un chasseur que devenir calice : cela revenait à être complètement dépendant d'un être qu'on aurait en temps normal abattu et que l'on ne pouvait tuer sans risque, ironiquement, de se tuer avec.

"Je doute que vous transformiez en calice quelqu'un qui vous a pris pour cible. Ce serait absurde..."

Absurde et dangereux, éventuellement. Enfin, peut-être qu'il se faisait une idée fausse du lien entre calice et vampire, parce que ce terme de calice avait des consonances solennelles à défaut de sacrées. Si on n'appelait pas ça "garde-manger attitré" ou "chasse gardée", c'était qu'il y avait matière à parler de lien, non ? Quoi que... Certains auraient pu arguer que c'était juste plus court et plus élégant, et donc que cela ne risquait pas trop de défriser les vieux vampires un peu vieux jeu.

Il y avait tout de même une question en suspens dans sa phrase, un doute infime malgré la tentative d'Orléans pour se raccrocher aux arguments logiques. Les facteurs défilèrent dans son esprit, en vrac : les blessures qui auraient pu exiger que le prédateur prélève plus de sang que ce qu'il escomptait, le jeu qu'il avait instauré en le laissant filer, le fait que cela aurait pu expliquer qu'il soit encore en vie... Puis il y avait ces rumeurs de sang convenant plus ou moins à tel vampire, régissant le choix d'un calice. Non, il fallait qu'il arrête de se torturer avec ça. L'autre le ferait très bien sans qu'il l'aide, persiffla une petite voix au fond de sa conscience.

Sa main se leva pour aller effleurer la croix oscillant au bout de sa chaine d'argent dans un geste familier, réconfortant. Comme pour tenter de le déstabiliser, la voix de velours, se parant de nuances plus autoritaires, revint affirmer que son Dieu ne pourrait pas l'aider. Un haussement de sourcil accueillit cette déclaration. C'était intriguant de voir cet être passer du repentir peut-être feint à un refus du pouvoir divin en quelques instants. Le prédateur se drapait d'illusions, de contradictions, de tensions, dérobant son essence au regard de l'humain. Allez démêler le vrai du faux, quand il n'y avait que des nuances de peut-être vrai, de pas tout à fait faux, de non-dits, de points de vue présentés comme réalités, de mensonges nappés d'une couche de vraisemblance.

"La Foi sauve. Je ne m'attends pas à ce que vous tombiez foudroyé, même si ce serait sans doute très pratique. Mais c'est un soutien, ce qui est suffisant en soi."

Et Dieu savait qu'il allait en avoir besoin si le manque propre aux calices se manifestait... Si, parce que rien ne prouvait qu'il se manifeste bel et bien un jour. Il va sans dire que le jeune homme espérait vivement qu'il ne se manifesterait même jamais, que c'était une tentative pour le déstabiliser, le pousser à faire quelque chose d'absurde. Un instant, il se demanda si abattre le vampire avant que le glas du manque ne se manifeste résoudrait le problème. Peu de chances... Puis à nouveau, Orléans balaya la pensée. Non, non, non, il refuserait d'admettre cette possibilité tant qu'il n'aurait pour preuve que la parole de son vis-à-vis dont, il le savait, les mots étaient des outils de chasse.

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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Mer 8 Aoû - 14:44


« Oh, mais justement, mon Père, justement… Ainsi vous perdez toute raison de me traquer. »

Shiro répliquait sur le ton de la plaisanterie, comme si il s’agissait d’une petite dispute entre amis qui enfin prenait fin. Mais c’était bien plus que ça, et les deux chasseurs étaient au courant de ce qui était mis en jeu ; leur vie. Drôle de manière de se battre, cette fois-ci, mais le vampire s’adaptait toujours, aujourd’hui ne ferait pas exception. Il avait évolué dans ce monde de plus en plus civilisé, et était bien vite venu à bout des premiers soucis de chasse en trouvant des solutions – parfois très élaborées. Une serveuse passa, plateau à la main, fendant la foule en direction d’une table, et d’un geste discret et vif, le Conseiller déposa son verre de bourbon dessus. Il n’en avait pas bu une goutte. Le seul liquide qu’il acceptait de boire n’était malheureusement pas servi au bar. Le prêtre le savait. Il était le seul, ici, à le savoir. Des paroles. Shiro n’avait que ça pour en venir à bout du chasseur, et le vampire était forcé d’admettre que sans possibilité d’user les poings et la force, ils partaient sur un point d’égalité. Il fallait qu’il retrouve l’avantage, d’une manière ou d’une autre.

« Le soutien n’est pas suffisant, vous l’apprendrez bien assez vite. Et, quand au bord du gouffre, terrassé par l’envie d’une morsure, la vie vous quittera, ce n’est pas votre Dieu que vous appellerez au secours, mais bel et bien le Diable en personne. Vous le supplierez de m’appeler pour que par mes crocs, je vous sauve… »

Sa voix prenait des accents malsains et terriblement inquiétants. Peut-être parce que c’était la vérité, au fond. A moitié seulement, mais la vérité quand même. Les calices ne contrôlaient plus rien quand le manque venait à bout de leurs nerfs. Shiro en avait vu se tordre par terre, mus par une douleur inexistante, psychologique et pourtant incroyablement forte. Le lien du sang et des crocs, en quelque sorte, un lien dont il ne fallait pas sous-estimer le pouvoir. Un lien tout aussi fort liait Shiro et sa fille vampirique, le même lien qu’il avait partagé de longues années avec sa génitrice. Un sourire madré ourla les lèvres du Conseiller alors qu’il adressait au chasseur un regard profond. Ne jamais laisser lire à l’adversaire ce que l’on pense vraiment. Le vampire s’assurait toujours de respecter cette règle, et ce, avec qui que ce soit. Vampire ou humain, chasseur ou citoyen, personne n’accédait aux pensées du Conseiller. Alors, continuant sa comédie, brodant son mensonge au fil de ses paroles, il se pencha sur le chasseur, approchant ses lèvres de son oreille.

« Vous savez, vous pourriez m’être très utile. Je vous indiquerai les bonnes proies, et vous les réduirez en cendres pour moi. En échange… Je vous offrirai ce que vous désirerez grandement dans peu de temps : une morsure. »

Comment savoir, comment démêler le vrai du faux ? Shiro avait à la foi l’air sincère et moqueur, mais il fallait se méfier des prédateurs… Et comment être sûr que cette morsure ne l’avait pas transformé, comment être sûr que dans quelques jours le manque sonnera le glas de ce pénible désir, qui, peut-être, viendrait le visiter ? Justement. On ne pouvait être sûr de rien, et de cela naissait le doute, pour que du doute naisse la peur. Il n’y avait rien de plus inoffensif et sans défense qu’un humain apeuré. Mère de toutes les émotions, pulsion primale, elle protégeait l’humain des dangers, tout en le réduisant à ce qu’il était réellement : un animal. En tant que vampire, Shiro l’avait souvent vue, la peur. Il était resté spectateur de ces cris, ces hurlements, ces frissons qui trahissaient tous la terreur face au monstre qu’il était. Un rythme cardiaque qui s’accélère, les pupilles qui se dilatent, des sueurs froides… Plein de petits mécanismes qui s’activaient chez ses proies, pour finalement disparaître totalement une fois les crocs dans la gorge, et cette jouissance qu’ils touchaient du bout des doigts.


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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Mer 8 Aoû - 16:19


C'était un pari risqué que cette affirmation selon laquelle Orléans perdrait sa raison de le traquer si la morsure de quelques nuits plus tôt l'avait bel et bien transformé. Certains chasseurs préfèraient mourir, de préférence en emportant avec eux le prédateur auquel ils étaient lié, que se voir réduits au rang de garde-manger. C'était une question d'honneur, surement, autant qu'une façon de dissuader les vampires de collectionner les calices-trophées, faisant ainsi un pied de nez aux chasseurs. Le blond pour sa part ne s'attarda pas sur ce qu'il ferait s'il s'avérait que son vis-à-vis avait dit vrai. C'était un coup à commencer à le croire sans réelles preuves, à tomber dans une potentielle illusion – parce qu'il fallait que ce soit une illusion, un mensonge de plus.

La perspective de devenir un garde-manger ambulant étant apparemment trop peu aux yeux du prédateur, il fallut qu'il se lance dans la description des abîmes dans lesquels pouvait plonger un calice, tourmenté par le lien damné dont il était la victime. Le prêtre ne s'était pas intéressé plus que cela à la question des calices, étant donné qu'une bonne partie des vampires s'en passait et qu'ils ne relevaient pas de sa juridiction, étant humains. Inutile de dire qu'il regrettait de ne pas s'être renseigné un peu plus, ne serait-ce que pour opposer à cette voix de miel et de venin des preuves irréfutables.

"Je peux admettre la faiblesse du corps, et peut-être en effet certains en arrivent-ils à se damner pour être libérés de la douleur. Toutefois, ceux qui ont peur de la souffrance et de la mort ne rejoignent pas nos rangs, ou n'y restent pas. Alors, en l'absence de la plus petite trace de manque, je vais me permettre d'être plus que sceptique quant à la proximité affres que vous me promettez."affirma-t-il avec ce qui aurait pu être une sorte de détermination, soutenant le regard du prédateur.

Ce n'étaient pas les extrémités où le manque pouvait pousser un être humain qui le laissaient sceptique mais plutôt le fait que lui puisse être réduit à cela. L'esprit avait souveraineté sur le corps, et pas uniquement en matière de foi. Somatisations et effets placebos l'avaient fait admettre à la science, encore que dans une moindre mesure. Oh, il ne pourrait sans doute pas nier les effets du manque s'ils se manifestaient un jour, mais il demeurait certain qu'on ne le briserait pas ainsi.

Orléans était donc parti pour se retrancher sur cet îlot de certitude un peu têtue quand le mouvement du vampire réveilla ses réflexes de chasseur, balayant ses réflexions sur la véracité de ses mots. Et à nouveau des mots, de cette voix de velours qui faisait voleter quelques mèches blondes tout en alternant menaces et promesses, enjôleuse, dangereuse. D'un mouvement fluide, le jeune homme recula, d'un geste félin, comme pour s'adosser plus confortablement. La nonchalance du mouvement contrastait étrangement avec l'état d'alerte général enclenché par la proximité du prédateur, associée au danger. Rationnellement, il savait que l'autre ne pourrait le mordre ici, pas avec le contrôle dont il faisait preuve, mais son instinct, lui, exigeait qu'il instaure une distance aussi raisonnable que possible.

Cela dit, raison et instinct tombèrent d'accord sur le fait qu'il était peut-être temps de s'inquiéter un peu plus sérieusement des dégâts qu'avaient pu faire ces crocs en entendant les mots plus soufflés que prononcés. Les pièces du puzzle tombaient en place, doucement, une à une. Pas de manque pour l'instant, donc, pas de supplications, mais un motif pour cette possible transformation, tout à fait recevable malgré l'air vaguement moqueur de son vis-à-vis. L'humain se permit une moue, cherchant un nouvel angle d'attaque pour contrer cet argument-là.

"L'Ordre se charge déjà de ce genre de chasse utile, vous n'avez pas besoin de moi pour cela. Sauf bien sûr si votre définition des "bonnes proies" diffère de la leur..."

D'un geste machinal, Orléans fit tourner son thé dans sa tasse, le liquide ambré lançant quelques reflets chauds. Ses yeux gris étaient toujours fixés sur son interlocuteur, en partie par vigilance, en partie pour tenter de déceler la moindre hésitation, une fluctuation dans son attitude ou sa voix, n'importe quoi pouvant l'aider à déterminer quelle part de vérité recelaient ses propos.

"Pourquoi devrais-je vous croire ? Vous êtes en chasse, si ce n'est que c'est moins immédiatement visible que la dernière fois et que je ne sais pas si vous cherchez une proie, un outil, ou une sorte de couteau suisse humain remplissant les deux fonctions. J'ai toutes les raisons de me méfier et aucune pour me fier à votre parole."

C'était une évidence, malgré le fait qu'il l'ait laissé en vie lors de leur dernière rencontre. Si le chasseur admettait qu'il n'avait pas toutes les cartes en main pour deviner ce que tramait le prédateur, il n'était pas non plus crédible au point de ne pas questionner cette pseudo révélation qui aurait pu être un nouveau jeu cruel. Puis, peut-être qu'en le poussant à développer ses raisons il trouverait une faille logique, un indice...

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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Jeu 9 Aoû - 8:41


Difficile de convaincre le prêtre. Il n’avait pas l’air dupe, et les mensonges de Shiro venaient difficilement à bout de ses doutes. Ni la promesse d’un gouffre de souffrances, ni l’annonce d’un manque très proche ne purent convaincre le chasseur qu’il était définitivement devenu un calice. Soit il était très fort et feignait d’en savoir moins, soit il était simplement têtu et refusait de croire à pareilles sornettes. Le vampire optait pour le second choix. Malgré tout, cela restait très embêtant, le Conseiller n’avait pas prévu un esprit aussi borné – décidément, les chasseurs étaient tous de vraies têtes de mules. Shiro pencha légèrement la tête sur le côté en continuant de l’observer, réalisant avec amusement que le prêtre tentait habilement de s’éloigner de lui. Il ne craignait pourtant rien, ici. Shiro ne montrerait pas les crocs ; trop de spectateurs, trop de témoins, trop de risques. Il n’était pas fou. Dodelinant de la tête, il redressa le menton bien haut, poussant un soupir empli d’une prétention sans fin.

« L’Ordre fait de bons choix, et parfois de mauvais ; ils sont incapables de voir notre monde avec nos yeux, et c’est pour cette raison qu’ils ne pourront jamais se charger parfaitement de la chasse. »

Quant à la chasse que Shiro effectuait en ce moment-même… Ce n’était pas une réussite. Les doutes du prêtre avaient disparus derrière un mur construit par sa conviction que tout cela ne pouvait pas être vrai. C’était alors plus compliqué… A force de se répéter, peut-être parviendrait-il à percer la méfiance du chasseur, mais il détestait se répéter. Il allait donc devoir changer de stratégie pour l’attirer à lui, puisque mentir éhontément ne faisait qu’accroître la prudence du traqueur face aux intentions réelles du prédateur. Et s’il se montrait trop insistant, peut-être les choses ne feraient-elles qu’empirer. A force de vouloir se montrer trop convaincant, il allait se trahir. Si au contraire il faisait preuve de ce même détachement couplé à cette illusion de certitude du futur déclin de l’humain, alors peut-être le croirait-on. Peut-être. La chasse était parfois un jeu de patience. Si ça l’embêtait de devoir lâcher un peu la pression sur sa proie, il se doutait que l’humain ne le laisserait pas filer si facilement, si ? Il allait devoir compter sur l’esprit borné du chasseur pour que son plan fonctionne, ou il se retrouverait alors sans la proie désirée…

« Rien ne vous force à me croire, pour l’instant. Et en effet, je suis en chasse, je vous demanderai de ne pas gêner, lorsque je passerai à l’action. »

Autant lui demander de se placer tout de suite entre la proie et le vampire. Les chasseurs ne fermaient jamais les yeux sur les méfaits des vampires, et ce, qui que soit l’humain à qui il s’attaquait, citoyen anonyme ou homme influent de la ville. Shiro le savait parfaitement, et il prit un plaisir malsain à observer la foule placé près du chasseur, traquant sous ses yeux. C’était clairement de la provocation, et si le prêtre ne risquait rien à cet endroit, près du vampire, le contraire fonctionnait également. Les deux prédateurs n’avaient rien à craindre de l’autre, et pourtant… Shiro plaça une main sur le torse de l’humain pour l’empêcher de s’en aller, même si il ignorait si le chasseur en avait eu ou non l’intention. Question de prévention, probablement. Il lui demanda avec sévérité de rester bien à sa place, sans bouger. Histoire qu’il puisse bien admirer le spectacle. D’un geste du menton, il lui indiqua la femme qu’il avait repérée quelques instants auparavant.

« Vous voyez cette femelle ? Elle doit avoir bon goût, n’est-ce pas ? Et ce serait un réel plaisir de devenir son amant l’espace d’une nuit, pour la vider au moment de l’acte. », Claironna-t-il avec un malin plaisir, scrutant les réactions du prêtre à ses paroles pleines de vices. « Savez-vous pourquoi elle va mourir ? Parce qu’un chasseur imprudent a subi la morsure d’un prédateur sans se douter des conséquences qu’elle allait avoir… Et maintenant, ce chasseur ne peut plus chasser, parce qu’il courrait le risque de mourir à son tour. »

Et les mensonges revenaient de plus belle, noyant ses paroles de certitudes qui n’en étaient pas, avec ce même désir ardent d’attiser le doute chez l’humain. Les yeux de Shiro coulèrent sur les épaules et la chute de rein de la précédente proie qu’il s’était choisi, et enfin, il croisa son regard. Sourire. Piège lancé. Que la proie se jette dedans. Pivotant le visage vers le prêtre, il s’assura qu’il était toujours là et qu’il assistait à la scène avec toute l’impuissance du chasseur qui ne peut dégainer devant une telle foule.


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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Jeu 9 Aoû - 10:51


Prouver ce que l'on affirmait ou ne pas le prouver, tel était le problème. Pouvoir se raccrocher à une certitude, fut-elle terrible, aurait quelque part été plus simple : le chasseur aurait pu définir une ligne de conduite, s'y tenir. Bien sûr, cela n'aurait pas été sans soucis, surement. Au lieu de cela, il se retrouvait à trier des pours et des contres, s'embourbait dans le doute, sensation désagréable s'il en était. Orléans avait été formé de façon à savoir comment réagir en chasse dans une multitude de situations, les réflexes prenant parfois même le pas sur toute réflexion. Hésiter ainsi ne faisait pas partie de ses habitudes et ne lui plaisait pas – en chasse, à l'écart des regards, l'hésitation tuait, parce qu'elle retardait une décision, une action qui aurait pu vous sauver.

Bien entendu, le prédateur trouva de plus moyen de plus ou moins contourner sa question sans lui donner d'indice, lui opposant juste un écran d'assurance orgueilleuse. Que les objectifs de l'Ordre et des vampires soient différents, cela pouvait se comprendre, Conseil et Ordre étant indépendants. Ne pas savoir en quoi leurs critères différaient était cependant plus frustrant et dérobait au blond une piste pour savoir s'il y avait ou non mensonge.

Ironiquement, ce fut ce "pour l'instant", parmi tous les mots du prédateur, qui le fit hésiter. La phrase était trop nonchalante, rappel implicite du fait que si quelqu'un allait souffrir de ce refus d'admettre sa condition, c'était bien l'humain. Le vampire, lui, n'avait qu'à patienter, à attendre que le temps, allié de ses pairs, fasse son oeuvre. Et, comme lassé du peu de coopération du blond, le prédateur changea de sujet pour aborder sa chasse avec ce qui ne pouvait qu'être une provocation volontaire. Pensait-il sincèrement qu'Orléans allait rester à siroter sagement son thé en attendant qu'un être perde la vie sous ses crocs ? Piqué au vif, il fusilla de son regard gris l'orgueilleux.

"Et vous pensez sincèrement que parce que vous le demandez je vais tourner le dos sans état d'âmes à toutes les valeurs que je respecte ? N'y comptez pas."

Ou peut-être s'attendait-il à ce qu'il craigne que les choses tournent comme la dernière fois ? Non, cela faisait partie des risques du métier, et si Orléans devait y passer, ainsi soit-il. Par ailleurs, il était juste impensable qu'il se roule en boule dans un coin avec ses doutes et ses inquiétudes pendant que l'autre exerçait un charme mortel, poursuivant sa chasse et ses jeux cruels. Or, s'il se fiait au regard d'obsidienne courant dans la foule, le vampire était déjà en chasse, du moins en repérage, comme il le lui confirma lui-même, indiquant sa future proie d'un mouvement de menton, puisque sa main maintenait en place le chasseur, au grand déplaisir de celui-ci qui n'appréciait pas de voir ses mouvements limités.

Les mots qui suivirent jetèrent un peu plus d'huile sur le feu. Plaisir du vice, mépris pour cette femme désignée plus comme une tête de bétail que comme un être vivant, provocation... Le démon était de retour, jouant de ses mots et des menaces pour parvenir à ses fins, ou peut-être juste pour le plaisir de tourmenter son vis-à-vis. Lentement, avec la conscience du fait qu'il tentait le diable, peut-être même littéralement, le chasseur se pencha légèrement vers le prédateur, appuyant de ce fait sur la main sur son torse. Le geste aurait pu être motivé par le bruit ambiant, pour se faire entendre, s'il n'avait pas eu affaire à un tel être. En l'occurrence, c'était autant pour améliorer un peu sa liberté de mouvement que pour recentrer l'attention du vampire sur lui. C'était un jeu dangereux, en particulier si l'autre percevait au travers du tissu les battements de son coeur, réguliers mais rendus un peu plus rapides par l'inquiétude et une pointe de colère.

"Je ne peux pas vous abattre sans prendre ce risque, nuance. Mais je pourrais tenter le tout pour le tout, vous emporter avec moi dans la mort comme le font certains. Sinon, tant que le manque ne se manifeste pas, je peux encore chasser. Vous l'avez souligné vous-même, en parlant de guider mes chasses."

Il ne remarqua même pas que le conditionnel avait cédé la place à un présent, comme si l'idée se frayait doucement un passage dans son esprit, concentré comme il l'était sur la traque qui s'esquissait. Sentir le poids de ses holsters tout en sachant ne pas pouvoir s'en servir actuellement pour éliminer cette menace était assez rageant, mais au moins ladite menace était limitée elle aussi dans ses actions. Pour autant, Orléans ne doutait pas que le prédateur, après des siècles de chasse, trouve un moyen d'isoler sa proie en toute discrétion pour arriver à ses fins, et c'était précisément ce qui le faisait grincer des dents.

"Par ailleurs, je trouve assez ironique de prétendre que vous comptez la tuer parce que j'ai été transformé en calice... Il me semblait que l'intérêt était justement d'éviter la chasse et les pistes de cadavres."

Admettre même la possibilité que cela lui soit arrivé restait en travers de la gorge du blond, marquant le terme de calice d'une pointe de tension dissimulée un poil trop tard. Il ne voulait pas l'admettre, cette condition, mais s'il voulait détourner le prédateur de sa cible tout en tentant de démêler le plus ou moins vrai du pas trop faux, il fallait bien qu'il joue dessus, quitte à donner plus de prise aux doutes, quitte à prendre le risque d'hésiter au moment fatidique.

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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Ven 10 Aoû - 10:04


« Ce serait en quelque sorte un suicide, et ce serait de bien mauvais goût pour votre dieu… Et puis, les humains tiennent beaucoup trop à la vie. »

C’était pour Shiro une évidence. Les humains étaient des créatures terriblement attachées à la vie, et lui aussi l’avait été du temps où il fut mortel. Beaucoup de ses victimes auraient donné n’importe quoi, pour rester en vie, et le Conseiller s’en était énormément amusé. Il les avait souvent poussées dans leurs derniers retranchements, pour voir jusqu’où elles étaient capables d’aller. Et c’était parfois surprenant. Preuve que certains seraient allés jusqu’à se damner pour échapper au diable, ce qui était le comble, en quelque sorte. Quoi qu’il en soit, le chasseur ne semblait pas prêt à laisser Shiro chasser en toute tranquillité, ce que le vampire avait bien entendu prévu.

« Elle pourrait m’offrir des choses que vous seriez incapable de me donner. C’est tout l’intérêt de varier ses proies, mon père. »

Et il lui répondait cela comme si l’homme était capable de comprendre une chose pareille et d’excuser une telle attitude. Cependant, la plupart du temps, les humains n’étaient pas en mesure de saisir la logique des vampires. Ces créatures avaient une manière de penser bien à elles, hors du temps et de l’éthique de cette société, monstres sanguinaires et immortels qu’ils étaient. Pour tout dire franchement, les vampires étaient des incompris. Ils étaient, semblait-il, totalement incompatibles aux humains – mais en même temps, comment imaginer une seconde entamer de longues relations avec sa nourriture ? Autant imaginer un chien devenir ami avec son os. Proies et prédateurs ne pouvaient pas être amis, et nul ne doute que la situation aurait été encore pire si le commun des mortels avait été au courant de l’existence des vampires. Imaginez la panique et la paranoïa qui s’installeraient, n’importe qui, la nuit, pourrait être une créature du diable. Les gens se méfieraient de tout le monde, ne sortiraient plus une fois le soleil disparu, craindraient leur voisin, qui, bizarrement, travaille de nuit… Un monde comme ça n’était pas envisageable, et pour cette raison, le Conseil devait parfois être contraint d’accueillir les actions de l’Ordre avec une certaine satisfaction, lorsqu’ils s’occupaient d’énergumènes dangereux.

« Mais dites-moi… Savez-vous vraiment ce qu’est un calice ? »

Il le sentait bien tendu, nerveux, à l’idée que Shiro ait réellement osé le réduire à cette condition. Mais au final, hormis le manque qu’il pourrait ressentir, ce n’était pas si terrible, si ? A moins que ce ne soit le fait d’être précisément lié à Shiro, à un vieux vampire malsain et sadique, qui le rebutait ? C’est vrai qu’il existait meilleur ‘partenaire’. Et c’était d’une facilité déconcertante, de trouver un vampire plus clément et accommodant que le Conseiller. D’ailleurs, le vampire se demanda si l’humain était au courant de qui il était vraiment, c’est-à-dire, le Second du Conseil. Il se demanda si l’humain était au courant de son âge et de son rôle dans le monde des vampires. Si il avait su tout ça, peut-être n’aurait-il pas décidé de l’attaquer, ou bien au contraire, peut-être le prêtre aurait-il été encore plus motivé à éliminer Shiro ? Il fallait dire que les chasseurs aimaient les grosses proies. C’était assez stupide en soi, puisque plus la proie était grosse, plus les risques l’étaient également. Les humains aimaient décidément le danger, ils aimaient frôler la mort de prêt, et pourtant, quasiment tous avaient une peur irraisonnée de la mort. Paradoxe, contradiction. Les humains étaient de bien singulières créatures.

Sans s’inquiéter du chasseur, Shiro continuait de contempler l’humaine, nouvelle provocation, pied de nez aux menaces du prêtre. Le Conseiller n’avait peur de rien, et surtout pas d’un humain. Il imaginait d’ailleurs assez mal ce que le blond était capable de faire pour l’empêcher de chasser. En allant charmer la jeune femme avant lui ? En s’interposant entre eux deux ? En sortant son arme au beau milieu de la foule pour lui trouer le crâne ? Non, vraiment, il imaginait mal que le prêtre puisse y faire quelque chose. Dans une chasse comme ça, différente, sur le jeu du charme et de la séduction, il était bien évidemment plus compliqué pour les chasseurs d’y mettre leur nez. Ces derniers fonctionnaient avec les armes à feu, les couteaux et autres bricoles en tout genre. Ils étaient courageux et forts dans la bataille, mais quand s’installait un jeu pareil entre le vampire et sa victime, que pouvaient-ils y faire, sinon contempler et attendre patiemment le moment où ils pourraient agir ? Quand il agissait ainsi, Shiro s’assurait toujours de ne jamais laisser la moindre ouverture, jusqu’au moment où il disparaîtrait dans la nuit, parmi les ombres, sur son terrain de prédilection. Et là, lunettes à vision infrarouge ou non, les courses dans les méandres des rues englouties par les ténèbres devenaient toujours assez compliquées. Daignant à nouveau accorder un regard à l’humain, il le gratifia d’un sourire en coin.

« Pas vraiment, n’est-ce pas ? Quel dommage. Vous l’apprendrez bien assez tôt… » Il laissa sa phrase en suspens, n’ayant soudainement plus envie de l’appeler ‘mon père’. « Vous avez un nom ? Accepteriez-vous de me le dire ? »

Dans le cas contraire, il lui suffisait de lui donner lui-même un nom. Car au final, il ne serait plus qu’un humain de compagnie à ses yeux – c’était ça, un calice, non ? Ah. Il se surprit à regretter de ne pas réellement l’avoir transformé en garde-manger attitré. Il pourrait toujours le faire cette nuit…


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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Ven 10 Aoû - 12:17


Touché sur le point du suicide. Le Vatican avait d'ailleurs de sérieux soucis théoriques sur la question : si la plupart des chasseurs indépendants encourageaient leurs apprentis à se tuer plutôt que prendre le risque d'être transformés, du côté de l'Eglise, les débats étaient un peu plus nombreux. Le résultat était un usage excessif de rhétorique visant à prouver que dans certains cas, cela pouvait être considéré comme une sorte de mort honorable lors de cette guerre contre le Mal, encore qu'un certain malaise suinte de ces paroles dans les hautes sphères. C'était mieux que prendre le risque de devenir à son tour une créature damnée, certes, mais sans doute que les grands pontes n'aimaient pas considérer cette perspective.

Et pendant que derrière les iris gris d'Orléans repassaient les souvenirs de ces légères hésitations, de ces sourires crispés quand il avait abordé la question, son vis-à-vis poursuivait son argumentation. Indéniablement, c'était cette tendance à présenter comme tout à fait logique ce qui paraissait inacceptable aux yeux du prêtre qui lui valait ce titre de prédateur. Si le blond pouvait pardonner bien des choses, cette nonchalance quant à la vie d'autrui le hérissait. Peut-être était-ce son point de vue de mortel, et de mortel d'autant plus éphémère du fait de son rôle de chasseur. Peut-être que quelqu'un de plus cynique aurait pu accepter cela, fut-ce en grinçant des dents. Lui ne pouvait s'y résoudre.

"Et en guise de remerciement pour cela vous la tueriez. Drôle de logique..."

Un instant, il se demanda qui avait été cet être, avant d'être condamné à la nuit, à quel point la perte du jour avait été un tournant ou s'il était damné avant même que les crocs de son géniteur vampirique ne s'approchent de sa gorge. Possible. Après tout, la transformation n'apportait pas toujours un changement, certains vampires s'horrifiaient même de leur condition.

La question, revenant au premier sujet de leur conversation, lui fit hausser un sourcil. Quelque part, ça devait être fascinant d'être dans cet esprit tortueux pour en suivre les méandres – mais fascinant dans le mauvais sens du terme, sans doute. Qu'attendait-il avec cette question ? Peut-être comparer les connaissances du chasseur avec la réalité de cette condition ? Toujours est-il que si cela pouvait détourner son attention de sa proie qui dansait toujours sur la piste...

"Au sens premier, c'est un vase liturgique chrétien pour le vin du sacrifice. Dans une moindre mesure, le terme désigne juste une coupe sacrée."

C'était lui presque tendre une perche que de l'interroger sur ce terme, lui, prêtre, et une pointe d'amusement passa dans ses iris pluie alors qu'il prononçait ces définitions d'un ton calme, mesuré. Il faut dire que c'était la partie la plus facile, le sens le plus évident, à ses yeux. L'autre, celui qui voilait le terme de nuances plus sombres, était un sujet plus épineux, et pas uniquement parce qu'il y avait des risques non négligeables pour qu'il le concerne de très près – voire de trop près.

"Dans le sens qui nous intéresse, en l'occurrence, j'ai encore du mal à trancher s'il faut considérer que le nom de calice a été utilisé pour son lien avec un sang sacré ou pour rabaisser l'être humain à l'état d'objet, de possession d'un vampire. C'est en quelque sorte une chasse gardée."

Il ne se répéta pas sur les questions de dépendance et de manque, qu'ils avaient tous deux abordés, même si, quelque part, le plus terrible résidait précisément là. Dépendre à ce point d'un être que vous êtes censé traquer était le comble, quelque part, pour un chasseur, autant qu'arborer sa marque perpétuellement renouvellée. Sa définition ne dû pas plaire plus que ça au vampire, ce qui ne suscita qu'un léger haussement d'épaules chez Orléans avant que la question ne le fasse se fendre d'une réponse plus ironique.

"Ce n'est pas comme s'il était habituel de nommer les gens... Bien sûr que j'ai un nom."

Quant à le lui donner, en revanche, c'était une autre question. Aux Etats Unis ou en France, il aurait été prudent afin de ne pas impliquer d'éventuels homonymes, si le vampire tentait de passer par ses proches pour faire pression sur lui. Mais en l'occurrence, le seul de sa famille à porter encore son nom, à savoir son oncle, était en sécurité, entouré en permanence d'apprentis chasseurs à Rome. Restait toujours la possibilité que le vampire manigance pour l'isoler de la communauté de chasseurs en utilisant ledit nom... mais d'un autre côté, s'il tentait une manoeuvre du genre, il n'aurait pas à chercher longtemps pour trouver le nom du prêtre.

"Duroy. Avant que l'idée ne vous traverse l'esprit, je doute que vous trouviez quoi que ce soit d'intéressant avec cette seule base."

Le nom trancha légèrement, se parant d'un accent nettement français avant que le japonais du blond ne reprenne sa neutralité habituelle, comme si de rien n'était. Techniquement, en demandant son nom, le vampire avait pu s'intéresser aussi à son prénom, mais le chasseur le garda sous silence. D'une part, seuls ses proches utilisaient ce prénom et il n'avait pas envie de l'entendre prononcé par cette voix de velours et de venin ; d'autre part, ce serait intéressant de voir si le prédateur ferait l'effort de chercher cette petite information.

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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Ven 10 Aoû - 15:01


Certes. Au sens premier, un calice était effectivement une coupe sacrée, à peu de choses près. Mais l’humain savait que le vampire parlait d’autre chose. La véritable définition qu’il donna était plus maladroite, assez sommaire et prouvait bien l’ignorance du chasseur face aux secrets des vampires. Shiro comprenait ; bien souvent, quand un humain avait la chance d’en apprendre beaucoup, il ne restait pas en vie très longtemps… Un homme qui en savait trop était un homme dangereux, aussi, le Conseiller se garda bien de gratifier le prêtre de toute autre précision. Il saurait tout le moment venu – en imaginant qu’un jour le moment vienne. Après tout, tout cela restait un jeu. Un jeu pervers et malsain, certes, mais un jeu quand même, et quand le vampire s’en serait lassé, ne s’amuserait plus de toute cette nervosité et ce doute, alors cela se terminerait probablement par la mort de l’un ou de l’autre. La mort, de toute façon, mettait un terme à tout, et ce, qu’on le veuille ou non. Le haussement d’épaules couplé à la réponse ironique de l’humain face à sa question le fit sourire. Bien généralement, il ne s’encombrait pas d’apprendre le nom de sa victime, et au final, les humains n’étaient que de la nourriture, alors…

« Duroy… », Répéta-t-il gravement, le nom du chasseur légèrement écorché par l’accent japonais du vampire.

En six cents ans, Shiro avait eu le temps d’apprendre d’autres langues, mais s’il était en mesure de les comprendre, il ne les parlait pas et se cantonnait fidèlement au japonais, sa langue maternelle. Nulle surprise alors de constater à quel point il était incapable de prononcer correctement un mot ou un nom étranger. Cela ne faisait rien, ce n’était qu’un nom, et puis… Ce nom n’aurait peut-être plus à être prononcé longtemps. Il était amusant de constater à quel point l’humain restait méfiant, et pourtant, proche du danger – proche de Shiro. Il lui avait pourtant cédé son nom, ce qui avait agréablement surpris le Conseiller, qui de son côté, était persuadé que le chasseur l’aurait jalousement conservé pour lui. Beaucoup de chasseurs, il en était certain, n’auraient pas voulu ‘s’abaisser’ à gratifier le vampire d’une réponse, que ce soit par peur, par fierté ou par pure volonté de se refuser à la moindre demande. Aussi différents soient-ils, ils avaient tous leur caractère et Duroy n’était pas une exception, songea Shiro alors que l’humain le prévenait avec impudence qu’il était inutile de chercher quoi que ce soit sur lui.

« Oh, vous pensez ? J’ai beaucoup de contacts, vous savez… Mais cela ne fait aucune importance, car je ne désire rien savoir d’autre sur vous que ce que vous accepterez de m’apprendre. »

Il se demanda ce que des informateurs pourraient lui trouver avec de simples informations telles que Duroy, cheveux blonds, yeux gris, homme de foi et chasseur. Pas grand-chose de plus, probablement, mais savait-on jamais. Dans une aussi grande ville que Tôkyô, Duroy se noyait dans la masse, et ce n’était pas du loisir des vampires que de courir après les chasseurs ; c’était plutôt le contraire. De même, dans ce bar, les deux ennemis ne semblaient pas tellement sortir de l’ordinaire. L’un blond aux yeux clairs, clairement étranger, et l’autre et son attitude majestueuse… mais simplement en train de discuter, une discussion, d’ailleurs, que n’importe quel être étranger au monde des ombres n’aurait pu saisir. Qui aurait pu deviner qu’ils désiraient se chasser mutuellement, qu’ils voulaient chacun la mort de l’autre ? Rien ne les trahissait dans leur ton parfaitement calme, leur attitude posée et leur visage paisible.

« Revenons-en à l’important. » Et son regard se posa sur la femme, qui décidément, devait sentir clairement que le vampire était intéressé. « Je me demande, Duroy, comment vous comptez vous y prendre pour me voler cette délicieuse créature. »

Tout dans son ton laissait croire qu’il allait passer à l’action dans peu de temps. Comme si un léger grondement se mêlait à ses paroles, sa voix fit plus grave, lourde de sous-entendus. Pourtant, sur le coup, Shiro ne bougea pas. Il observait, attentif, aux aguets. Il imagina un instant ce que le chasseur devait ressentir par moments, impuissants face à la force surhumaine des vampires, incapable de tout surveiller en même temps, et pourtant, désirant ardemment protéger ses pairs. C’était impossible. Tellement de vampires dans la nuit, tellement de victimes, les chasseurs et l’Ordre se lançaient dans une entreprise d’une ampleur incroyable, en désirant éliminer les vampires. C’était vraiment courageux et louable de leur part, de tels efforts, mais peu importe, Shiro, lui, continuerait à faire ce qu’il voudrait. Lui qui voulait s’élever sur les marches du pouvoir, il ne laisserait jamais aucun humain s’interposer. Que ce soit Duroy ou n’importe quel autre chasseur dont il ignorait le nom.

Tranquille, nonchalant, Shiro se redressa légèrement, le coude sur le comptoir. Mouvement proche. Il menaçait de partir d’un instant à l’autre, et pourtant, il restait… Il restait, car il attendait que le chasseur réagisse, prenne les devants et lui montre de quelle manière il empêchait les chasses de ce genre. Piqué par une curiosité certaine, amusé à l’idée-même que le chasseur trouve offusquant les idées de Shiro vis-à-vis de cette humain, le vampire étira un sourire madré. Puis, adressant un dernier regard à son traqueur, il fit mine de se diriger vers sa future proie, avec la nonchalance et le naturel digne de n’importe quel humain. Qui aurait pu deviner à travers cet homme un prédateur de la pire espèce ? Personne, à part le chasseur blond…


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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Ven 10 Aoû - 22:00


Habitué à différents accents qui ne s'adaptaient pas toujours très bien à son nom, le jeune homme ne broncha pas lorsque le vampire le répéta, encore que se demandant toujours ce qu'il en ferait. D'autant plus qu'il aurait tout aussi bien pu lui donner un faux nom, à ce stade, juste pour brouiller les pistes. Mais en l'occurrence, même avec l'affirmation du prédateur selon laquelle il possédait de nombreux contacts, le chasseur ne se faisait pas de soucis. Son seul nom ne saurait offrir de prise.

L'annonce suivante, en revanche, le fit ciller de surprise. Ce "je ne désire rien savoir d’autre sur vous que ce que vous accepterez de m’apprendre" sonnait comme une incongruité dans un monde où l'information était un pouvoir, où la connaissance déterminait parfois qui vivrait et qui tomberait au combat. Mais, là encore, peut-être était-ce un réflexe d'éphémère, de chasseur ayant accès à une base de donnée pour compenser la force et la rapidité de ses proies – avec plus ou moins de succès. Sinon, toujours du point de vue stratégique encore que sur un autre terrain, ce pouvait être une manoeuvre destinée à ne pas braquer le blond et potentiel calice, ce dernier ayant prouvé qu'il pouvait être un peu borné.

"J'espère pour vous que vous avez de la patience à revendre, alors..."

Le ton, sans trace d'agressivité, laissa transparaître un mélange de vague amusement et de perplexité face à cette déclaration inattendue. Soyons réalistes, ils étaient, sous leurs apparences sages et leur vernis de politesse, ennemis. Toutes les probabilités pointaient vers la mort de l'un d'entre eux de la main de l'autre, si ce n'est que cette histoire de calice venait perturber les pronostics. C'était d'ailleurs particulièrement perfide de la part du démon de le laisser avec ses doutes et une pointe de curiosité inquiète sur ce point. Perfide et malheureusement intelligent puisque l'idée faisait lentement mais surement son chemin.

Et à propos de perfidie, le prédateur repartait à l'attaque, peut-être lassé par les tentatives du chasseur de faire trainer en longueur l'entretien assez pour que sa proie prenne la fuite. Les premiers mots étaient à peine prononcés que l'attitude du blond changeait déjà. La traque éveillait toujours une vigilance certaine, envers l'intégralité du monde puisqu'un détail pouvait sauver ou perdre quelqu'un mais également allait de pair avec une réactivité de félin. Or, la voix du prédateur, en se parant d'intonations grondantes de fauve, avait tout pour déclencher toutes les alarmes mentales d'Orléans.

Les dites alarmes mentales, cela dit, se trouvèrent face à un léger souci, à savoir qu'il n'y avait pas de réaction pré-définie pour ce type de situation. Pour les combats, les courses-poursuites, les blessures, pas de soucis. Mais la chasse dans laquelle comptait se lancer son vis-à-vis était plus délicate à saper, parce qu'il n'y avait aucun danger apparent, au contraire, aux yeux de sa proie. Et encore, celle-ci ignorait sans doute à quoi elle aurait affaire, alors que d'autres, connaissant l'existence des vampires, leur tombaient allègrement dans les bras à leurs risques et périls. Bref, en l'occurrence, ses solutions étaient un peu limitées, ou trop radicales.

"Je ne risque pas de vous voler qui que ce soit, étant donné qu'elle n'est pas votre propriété."

Claquement de voix sèche, sans élever le ton. Le blond était déjà en mouvement, malgré une pointe de déplaisir à l'idée de devoir tourner le dos au prédateur. C'était le comble de venir lui clamer qu'il était son calice pour chasser sous son nez, vraiment. Cependant, s'il pensait qu'Orléans allait courber l'échine et lui offrir sa gorge ainsi, le prédateur se fourrait le doigt dans l'oeil et au moins jusqu'au coude.

Ce qu'il avait en tête ne lui plaisait pas plus que cela, pour tout dire, mais le jeune homme prit soin d'arborer un visage tout à fait calme alors qu'il se glissait entre les danseurs. Et presque par hasard, au détour d'un mouvement plus vif des silhouettes sur la piste, ses phalanges repliées heurtèrent un de ces points que les arts martiaux chinois exploitaient - points de pression, vitaux, nerveux... Le nom variait mais c'était la même chose en substance : des points stratégiques de l'organisme. La pression passa inaperçue et le blond était déjà sorti de la piste, comme pour prendre l'air, lorsque la jeune femme dû ressentir la première impression de malaise. Rien de méchant, juste un étourdissement qui aurait pu être dû à l'alcool, la chaleur, l'agitation... L'ayant remarqué, une jeune fille de son âge qu'elle devait surement connaître se détourna de son flirt du soir pour aller la soutenir et lui proposer de la raccompagner, ledit flirt appuyant la proposition par préoccupation ou pour bien se faire voir.

Pas encore tout à fait rassuré, le jeune homme chercha du regard son prédateur, qui était capable d'avoir changé de proie entre temps pour le simple plaisir d'être nuisible. Et ce n'étaient pas les cibles qui manquaient. Pour une fois, Orléans aurait largement préféré être à courir dans les rues et dans des bâtiments abandonnés que là, à ne pas pouvoir riposter convenablement. Il y avait une sorte d'ironie dans le fait que lui, sniper reconverti à un combat plus rapproché par la force des choses, se retrouve embourbé dans cette chasse qui lui interdisait de s'éloigner de sa cible sous peine de la perdre.

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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Sam 11 Aoû - 12:33


Shiro se fraya un passage dans la foule, sans réellement se soucier de ce que le chasseur allait bien pouvoir faire. Il ne s’en inquiétait pas trop ; dans pareille situation, les armes étaient inutiles, et le chasseur, démuni. Le vampire allait donc pouvoir agir en toute quiétude, et ce, sous le nez de Duroy, ce qui rendait les choses bien plus amusantes qu’elles ne l’étaient réellement. Il rejoignit la femme en peu de temps, et cette dernière accueillit l’arrivée du Conseiller par un sourire mièvre, flattée de recevoir les attentions d’un homme qui semblait hors d’atteinte. La conversation commença, et Shiro s’efforça d’avoir l’air le moins ennuyé possible, bien qu’il ne trouvait chez cette femme aucun réel intérêt, si ce n’était son physique et le sang qui coulait dans ses veines. Commencer par des sujets banals, l’air détaché, et il en viendrait vite aux choses intéressantes, ou qui du moins, lui permettraient de faire plus ample connaissance avec cette humaine. Même si il n’en ressentait pas le désir, cela semblait un passage obligé pour passer de la case ‘simple rencontre’ à ‘amant d’un soir’. Shiro ne doutait pas de sa verve et de son charisme, qui à coup sûr lui permettraient d’en venir à ce qu’il voulait vraiment – une fois qu’il l’aurait obtenu, la femme finirait sous les crocs de Himeko ; à la base, il chassait pour sa jeune fille vampirique.

D’un regard en coin, le vampire aperçut Duroy, tout en se demandant ce que le chasseur pouvait bien lui réserver dans une situation pareille – la moindre attaque physique dans un lieu si fréquenté était très certainement impossible, alors… Sans y accorder plus d’attention, Shiro continua son petit numéro de séduction, mais la réponse quant à la question concernant l’action du chasseur vint vite. Un malaise, sa proie volant au secours de son amie, le blond qui s’éloignait de la piste. Le vampire n’était pas particulièrement paranoïaque, mais il sentait bien que le traqueur était derrière tout ça, et il lâcha un bref grondement tandis que sa victime tant désirée s’arrachait à son regard pour rejoindre la sortie, soutenant son amie. Voilà comment il s’y prenait. En éloignant les proies – et Shiro n’allait pas leur courir après dans une telle situation, les gens auraient pu se fourvoyer sur son compte. Le regard noir du Conseiller ne tarda pas à accrocher celui de Duroy ; il se faisait rendre la monnaie de sa pièce, mais le tout restait fichtrement irritant. Shiro ne se démonta pas. Le bar était plein à craquer, il y avait forcément parmi tous ces gens une victime probable – et cela, le blond en était certainement conscient.

Aussitôt, il embrassa du regard les lieux, sous les yeux inquisiteurs du prêtre, qui allait sûrement devoir trouver une autre idée, et vite – à moins qu’il ne veuille causer un malaise chez toutes les futures victimes de Shiro ? Le vampire n’allait certainement pas lui faciliter la tâche, ce ne serait pas drôle, et il l’avait surtout laissé en vie pour s’amuser… Il pouvait certes guider le blond à l’extérieur et s’offrir une nouvelle traque dans la nuit, entre les immeubles et les maisons, mais c’était amusant, pour une fois, un terrain de chasse différent. Voir comment Duroy s’en sortait pour éviter à tous ces pauvres gens de se faire trouver la gorge était terriblement touchant et jubilatoire. Cependant, alors qu’on aurait pu croire qu’il piocherait vite une nouvelle victime, le vampire se contenta de revenir vers le chasseur. Etrange idée, en effet, mais aucun des deux ne risquait rien, et dans ces lieux, ils pouvaient se permettre de réduire la distance entre eux.

« Vous êtes jaloux de l’intérêt que je porte aux femmes et qui m’éloigne de vous ? », Plaisanta-t-il en se penchant vers lui, l’air amusé.

Il tourna un instant autour de lui pour se poser à sa gauche, réduisant encore la distance entre leurs deux corps, continuant ainsi les incessantes provocations. Homme de foi, chasseur, en plus de ça, Duroy n’allait certainement pas apprécier une telle familiarité, soudainement. Et c’était ce que cherchait Shiro. Le faire sortir de ses gonds, le voir craquer, perdre le contrôle. Et ce jeu continuait, alors qu’ils se frôlèrent, leurs épaules se touchant. Le traiter de calice, lui promettre un supplice terrible, chasser sous son nez et revenir à la charge…. Shiro savait y mettre du sien quand il s’agissait de tout mettre en œuvre pour titiller les nerfs d’un chasseur. Sans compter que ses actes étaient tous emplis d’un naturel sans faille, comme si il avait fait ça toute sa vie – et c’était à moitié vrai, dans un sens. Profitant du fait qu’aucun des deux ne puisse chasser l’autre, le vampire se jouait des règles normalement instaurées pour tenter quelques taquineries perfides. Il se prêtait facilement au jeu, et l’humain en faisait péniblement les frais depuis leurs retrouvailles. A continuer comme ça avec autant de conviction, Shiro allait probablement en venir à ses fins, et découvrir le prêtre en colère – ce qui dans un sens, serait inédit.

« Je ne cracherai point sur le partage d’une chambre à trois, Duroy, si cela vous dit… »

Proposer un plan à trois à un homme de foi, voilà quelque chose que peu de gens auraient tenté, et que Shiro faisait avec un naturel déstabilisant. Impossible de savoir si il était sérieux ou non, car il restait moqueur dans tous les cas. Une bête perfide, en effet… Le Conseiller n’avait aucun scrupule à cracher sur les principes et les lois du chasseur, à agir à l’encontre de l’éthique et à se montrer cruel, sordide et sans pitié. Un vampire qui se croit fort – ou qui se sait fort – était bien souvent dangereux, car il ne se souciait de rien d’autre que de ses instincts, ses désirs, ses pulsions. Le prédateur, mine de rien, continua à se chercher une proie, comme si s’éloigner et revenir près du chasseur ne constituait pas une provocation suffisante.


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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Sam 11 Aoû - 15:17


Un soupir de soulagement filtra d'entre les lèvres du chasseur alors que le stratagème, plus aléatoire que ses techniques habituelles, fonctionnait. Devoir en arriver là n'était jamais un plaisir, mais puisque l'autre semblait décidé à jouer sur ce terrain, il fallait bien qu'il réagisse. Et que celui qui ne s'était jamais retrouvé embourbé dans pareille situation lui jette la première pierre. D'ailleurs le prédateur, évidemment, ne tenta pas de suivre sa proie. Peut-être était-ce la pluie battante, ou, plus probablement, le fait qu'il savait que les rues dehors étaient un terrain moins défavorable au chasseur, malgré le temps capricieux et l'obscurité.

Soutenant le regard sombre rivé sur lui, Orléans conserva un air tout à fait neutre, innocent. Si le prédateur, tout à sa chasse, n'avait pas perçu son geste, autant le laisser avec ses éventuelles questions et hypothèses. Puis les yeux sombres glissèrent sur le reste de la pièce, et le prêtre chercha rapidement qui avait pu attirer son attention, tentant de deviner où serait portée la prochaine attaque. Toutefois, au lieu de jeter son dévolu sur l'un des mortels de la pièce, le vampire revint vers lui. Nouveau moment de surprise méfiante chez le blond. Il n'allait quand même pas oser à nouveau venir l'informer de ce qu'il comptait faire à sa prochaine cible, si ? La provocation aurait certes été de son genre, cela dit, et ne serait ni la première ni la dernière de la soirée, surement.

Et provocation il y eut en effet. Bridant le bond en arrière que ses réflexes exigeaient, Orléans recula tout de même légèrement alors que le vampire se penchait sur lui. Il devait le garder en vue, mais ça ne signifiait pas qu'il soit obligé de supporter une trop grande proximité, non plus. Le blond adressa un regard clairement exaspéré au prédateur alors que celui-ci lui tournait autour avec un naturel qui n'améliora pas vraiment l'humeur de l'humain.

"Non. J'envisage de vous décerner un prix pour votre nuisibilité, mais je crains que ça n'empire l'hypertrophie de votre orgueil" commenta-t-il froidement.

Il avait l'impression de se faire mener par le bout du nez, de laisser le prédateur tisser autour de lui une toile dont il ne percevait pas clairement les enjeux. Autant dire que c'était usant, tant du point de vue de l'énergie que de sa patience. Et le plus irritant, dans l'histoire, c'est que tout cela amusait son vis-à-vis. Ce dernier était d'ailleurs beaucoup trop proche à son goût, chaque effleurement déclenchant un frisson de muscles prêts à réagir et de mouvement verrouillé à chaque fois au dernier moment, par égard pour le lieu où ils se trouvaient.

Tout à fait conscient des limitations imposées par tant de regards autour d'eux, le prédateur ne se gêna pas pour récidiver dans la provocation, s'attirant un regard polaire. Là, Orléans aurait souhaité qu'un regard puisse foudroyer l'insolent sur place. Ça n'aurait certes pas été très discret, mais cela aurait eu le mérite de l'empêcher de le faire tourner en bourrique.

"Est-il vraiment utile, quand vous êtes capable de citer et détourner des cantiques de David, que je vous explique le lien entre chasteté et prêtrise ?"

Le blond vrilla son regard sur le prédateur dont la proximité l'empêchait de fermer un instant les yeux comme il l'aurait souhaité pour reprendre son calme. Le vampire lui courait sur les nerfs, était trop proche et l'empêchait de trop s'éloigner avec ses menaces de chasse. Inspirant profondément, il se força à garder le contrôle, la colère étant mauvaise conseillère, avec un effet un peu limité. Pour peu il aurait littéralement irradié d'ondes négatives.

"Qu'espérez-vous au juste ? Que je fasse un faux pas à force de provocation ? Ou est-ce simplement que vous prenez particulièrement à coeur de démontrer que vous êtes un démon à visage humain ?"

Le chasseur avait conscience de sa jeunesse, mais tout de même, que sa cible considère qu'il perdrait ses moyens comme ça était quelque peu vexant. Autant clamer de suite explicitement au jeune homme qu'il ne lui survivrait pas, qu'il était une distraction tout au plus. La distraction en question, pieds et poings plus ou moins liés par les regards alentours ou pas, comptait pour sa part bien démontrer qu'elle avait encore un peu de mordant à revendre.

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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Sam 11 Aoû - 21:12


Un certain agacement perçait dans la voix de l’humain, et pourtant, ce dernier s’évertuait à ne rien laisser paraître – au grand dam de Shiro, qui n’attendait que ça. Le regard qu’il daigna lui accorder, cependant, suffit à attiser le contentement du vampire. Ces yeux lançant des éclairs, ce défi à peine prononcé, c’était amusant. Pour le vampire. Pas pour l’humain. Le prédateur, lui, se fichait bien des privations que s’imposait le chasseur, il se fichait bien des règles à respecter. Il les connaissait, pourtant, mais lui ne croyait à aucun dieu, et n’avait foi en personne – alors pourquoi respecter cela ? Pas étonnant, alors, de constater avec quelle nonchalance il osait faire de telles propositions au prêtre, même si il s’agissait simplement d’une plaisanterie.

« Oh, inutile, j’ai effectivement sous les yeux un corps vierge et exempt de tout péché. Cela affole mes canines. »

Détruire, annihiler, souiller. Des désirs profonds, bestiaux et cruels s’emparaient de Shiro, dont l’esprit, d’une perfidie sans fin, poussait à harceler le chasseur. En voyant un homme si droit, si juste et tellement fidèle à ses idéaux, il n’avait qu’une seule envie ; le faire traîner plus bas que terre. Les chasseurs aussi purs et dignes que lui étaient rares, et le vampire en était tout excité, quand il y pensait. Une si belle proie… Et qui s’était mis en tête de l’éliminer, en plus ! Il n’aurait pas pu rêver mieux, car il savait que Duroy le traquerait cette nuit, et imaginer que sa proie se jetait droit dans la gueule du loup le faisait jubiler. D’autres humains, à la place du blond, auraient sûrement abandonné. Ils auraient compris que Shiro n’était pas un vampire qu’il fallait se mettre à dos, et, tenant à la vie, auraient préféré se tenir loin de lui. Mais Duroy n’était pas comme ça, et en le voyant si fort face à l’adversité, Shiro ne pouvait s’empêcher de le titiller en réduisant la distance au plus près. Rares étaient les chasseurs qui se tenaient aussi proches des prédateurs, car dès que le blond faisait un pas en arrière pour retrouver un peu de son espace de confort, le Conseiller revenait l’envahir.

« Oui, Duroy. Je veux vous voir à bout, je veux vous voir gagné par la rage, je veux vous voir perdre le contrôle. Cela s’annonce très divertissant. Et je suis curieux. »

Autant lui dire tout franchement, non ? Et sachant que le vampire ne désirait que voir sa colère, le chasseur ferait probablement un effort encore plus grand pour se contenir – quelques détails, cependant, n’échapperaient pas au prédateur, et le voir se retenir risquait d’être tout aussi amusant. En effet, le Conseiller s’amusait de peu, mais c’était surtout le fait de savoir qu’ici rien ne pourrait l’atteindre qui le grisait. Il se permettait donc cette proximité dérangeante, ces paroles provocantes et cette attitude déplacée. Il jubilait, il jubilait, et le chasseur, lui, ne pouvait rien faire sinon lui répondre et se contenter de piques verbales. Un terrain de chasse sur lequel il n’était pas à son aise, semblait-il, et c’était dommage, car le Conseiller, lui, comptait bien s’attarder en ces lieux… C’était trop bon de tout se permettre sous le nez d’un chasseur impuissant, et il voulait le pousser dans ses derniers retranchements.

Parfois, oui, des bagarres pouvaient éclater dans les bars, mais ce n’était que des duels d’ivrognes, et si Duroy se risquait à lui trouer la peau avec son arme, il était bon pour la prison. C’était impossible, alors, pour l’un ou l’autre de passer à l’attaque – physiquement parlant. Ils voudraient chacun blesser l’autre de façon à le tuer, c’était quasiment sûr, et nul n’aurait pu deviner l’animosité qui embrasait les deux êtres. Seuls eux deux étaient réellement au courant des capacités de l’autre. Shiro en avait l’habitude. En tant que vampire, être de la nuit au visage humain, on le prenait bien souvent pour un mortel, et c’était effectivement enivrant que d’être le seul à savoir ce qu’il en était réellement. Quelle innocence dans tous ces esprits simples, légers, et loin de deviner ce qui pouvait se passer dans les ruelles sombres la nuit…

« Vous savez très bien qui je suis, ou plutôt, ce que je suis… Nul besoin de vous le prouver, vous en avez déjà fait l’expérience. » Il jeta un bref coup d’œil à la gorge du blond. « Et il serait temps de renouveler la chose, afin que l’on sache que vous êtes… Ma propriété. »

En affirmant ce droit de propriété tout haut, en le claironnant de sa voix de velours, il était presque certain de mettre l’humain en rogne. Ils n’aimaient pas être traités comme des objets. Surtout pas par des vampires. Et surtout pas lorsqu’on l’on était chasseur. Quelle honte, quelle horreur éprouvaient-ils à l’idée d’être réduit à du bétail par ces créatures des ombres. Shiro s’assurait de toujours leur prouver qu’ils n’étaient que de la nourriture sur pattes, et rien de plus. Par ses paroles, par ses actes, il n’était jamais respectueux, toujours provocateur, jusqu’à presque dépasser les limites. Et quoi qu’il arrive il gardait ce visage d’ange, afin que le commun des mortels ne puisse jamais voir le démon en lui, le visage que beaucoup de chasseurs ne supportaient pas.

« Si vous le désirez, nous pouvons aller chez moi, vous auriez ainsi droit à plus d’intimité. »

Autant lui demander directement de le suivre dans une ruelle déserte sans armes et sans téléphone, c’était tout aussi direct. Mais Shiro était curieux d voir à quel point l’humain pouvait entrer dans son jeu….


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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Dim 12 Aoû - 11:47


Illusions et mensonges sous vernis de réalité se mêlaient, s'entrelaçaient, brouillant les pistes. Le prêtre, pris dans cette toile complexe et perpétuellement changeante, ne pouvait que se poser des questions sans réponses nettes. Peut-être avait-il été la cible du prédateur dès le début, la jeune femme d'un peu plus tôt ayant juste été une excuse pour une provocation supplémentaire. Peut-être le vampire changeait-il juste de proie et d'intentions selon son bon plaisir, guidé par des pulsions. Alors que celui-ci, une fois de plus, s'obstinait à réduire la distance de sécurité que le blond tentait d'instaurer entre eux, un zeste de raison perça pour suggérer qu'il valait mieux qu'il le traque lui, chasseur ayant les moyens de se défendre, qu'un innocent. Ça ne rendait pas moins horripilant le jeu du démon, cela dit.

"Comme si vous aviez besoin d'une excuse pareille pour sortir vos crocs..."

De ce qu'il en percevait, ce n'était actuellement pas tant la soif qui motivait son vis-à-vis que le plaisir de la traque et, actuellement, du jeu. Tous les prédateurs jouent avec leurs proies. La différence majeure aux yeux du blond était simplement que, lorsque dans le règne animal c'étaient les plus jeunes qui jouaient, chez les vampires, il avait plutôt constaté l'effet inverse. Les nouveaux nés, la soif à la gorge, ne se donnaient pas cette peine quand leurs aînés, plus en contrôle de leurs capacités et lassés peut-être par leurs quelques centaines d'années d'années au compteur, titillaient plus facilement leurs cibles.

D'aucuns seraient sortis du bar en espérant que le vampire lui suive pour régler les choses ou pour trouver une cible plus coopérative, mais le blond était légèrement entêté et n'aurait pas supporté d'abandonner les humains à portée de crocs du démon. Et après cet aveu selon lequel ledit démon cherchait justement à le mettre en colère, partir en claquant plus ou moins discrètement la porte aurait été lui donner trop de satisfaction. Ses doigts tambourinant doucement au rythme de son irritation croissante, le prêtre fit un effort pour ne pas trop froncer les sourcils, même si quelques tensions dans les épaules ou dans son port trahissaient son état d'esprit.

"Curieux ? Et pourquoi donc ? Ce n'est pas rare que mes collègues chassent sous l'effet de la colère, ou que la rancune soit à la base de leur vocation."

Là encore, le prêtre n'éleva pas le ton, mais sa voix charriait quelques glaçons destinés non pas à ses collègues mais à la provocation ambulante toujours trop proche. Le vampire devait savoir que ce n'étaient pas les vengeurs qui manquaient parmi les chasseurs. La mort d'un proche était souvent un déclic, chez les indépendants. Orléans tentait de tuer sans haine, autant qu'humainement possible, mais même au Vatican il avait vu des chasseurs presque littéralement rongés par la colère et la rancune. Lui était en paix avec lui-même et comptait le rester, et ce malgré l'acharnement de la perfidie ambulante de service.

Il va sans dire que le blond savait à quel point l'autre pouvait être retors pour l'avoir vu à l’œuvre. Il savait qu'il le provoquait, le cherchait, tentait de le déstabiliser. Et il savait aussi qu'il était capable de trouver un rebondissement, un angle d'attaque différent, surprenant. Mais il ne pouvait pas ne pas réagir à cette attaque là. D'un mouvement fluide, félin, Orléans avait pivoté avant même de s'en rendre vraiment compte pour faire face, l'orage grondant au fond de ses iris gris.

"Je ne suis pas votre propriété. Et, tant qu'il me restera une onde de foi et de volonté, vous pourriez apposer toutes les marques du monde sur ma gorge sans rien changer à cet état de fait."

Les mots, incisifs et glacés, furent prononcés clairement, chaque syllabe presque martelée, le visage du blond assez proche de celui du prédateur pour qu'il puisse sentir son souffle. Puis le jeune homme s'éloigna à nouveau, glissant les pouces à sa ceinture pour contenir le réflexe de saisir une arme ou de porter la main à sa gorge pour vérifier si le creux laissé par la morsure s'était estompé. Si le premier geste aurait été inconsidéré, le second l'aurait d'autant plus exaspéré qu'il savait pertinemment qu'il n'y avait plus de marque – et il ne comptait pas le laisser en apposer une autre. Il avait à peine eu le temps de formuler mentalement cette résolution que l'invitation tombait.

"Comme c'est aimable de votre part... " commenta le blond, sarcastique. "Et avec une si brillante idée, je ne vois pas ce qui pourrait mal tourner."

C'était connu, se jeter dans la gueule du loup était toujours sans risques. Surtout quand le loup vous le proposait. Pourtant malgré le ton clairement ironique, le blond sortit, inspirant l'air frais de la nuit, restant un instant sous l'auvent protégeant de la pluie battante, un peu à l'écart d'une paire de fumeurs. Il sentait la colère et l'indignation gronder, échos interne du tonnerre. Ils étaient encore en terrain plus ou moins neutres, puisque quelques regards humains demeuraient, ce qui lui laissait le temps de chercher comment s'éloigner assez du vampire pour dégainer son arme et... Orléans serra les dents. Il y avait une chance pour que, s'il tire, il signe son arrêt de mort. Il y était prêt, mais il y avait quelque chose de tragiquement ironique à se dire qu'atteindre sa cible serait mettre fin aussi à ses jours, fut-ce en faisant son devoir. Tout à ses réflexions, il dégagea sans trop s'en rendre compte ses pouces précédemment bloqués pour pouvoir saisir toute opportunité et jeta un regard en arrière pour estimer la distance dont il disposerait s'il quittait la protection toute relative de l'auvent et de la devanture lumineuse du bar.

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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Lun 13 Aoû - 17:01


« Vous m’appartenez. L’ennui, c’est que vous l’ignorez. », Affirma Shiro, l’air très sûr de lui.

Le ton cinglant de l’humain ne le fit pas ciller, bien au contraire. Vampire dans son état, le Conseiller pouvait le sentir bouillonner intérieurement, et il considéra cela comme une petite victoire sur l’humain. Pourtant, le chasseur se bornait à ne pas afficher sa colère, à conserver ce contrôle, et tant de self-control était réellement à saluer. Le vampire se retrouvait face à un challenge – arriverait-il enfin à faire sortir l’humain de ses gonds ? Pourtant, alors qu’il s’attendait à recevoir un refus clair et net d’une voix glaciale, Shiro s’étonna de voir que Duroy acceptait son invitation. Il haussa doucement un sourcil, avant d’étirer un mince sourire dans un ricanement amusé. Ainsi donc, on se jetait dans la gueule du loup – ou dans le cas présent, la gueule du vampire. Cela cachait forcément quelque chose… Pensait-il pouvoir attaquer Shiro une fois qu’ils seraient seuls dans la rue ? Que de prétention. Le Conseiller joua le jeu, et quitta le bar accompagné de l’humain. Cependant, une fois dehors, il s’arrêta après quelques pas, restant exposé aux regards des innocents.

Il pivota vers Duroy, inclinant la tête sur le côté. Si le chasseur avait une idée derrière la tête en acceptant l’invitation, Shiro en avait également une lorsqu’il la lui offrit. Perfide et malin, il ne se laissait pas tromper, et il resta volontairement proche du bar et de l’animation, l’air de ne pas vouloir s’aventurer plus loin. La pluie n’avait pas cessé, le sol était trempé, et le ciel, nuageux. Les étoiles perçaient à peine à travers cette épaisse couche de nuages gris, et la lune exhalait d’une lumière floue, lointaine. Froide. La nuit était froide. Puisqu’ils étaient sur un terrain encore trop proche des autres humains, combattre juste devant le bar semblait une bien mauvaise idée. Shiro en profita pour de nouveau instaurer cette proximité dérangeante, plus ça allait et plus ces délicates attentions viendraient à bout des nerfs de Duroy. Non loin d’eux, quelques fumeurs rejetaient ded volutes blanches dans l’air frais et humide. Si le vampire ou le chasseur passait à l’attaque, ils seraient les premiers témoins – et ni l’un ni l’autre ne désirait de regard indiscret, c’était certain. Les doigts pâles de Shiro glissèrent lentement sur l’épaule du blond, alors que doucement, tranquillement, il les fit remonter près de sa gorge.

« Vous savez qui je suis ? Un vampire puissant. », Chuchota-t-il afin que seul le chasseur puisse l’entendre. « Inutile de m’imaginer mort… Quand bien même vous désirez me voir trépasser, cela causerait votre propre fin. Et vous ne voulez pas de ça. »

‘Plutôt mourir que de devenir un calice !’. Cette phrase, il l’avait tellement entendue… Chaque chasseur qu’il avait pu rencontrer lui avaient tous dit ça en s’imaginant que Shiro était capable de passer à l’action. Et pourtant… Pourtant, il ne l’avait jamais fait. Il ne s’était jamais entiché d’un garde-manger personnel, jamais. L’envie avait pu le traverser, parfois, mais… Mais voilà. Le chasseur ne pouvait ignorer la possibilité que le vampire pouvait mentir, chercher à le manipuler. Personne ne pouvait être sûr de rien : Shiro ne savait pas si Duroy était capable de mourir pour l’éliminer, le blond ne savait pas si il était vraiment devenu un calice. Le doute les entourait tous les deux.

« Malgré tout, vous vous attaquez à mes frères de race et faites parfois couler du sang innocent. Je pourrais vous briser les bras, ou la colonne vertébrale, et ainsi, vous seriez incapable de continuer votre travail… Cessez de vouloir être un héros, et comportez-vous comme un humain normal ; restez à votre place. »

Il en avait souvent prévenu, des chasseurs. Prévenu du châtiment qui les attendait s’ils se bornaient à continuer dans cette voix, à vouloir tuer tous ces corps mus par le sang des humains, toutes ces créatures de la nuit. Beaucoup de chasseurs avaient péri sous les crocs de Shiro, d’autres encore avaient été gravement blessés et ne pouvaient alors plus espérer revenir sur le champ de bataille, et quelques rares chanceux étaient encore là pour raconter à leurs collègues à quel point ce vampire était un monstre. Shiro ne plaisantait pas quand il s’opposait à ces humains impudents, et son ton grave et lourd de menaces le montrait bien. Un homme puissant avait des responsabilités, et quoi qu’il arrive, le Conseiller s’y tenait. Il protégeait son peuple, ou tout du moins, ceux qui méritaient d’être protégés. Il laissait aux chasseurs tout le loisir de s’occuper des nouveau-nés perdus et sans mentor, des dégénérés et autres fous furieux. Dans la nuit, ses paroles murmurées étaient rythmées par la pluie battante.

« Alors ? Désirez-vous toujours venir chez moi, Duroy ? Ou préférez-vous mettre votre plan à exécution et me défier une fois que nous serons seuls dans une rue déserte ? »

Il devinait simplement les intentions de l’humain, car les siennes étaient les mêmes. Tuer. Rien de très catholique dans ce projet, mais pour le prêtre, la disparition d’un prédateur, d’une créature du diable que son dieu saluerait comme un acte de bravoure estompait la gravité de l’acte. Il ne se salirait pas les mains, puisqu’il protégeait les citoyens de Tôkyô et que son action, si horrible fusse-t-elle, n’avait pour but que de préserver tous ces pauvres humains d’une mort perfide. Ah, quelle chance avait-il, ce Duroy, mais le vampire, dans son cas, avait une raison aussi bonne de tuer… Il le faisait pour sa fille, pour la nourrir, et de même, en éliminant un chasseur, il protégeait lui aussi son peuple. Chacun restait un prédateur pour l’autre, après tout – même si au premier abord la lutte ne semblait pas tellement équitable.

« N’oubliez pas ce que vous êtes, et… Qui je suis. »

Et ses paroles furent appuyées d’un sourire malsain.


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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Lun 13 Aoû - 19:12


Un chasseur était une arme parmi les humains, formée par et pour la chasse. Ceux qui traquaient les vampires ne pouvaient pas ne pas développer leur force, leur endurance, leur rapidité, leur habilité dans le maniement des armes, voire du combat à mains nues. C'était pour cela que le contrôle était si important – ce même contrôle que le vampire s'acharnait à écorner chez le blond. Proximité, piques verbales, provocations... C'était à croire qu'il n'était jamais à court ni de moyens ni de patience. Exaspérant.

Orléans apprécia d'ailleurs assez peu de s'entendre presque sermonner comme un enfant refusant d'admettre la vérité. Adressant un regard torve au vampire, il souffla dédaigneusement, la chaleur de son souffle créant des volutes blanches pas si différentes de celles des cigarettes plus loin. A défaut d'allumer l'un de ces tubes de tabac, trop mauvais pour les poumons, il se concentra sur les formes pâles sur fond de velours nocturne alors que, comme d'un commun accord, prédateur et chasseur s'arrêtaient à l'abri de la pluie et de l'autre. Sans surprise, le vampire ne laissa pas à sa cible l'occasion de mettre trop de distance.

Des doigts frais glissèrent le long de son épaule, les muscles du blond se crispant sur leur trajet, le jeune homme se hérissant de mécontentement. Les réflexes trop longtemps sous clé se déclenchèrent dès que lesdits doigts s'aventurèrent trop près de sa gorge. Le blond pivota, main levée pour saisir ce qu'il percevait comme une menace et... et ce qui lui restait de self-contrôle se manifesta pour transformer le geste, Orléans se contentant à regret d'éloigner d'une tape sans douceur la main du sans-gêne, un grondement roulant dans sa gorge.

"Je sais qui vous êtes. Quant à vous imaginer mort... Ce sont les enfants qui rêvent éveillés, les adultes dressent des plans. De toute façon, techniquement, vous êtes mort."

La dernière phrase tenait un peu de la tentative de contournement de la question ô combien épineuse du suicide, fut-il indirect. En effet, si la majorité des chasseurs qu'avait rencontré Orléans étaient motivés par la colère, il n'était pas rare que les vampires traquant lesdits chasseurs aient également une belle réserve de rancune à leur égard qui les poussait régulièrement à les abattre, surtout au vu des rumeurs à propos du Chasseur de Morts. Ceux qui, à l'image du conseiller, trouvaient le contrôle pour jouer avec étaient plus redoutables, car capables du pire. Quelques menaces vinrent s'ajouter à la question du "to be a calice or not to be ?", mais ce ne fut pas la première chose que remarqua le blond.

"Vous me traquez parce que je chasse vos pairs, comme je vous chasse parce que vous traquez les miens" déclara-t-il avec plus de calme, comme si cet argument-là pouvait être compris de sa cible. "De même que vous n'abandonneriez pas vos semblables, je ne laisse pas tomber les miens. Ce n'est pas une question d'héroïsme, juste de devoir : ma place est sur le champ de bataille."

Abandonner par peur n'avait jamais été une option acceptable pour Orléans. Contrairement à la majorité de l'humanité, il savait qu'un danger rôdait de nuit, un prédateur plus intelligent et plus féroce que l'homme. Il savait et il pouvait non seulement se défendre mais défendre autrui. Bien sûr, comme le soulignait le murmure de velours à son oreille, il devait y avoir parmi ses victimes des vampires n'ayant rien demandé à personne, même s'il faisait de son mieux pour éviter les rares végétariens avérés. Pour tout dire, il n'avait même pas le bon goût de douter du bien-fondé de ses actions.

N'empêche que recevoir cette sorte d'avertissement de la part d'une cible était déconcertant. Qu'importait au vampire ce qu'il arriverait à un être qu'il avait lui-même traqué ? Au pire, il perdait un calice et un potentiel outil, au mieux il était débarrassé d'une menace. Ça devait être une forme de possessivité mal placée, décréta le blond. Possible aussi que l'avertissement soit une menace, au stade où ils en étaient.

"Je n'oublie pas. Et c'est précisément parce que je n'oublie ni ce que vous êtes ni quelles responsabilités j'ai que je prends le risque de me faire briser la colonne ou pire, au lieu de choisir la facilité."

Son oncle avait écopé d'un claudiquement suffisamment sérieux pour le mettre sur le banc de touche des chasseurs, mais rien d'aussi grave que des dommages sur la colonne. Ça, c'était le genre de blessure qui vous brisait – littéralement. Prudent, le blond reporta son regard de pluie sur le vampire, pas certain qu'il apprécie ce qui devait plus ou moins sonner à ses oreilles comme une déclaration de guerre.

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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Mar 14 Aoû - 16:18


« Je traque les vôtres car il me faut survivre. Quel malheur de tuer pour se nourrir… »

Le soupir du vampire vint se perdre près de l’oreille de l’humain. Et il n’y avait dans sa voix pas l’once d’un remord ou d’un regret… Bien au contraire. Son ton trahissait son amusement et son plaisir à chasser. Shiro était de ces monstres, qui assumaient pleinement la part sombre de leur être et qui le faisaient bien comprendre. Duroy devait avoir saisi quel genre de personne était Shiro, depuis le temps, et le vampire n’avait agi qu’en ce but… Il s’amusait avec cet humain, et c’était probablement une des seules raisons qui le poussaient à laisser le chasseur en vie. Pourtant, quand le blond lui répondit avec panache, quand il lui affirmait qu’il n’avait pas peur, le vampire était réellement pris d’envies de meurtre. Simplement pour lui donner tort. Pour lui montrer qui était le plus fort. Pour lui prouver la vanité de la cause qu’il avait choisi de servir. Pour toutes ces choses. Alors, il revint à l’attaque, et sa main glissa dans le bas du dos du chasseur un court instant pour finalement disparaître. Juste un contact physique qui devrait le faire réagir. Shiro voyait bien que les réflexes revenaient vite dès qu’ils s’éloignaient un peu de la foule.

« Alors vous mourrez. Quoique… » Sa main vint vivement se saisir d’un des poignets de l’humain. « Qu’est-ce qui est pire que la mort, Duroy ? Pour un prêtre, j’imagine, hm… Tuer un de vos semblables ? Se suicider ? Le péché de chair ? Oh, et comment pourrais-je vous forcer à l’une de ces choses ? »

L’humain était loin d’être privé de sa liberté de mouvements, mais son poignet retenu prisonnier sonnait comme une menace. En une simple pression, Shiro pouvait lui broyer les os, et il ne tenait qu’au chasseur de choisir si il voulait prendre ou non ce risque. Il ne fit pourtant rien d’autre que de maintenir son étreinte, le regard allant se perdre parmi les méandres des rues qui s’étalaient sous leurs yeux. Pire que la mort… Pour certaines personnes, il existait pire que la mort. La torture, par exemple, et la torture prenait tellement de forme qu’il était difficile de tout énumérer – peut-être même était-ce impossible. Pour un vampire, par exemple, la pire des tortures se résumait à le priver de sang. Aucun humain ne pouvait imaginer la souffrance de la soif, pire encore pour les jeunes vampires. Par ce fait, Shiro trouvait injuste de donner pour prétexte à la chasse le fait que les vampires tuent pour se nourrir. Aucune créature des ombres ne se priverait pour leur bon plaisir, car la soif était abominable et éprouvante. Ils n’avaient pas le choix.

« Vous faites le courageux mais sachez que je ne plaisante pas. »

Son ton vif et cinglant fendit les airs comme une lame. Sa voix prenait des accents mielleux par moments, qui disparaissaient vivement quand la bête en lui prenait la parole. Shiro pouvait parfois sembler un peu lunatique, en effet… Mais ce n’étaient que quelques pulsions qui s’emparaient de lui, des accès de sauvagerie auxquels aucun vampire, semblait-il, ne pouvait échapper. Les plus vieux, cependant, comme Shiro, se permettaient de ‘jouer avec la nourriture’ car avec plusieurs centaines d’années au compteur, le contrôle était bien plus aisé, et surtout, il était indispensable de vaincre la lassitude de la vie. L’ennui était pénible et étouffant lorsque l’on avait vécu plusieurs siècles et que les occupations que l’on avait pu avoir nous rebutaient à présent. Tandis que se jouer de sa proie, Shiro ne s’en serait jamais lassé. Il ne le faisait pas tout le temps, mais assez régulièrement, quand le jeu en valait la chandelle.

« Vous ne savez pas de quoi je suis capable… »

Dans la nuit, son murmure était étouffé par le bruit de la pluie qui tapait contre le sol, les toits et les fenêtres. Personne ne savait vraiment qui était Shiro et ce qu’il pouvait faire, car il ne se montrait jamais tel qu’il était réellement…

[Mh, petit post, l'inspiration m'a quittée... :<]

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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Jeu 16 Aoû - 9:18


Une pointe de colère passa dans les iris gris du prêtre alors que le murmure parvenait à ses oreilles, porteur d'un message de regret que son ton et toute l'attitude du prédateur venaient contredire. Il s'amusait de la traque, de l'hallali, et il s'amusait en ce moment même avec le chasseur. Le blond le savait. Cela n'empêcha pas un frisson de courir dans son dos alors qu'une main s'y aventurait, si proche de la colonne que le vampire avait menacé de rompre. Irrité, le jeune homme s'écarta, espérant que les doigts indiscrets n'avaient pas rencontré le holster à sa ceinture, dissimulé par sa veste.

"Vous m'avez l'air en effet dévasté" commenta-t-il avec ironie.

Que ce soit la goutte d'eau ou d'impertinence qui fasse déborder le vase ou que l'idée ait traversé l'esprit du prédateur à ce moment, il eut tout juste le temps de finir sa phrase que son poignet était emprisonné. Instantanément, le blond se raidit, tentant d'amorcer une clé de bras pour se défaire de cette prise. L'étau, pas encore dangereux mais menaçant, bloqua son mouvement. Il aurait dégainé et tiré dans l'instant s'il n'y avait eu les fumeurs, un peu plus loin. Au lieu de cela, il dû arrêter son mouvement et se contenter d'écouter les menaces s'égrenner, s'ajoutant aux précédentes, la mâchoire serrée.

"Vous avez déjà fait le pire, ou presque" pensa l'occidental. S'il avait fait de lui un calice, qu'il l'avait enchainé à un prédateur pareil... Ses lèvres s'ouvrirent, comme pour prononcer cet aveu. Il se contint au dernier moment. Donner des armes à l'ennemi était une sale idée. Vraiment. Il en avait déjà bien assez comme ça en plus, et ses idées étaient suffisament douloureuses à envisager. Orléans reporta ses yeux de pluie sur l'origine de cette voix qui se faisait cinglante, après avoir déployé tout son velours venéneux plus tôt. Le danger était presque palpable. En fait, le danger était palpable, en fait, sous forme de doigts frais enroulés autour de son poignet. Peut-être le prédateur pouvait-il même percevoir le pouls du chasseur, battant rapidement sous la peau claire, le jeu des muscles n'attendant qu'un relâchement de sa prise pour se dérober.

"Non, en effet, je dois reconnaître que je ne sais pas avec certitude jusqu'où vous iriez. C'est d'autant plus dangereux, d'ailleurs, que vos pairs vont rarement jusqu'à ces extrémités, à part par vengeance personnelle."

Avec les menaces de ce type, ils avaient clairement dépassé la chasse de base, ou même le jeu. On s'aventurait dans un terrain que le blond comprenait moins, qui aurait pu tenir de la vengeance, peut-être. Mais une vengeance pour quoi ? Pour ne pas plier l'échine sagement, peut-être ? Pour ne pas suivre ce conseil, cet avertissement de plus tôt l'enjoignant à cesser la chasse ? A demi concentré sur ces réflexions, c'est avec une sorte de prudence que le blond fit jouer son poignet dans la main qui le retenait, testant la marge de manoeuvre dont il disposait. C'était moins un défi qu'un geste nerveux. Après tout, en l'état actuel des choses, le prédateur était en situation de force : puisqu'il devait percevoir son pouls, il pouvait en déduire oscillations d'humeur et tentatives de bluff, et il y avait toujours le risque qu'il neutralise d'une façon ou d'une autre le chasseur à l'insu des fumeurs sans que celui-ci puisse réellement esquiver.

Une inspiration plus profonde de la part de l'humain fit naître de nouvelles volutes pâles. Orléans chargea ses poumons de toutes les senteurs de pluie et de tabac qui lui parvenaient. Ses iris pluvieux revinrent se river sur le démon au visage d'ange, comme pour jauger le risque qu'il courait, le risque que les respirations à venir soient les dernières.

"Je ne suis pas certain de comprendre d'où viennent ces soudaines envies de m'infliger pire que la mort, mais s'il en est ainsi... "sa voix se fit plus basse, presque plus douce. "Je doute que vous me convainquiez de changer d'avis et je ne vous découragerai pas de la chasse, puisqu'elle vous est vitale. Alors relâchez-moi et réglons la question. "

C'était imprudent de s'attaquer seul à une cible pareille, mais que vouliez-vous qu'il fasse ? Qu'il s'assoie dans un coin et le laisse chasser sous son nez ou tramer sa mort ? Il ne pouvait pas. C'était épidermique, tout simplement. Il fallait qu'il agisse, qu'il tente quelque chose, qu'il protège ceux qui ne pouvaient le faire eux-même. Il n'aurait pas pu se regarder dans le miroir s'il n'essayait pas au moins de faire quelque chose.

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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Dim 26 Aoû - 22:07


Des sifflements...Encore. Ce devait être sa soirée, à moins que ces types n'aient jamais vu de manteau en cuir noir sur une femme. Pour leur défense, Lin Yao n'avait jamais pleinement conscience de son sex appeal mais comme ce soir, elle était en mode "traque", haut à col roulé moulant et pantalon en cuir lacé de circonstance. Elle n'avait aucune envie d'entrer dans ce night club, les ambiances Sex, drugs & rock'n roll n'étant pas pour lui convenir...sans compter qu'en plus de son "client", il pourrait s'y trouver plus d'un vampire. Néanmoins, elle l'avait distinctement vu entrer ici et ne pouvait plus faire marche arrière. Sans compter qu'il faisait un temps déplorable ce soir, un abri ne serait pas du luxe après avoir pister un hématophage durant une heure à travers la ville. C'était un fait, son entrevue brève mais houleuse avec Inoue avait regonflé sa motivation, en dépit de son activité complaisante, il avait su la convaincre d'une chose. Que si elle restait bras croisés à attendre qu'on fasse appel à elle ou qu'un hématophage frappe à sa porte (le cas de Makoto mis à part...), elle prendrait rapidement racine...

Et ça lui aurait convenu seulement un temps, surtout que les chevaliers se feraient de plus en plus pressants et demanderaient des résultats. Ils n'avaient pas laissé filer l'un de leurs meilleurs éléments pour qu'il se tourne les pouces une fois dans un pays étranger. Il avait bien fallût qu'elle se rende à l'évidence, en retirant le chasseur de sa personne, on ne récupérait qu'une paranoïaque pas plus apte à profiter de la vie qu'auparavant car se faisant sans cesse du mouron pour ses proches et ayant mauvaise conscience. C'était donc décidé, elle montrerait à tous ces goujats ce qu'elle valait, tout en prenant ses précautions et en tâchant de laisser son oncle et sa cousine en dehors du cercle. Si elle n'avait croisé la route d'aucun vampire durant son excursion à Aokigahara, Lin Yao avait trouvé une piste rapidement une fois de retour dans la capitale, ce qui l'avait aussi encouragée à reprendre activement du service.

Dimanche dernier, elle avait fait une sortie cinéma avec Mei dans Shinjuku justement et au moment de quitter la salle, par l'arrière du bâtiment, il lui avait semblé apercevoir du sang sur le sol goudronné, non loin d'une benne à ordures...Elle devait être l'un des seuls spectateurs à l'avoir remarqué, étant mine de rien entraînée pour ça mais de loin et dans l'obscurité, on aurait tout aussi bien pu croire à une flaque d'huile de moteur ou à un autre liquide sirupeux...Sa cousine, quant à elle, encore plongée corps et âme dans le film n'avait même pas regarder au loin sûrement, rejoignant la rue animée rapidement. Pour éviter d'éveiller les soupçons, Lin Yao ne s'était pas rapprocher, se disant qu'elle remettrait son observation à plus tard...Ca pouvait tout aussi bien être le sang d'un animal errant blessé après une rixe, peut-être que ça ne signifiait rien. Mais après avoir entraperçu distinctement une silhouette s'éclipser sur un toit voisin, Lin Yao n'eût plus aucun doute...Cependant, ç'aurait été une erreur monumentale que de courir ainsi après un vampire non identifié sans aucune arme sur elle et en laissant Mei en plan de surcroît.

La nuit suivante, elle avait commencé à enquêter, revenant sur les lieux et se débrouillant pour monter sur le susdit toit. Un kama dissimulé habilement dans son sac à main bandoulière, un autre coincé dans sa ceinture, et comme ils étaient rétractables, ça n'était pas trop voyant. En revanche, elle n'avait pas pu prendre son arbalète, elle n'allait pas non plus agiter le linge rouge sous le nez du taureau...Shinjuku restait très peuplé même passée une certaine heure et rien que se balader avec des armes blanches sur était risqué si par inadvertance, elle se faisait fouillée. Aussi, mieux valait miser sur le corps à corps même si cette idée l'enchantait beaucoup moins...En vue d'une confrontation, elle avait refait quelques entraînements intensifs de kung fu ces jours derniers mais revenons-en au soir où avait débuté l'investigation. Sur le toit, l'archère avait pu suivre une nouvelle piste de tâches de sang et avait ainsi enchaîné trois grands bâtiments avant d'arriver au niveau d'une décharge publique qu'elle apercevait en contrebas. Un endroit rêvé pour dissimuler des restes humains. Une fois descendue, elle avait cherché l'entrée du dépotoir et pousser sa grille rouillée avec précaution. Des crépitements étaient arrivés à ses oreilles...Quelqu'un se trouvait là et faisait brûler quelque chose derrière deux montagnes de déchets, tout au fond de la décharge...

Lin Yao s'était approchée le plus discrètement possible jusqu'à entendre des voix, ils étaient deux...et très pressés apparemment. "Je n'ai pas pu m'en occuper hier, ça urge !" "Franchement, tu exagères, en plus tu en as semé partout, on ne t'a jamais dit de vider ta proie jusqu'au bout avant de la jeter ? Si ça se trouve, ce type n'était même pas tout-à-fait mort quant tu l'as balancé là-dessous...Quel gâchis". Bon, après avoir entendu ça, il y avait très peu de chance qu'il s'agisse de SDF en quête d'un fief pour la nuit, pour autant ces deux vampires n'avaient pas l'air d'être parmi les plus dégourdis. La seule manière de les coincer était d'attaquer de front et de miser sur la surprise. Espérant que les effluves du cadavre frais ajoutée aux relents pestilentiels des ordures camoufle son odeur, Lin Yao s'était munie d'un de ses kamas et l'avait déplié avant de se rapprocher au maximum. Puis, elle avait presque bondit hors de sa cachette, avisé rapidement la position des deux vampires et lancé rapidement son arme en direction de l'un d'eux, elle n'avait fait que l'atteindre à l'épaule mais cela les avait assez surpris pour qu'ils n'aient pas le temps de réagir...Rapidement elle avait sorti son 2ème kama et cette fois, il ne manqua pas le coeur. Aucun doute sur le peu d'expérience de ces deux zigotos...et sans se faire prier, le rescapé s'enfuit lâchement, abandonnant les cendres de son ami.

Lin Yao était allée ramasser ses armes avant d'examiner la dépouille...Pas de traces de morsure et encore du sang sur lui...Elle pouvait le signaler à la police, histoire qu'il puisse être identifié, pleuré par ses proches et avoir une sépulture décente plutôt que de griller dans un décharge. En revanche, les cendres vampiriques elles, avaient été sacrifiées aux flammes, qui savait jusqu'où la police irait fouiné pour trouver des indices ? On avait toujours appris à Lin Yao à nettoyer le terrain une fois une exécution rendue...Après avoir passé son coup de fil anonyme aux forces de l'ordre, l'archère était rentrée, mais avec la ferme intention d'avoir le 2ème vampire imprudent. C'était précisément lui qu'elle traquait cette nuit, il n'était décidément pas champion pour brouiller les pistes et se faire oublier...La panique le faisait sûrement fauter en prime, car il savait qu'un chasseur en avait après lui.

Lin Yao était donc finalement entrée dans le Miryô et avait retiré sa capuche, quelques mèches mouillées encadrant son visage de poupée chinoise. Elle devait vraiment faire figure d'intruse dans cette foule bariolée et dévergondée...On ne s'entendait pas, on se voyait à peine dans le cliquetis luminescent des différents néons...mais il lui fallût cinq minutes au bas-mot pour repérer le jeune vampire et le voir s'enfuir par une porte à l'arrière de la salle...Le regard apeuré qu'il lui avait lancé voulait tout dire. Après avoir froncé des sourcils, elle s'était dépêchée de se diriger vers ladite porte, bousculant quelques personnes au passage et s'excusant derechef. Hors de question de le courser sous la pluie et la grêle deux heures de plus ! Il fallait qu'elle le coince ici ! Au sortir du club, sa cible s'était mise en tête de sprinter mais était rentrée dans deux personnes, ce qui l'avait considérablement ralentie...Lin Yao arriva quelques secondes plus tard et le vit s'excuser platement avant de filer à l'anglaise dans une autre ruelle...Pourquoi prendre la peine de s'excuser alors qu'il avait la mort aux trousses ?

Quand elle porta un peu plus d'attention aux deux hommes bousculés dont les rapports semblaient pour le moins hostile, Lin Yao crût reconnaître une tête qu'elle avait vu sur Requiem...et pas n'importe laquelle. Après sa rencontre avec Inoue, sa curiosité l'avait poussé à aller jeter un nouveau coup d'oeil à la fiche de ce Naraku Hebichi et elle s'était par la même refaite toute les fiches des vampires jugés "importants"...Celui-ci, elle en était à peu près certaine, faisait partie du lot...et le jeune homme qu'il tenait d'une poigne de fer ne devait pas être consentant...Lin Yao ne voulait pas céder à la panique mais malgré qu'elle soit armée et entraînée, elle ne pouvait rien tenter tant que des "civils" se tenaient dans les parages et pour couronner le tout, sa cible venait de disparaître...Mais il ne serait pas si ardu de retrouver sa piste. Il importait maintenant de trouver un moyen d'empêcher son aîné de sévir. Aussi, son regard aussi dur et froid que de l'onyx soutenant celui du vampire, Lin Yao sorti discrètement un kama de sous sa veste dont la lame luit à la lumière d'un lampadaire proche...Elle ne savait pas du tout quelle serait la réaction du vampire mais il fallait tenter le tout pour le tout, jamais elle n'aurait pu tourner les talons et laisser ce malheureux entre ses griffes. Ca aussi, c'était contraire à ses principes.


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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Mar 4 Sep - 18:56


Dans la fraîcheur de la nuit, il se trahissait. Nul souffle ne sortait d’entre ses lèvres, nulle volute ne s’élevait dans les airs. Il ne respirait pas. Et cela se voyait. Il avait laissé tomber le masque d’humain pour river son regard ténébreux sur le blond, ses narines frémissant sous le fumet que lui apportait la proximité de sa proie. Ses doigts fermement fixés sur le poignet de l’humain pouvaient percevoir ce pouls régulier, cette veine qui roulait et où le sang pulsait à chaque battement de cœur. Ses pupilles se rétrécirent et son regard brilla étrangement, tandis que le bout de ses crocs fut découvert par un sourire à peine plus humain que la sauvagerie de ses prunelles. Il riait. Il riait, car il n’avait pas peur, car il n’était que prétention et vanité face aux humains, et parce que quoi qu’il arrive, il n’avait pas l’intention de mourir aujourd’hui. Son heure n’arriverait pas maintenant, Dieu lui pardonne tant d’entêtement à s’accrocher ainsi à la vie – si l’on pouvait nommer ‘vie’ cette chose qui permettait aux vampires de se mouvoir. Ses doigts glacés glissèrent lentement sur le bras de l’humain, tandis qu’il le relâchait. Tant de possibilités s’offraient à lui en ce moment. Il pouvait disparaître dans la nuit et se chercher une autre proie, ou choisir d’abattre une main sur la nuque du prêtre pour qu’il se taise à jamais. Sans vraiment réfléchir, Shiro leva son bras, prêt à passer à l’acte, et nul doute qu’il aurait tué le chasseur si quelqu’un ne lui était pas entré dedans. Surpris par le choc et remarquant avec surprise que le corps lourd avait assez de force pour le déséquilibrer, le Conseiller fit quelques pas sur le côté pour récupérer un tant soit peu de stabilité.

Le malheureux qui l’avait percuté était un vampire – quoi de mieux que d’être un vampire pour repérer ce genre de chose sur le champ. Il eut au moins la décence de reconnaître Shiro et de s’excuser platement, baissant l’échine face au brun, avant de filer dans la nuit. La rapidité des évènements laissa un instant le Conseiller perplexe – en temps normal, les excuses se seraient éternisées un minimum. Il sut aussitôt ce qui avait pressé l’autre vampire quand il remarqua la jeune femme qui le dévisageait. Ce devait être un chasseur, vu la réaction de son frère de race et sa fuite impolie – un chasseur-femme, quelle blague, songea Shiro dans un sursaut de misogynie. Il considéra un instant le prêtre à ses côtés, puis de nouveau la chasseuse, et bien qu’il fasse plusieurs fois l’équation dans sa tête, il ne se sentit absolument pas en danger. Pour l'instant, à la vue des autres mortels, l’heure serait à la trêve forcée pour tout le monde – bien que Shiro avait été sur le point de tuer Duroy à vue, avec l’intention de s’évaporer aussitôt après. L’éclat d’une lame n’échappa pas au regard inquisiteur de Shiro, qui, redressant le menton, adressa à cette charmante femme un regard dégoulinant de mépris. Mauvaise idée… Il avait juste à côté de lui une proie de choix, et il avait juste à tendre la main pour le saisir par le col. Souriant, il fit un pas vers le prêtre en s’assurant de garder les deux chasseurs dans son champ de vision afin de scruter leur moindre réaction. Puis, dans un geste d’une rare noblesse, il pivota vers la chasseresse et esquissa une courbette – pure fantaisie de sa part visant justement à se moquer de la traqueuse.

« Mademoiselle. J’ai l’impression que votre compagnon nous importunés en me bousculant, coupant ainsi court à notre conversation. », Lâcha-t-il en désignant Duroy d’un geste de la tête.

Il tourna autour du prêtre afin de montrer à l’impudente quelle mauvaise idée ce serait de passer à l’action. Elle pouvait tout aussi bien agir avec Duroy ; à deux contre un l’issue du combat pourrait changer, mais encore fallait-il qu’elle parvienne à communiquer avec l’homme de foi alors qu’ils avaient leur proie en question sous le nez. Non. Décidément, l’heure serait au dépôt des armes pour l’instant. Les trois traqueurs devaient se contempler dans le blanc des yeux, en attendant le signal de départ, qui les autoriserait aussitôt à faire couler le sang – ce qui semblait impossible pour le moment, à la vue de tous… Non, vraiment, on tournait en rond.

« Vous devriez aller le rattraper et nous laisser, mon… ami et moi sommes en pleine discussion. » Il se tourna vers Duroy. « D’ailleurs, je pense que nous allons continuer notre entretien chez moi, ainsi, aucun insecte ne pourra venir nous ennuyer. »

Et il poussa le prêtre dans le dos, le menant vers les méandres obscurs des ruelles qui s’offraient sous leurs yeux. Là où la véritable chasse pourrait commencer. D’expérience, Shiro savait que les chasseurs ne résistaient jamais très longtemps aux provocations – bien sûr, il y avait toujours des exceptions. Mais il s’attendait à ce qu’on les suive, ou même qu’on les coupe dans leur pseudo-fuite qui leur offrirait un terrain de lutte digne de ce nom, sans spectateurs et sans témoins innocents. Depuis le début, il n’avait fait que jouer avec les nerfs du blond, à tenter de lui faire croire des énormités et à le menacer de mort sans toutefois passer à l’action. Il était temps d’en finir. Sa fille à la maison allait se languir d’impatience, et il avait des rapports à terminer et à remettre à la Fondatrice. Bref. Des responsabilités de papa et de Conseiller qui ne collaient pas tellement à ses activités de gamin qui joue avec la nourriture – car c’était plus ou moins ce dont il s’agissait. Alors, pensant que tout cela n’allait pas se faire tout seul et attaché à son rôle qu’il prenait très au sérieux, Shiro songea que tout cela devrait cesser dans peu de temps, après la mort, peut-être, de deux chasseurs malheureux – ce serait la meilleure fin pour lui. Esquissant une dernière poussée dans le dos de Duroy, il jeta un regard en arrière dans une ultime menace. Puis, tapotant l’épaule du prêtre, il lui adressa un rictus amusé.

« Je vais prendre de l’avance et vous laisser vous débarrasser du nuisible – il adressa un regard à la chasseuse – Retrouvez-moi plus loin…. Si vous y parvenez. »

Allons bon. Une dernière partie de cache-cache, et c’en était fini, des gamineries. Après, il passerait aux choses sérieuses. Il partit comme un courant d’air, filant dans la première ruelle et disparaissant dans les ombres. Il tourna à gauche, puis à droite, et s’arrêta, humant l’air. Partirait-on à sa recherche ? Il en était presque certain. Après les provocations adressées à Duroy, ce dernier n’allait pas le laisser partir comme ça. Il se glissa dans le recoin d’un mur d’une ruelle plutôt étroite et où filtrait difficilement la lumière des lampadaires éloignés. La pluie avait cessé, laissant place à une bruine silencieuse qui humidifiait doucement sa peau. Mouillé et peu vêtu, le froid aurait tôt fait de mordre sa peau si il ne fût pas un vampire…


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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Sam 8 Sep - 9:47


Spoiler:

Orléans avait décliné des refus de proximité sous toutes les formes : il s'acharnait à tenir à distance tous ceux qui auraient pu devenir des proches afin de ne pas leur faire courir de risques, lançait des fausses pistes à quiconque mettait son nez dans sa vie privée, et n'acceptait qu'on l'approche physiquement que lors de certains entrainements. Et encore. De base, il était sniper. Autant dire que la présence du vampire, figure de mort au visage d'ange, était perçue comme une véritable intrusion, une déclaration de guerre de plus, presque un geste de domination.

Un frisson dansa sur sa peau alors que le bras du prédateur se levait, que le blond esquissait un mouvement de recul, sa main encore libre filant vers le holster, avec ce pressentiment que s'il ne réagissait pas, il était mort. Mouvement au coin de son champ de vision, assez rapide pour être suspect... et choc. Le Conseiller qui n'aurait pas été affecté par la force d'un humain vacilla. Le chasseur sentit son esprit s'emballer, chercher un moyen de gérer deux nuisances à la fois quand un nouveau point à base de non-implication des innocents lui signala la présence d'une jeune femme. Chasseuse, d'après le discret éclat de lame que saisirent ses yeux de pluie avant de se reporter sur sa cible, qui avait renouvelé son intrusion dans son espace personnel, déclenchant un nouveau pas en arrière chez le prêtre.

Est-il utile de préciser à quel point la révérence, tout à fait incongrue, surprit le blond ? Enfin, pas très longtemps, puisque le prédateur ne tarda pas à reprendre son horripilante habitude de tourner en rond autour du prêtre et de lancer piques et provocations. "Insecte", "nuisible", puis cette invitation à le retrouver, après l'avoir poussé vers les rues sombres... Le naturel chassé un court instant par le geste élégant revenait au galop, de toute évidence. Un vague grondement roula dans la gorge du chasseur. Il n'était en aucun cas une marionnette qui se pliait au jeu du Conseiller docilement, ou qui se laisserait emmener chez lui comme un agneau à l'abattoir ou un gentil toutou. D'ailleurs, il avait une toute autre opinion sur celui qui aurait dû se sentir visé par ce qualificatif de nuisible.

"Votre philanthropie et votre confiance dans les capacités humaines ne cesseront sans doute jamais de me surprendre" commenta le blond, sarcastique, en réponse à ce qui sonnait comme un défi.

Certes, il y avait un écart de force, de vitesse, d'acuité des sens entre eux, mais si les chasseurs avaient été quantité négligeable, ils seraient passé au stade d'espèce disparue depuis un certain temps. Ce n'était cependant pas la peine de développer l'argument, non seulement parce que le vampire n'écouterait pas mais en plus parce qu'il avait déjà tourné les talons.

Il n'eut pas à attendre longtemps que le prédateur disparaisse avant de pouvoir tourner son regard gris vers la chasseresse, lui adressant un léger sourire désolé. Il n'aimait pas plus que ça impliquer des gens ou des collègues dans ses chasses sans concertations préalable, en général. Pas que le travail en équipe le dérange, au contraire, mais cela nécessitait en général un peu de mise au point en amont pour coordonner les techniques, habitudes et signaux de ses co-équipiers, ce qui n'était pas possible faute de temps lorsque l'on devait improviser.

"Navré si je vous ai inquiétée. On peut encore tenter de retrouver votre cible, même si elle avait l'air pour le moins pressée..."

Oh, il ne renonçait pas pour autant à la traque d'un certain vampire, mais un peu d'attente ne le tuerait pas – malheureusement – et c'était une forme de politesse, après avoir perturbé, fut-ce involontairement, la traque de sa collègue. Qui plus est, au vu du côté joueur dudit vampire, Orléans était presque certain qu'il patienterait le temps d'être certain que le blond ne le traquait pas, voire qu'il reviendrait le titiller, en bonne source d'énervement ambulante, tout du moins si le jeune homme ne trouvait pas moyen de lui tendre une embuscade avant, idée qui lui trottait en tête depuis quelques temps.

"Cela dit, si vous considérez que j'ai suffisamment interféré avec votre chasse, je le comprendrais très bien" ajouta-t-il après un bref instant.

Si lui avait commencé par la traque en binôme, ce n'était pas le cas de tous, chaque chasseur ayant ses habitudes, une formation et un parcours le prédisposant ou non au travail en équipe. S'il était tout à fait disposé à aider la jeune femme à retrouver la piste de sa cible, il ne voulait pas non plus paraître envahissant et pouvait très bien repartir derrière sa némésis personnelle de ce pas. D'ailleurs, une pensée lui traversa l'esprit selon laquelle il serait peut-être plus sûr de ne pas impliquer de tiers dans cette affaire, le Conseiller ayant l'air d'avoir de la suite dans les idées en matière de chasseurs interférant avec sa traque. Certes, il était différent d'impliquer un innocent, un civil ou un professionnel de la traque des êtres nocturnes, mais bon...

Quelle que soit la réponse de la chasseresse, il pu donc remonter le col de sa veste, le poids du holster lui assurant que son arme était bien à ses côtés, pour s'engager dans les rues d'un pas souple, vif. La bruine ne facilitait pas les choses, glissant dans son cou, froide, et estompant une bonne partie des traces qu'aurait pu laisser leurs cibles, mais elle avait l'avantage, contrairement aux grosses averses, de leur offrir un champ de vision plus dégagé tout en vidant les rues. Profitant d'ailleurs de cet avantage que leur offrait la météo, le blond sortit son arme lorsqu'ils s'engagèrent dans les allées désertées, son seul poids lui assurant qu'elle était chargée. Ses yeux fouillaient pour leur part déjà les ombres des ruelles à la recherche d'un indice sur la direction à suivre, ses sens tendus, prêts à réagir au moindre signal suspect.

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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Mar 18 Sep - 1:00


Lin Yao ne s'était jamais retrouvée dans pareille situation, à croire que Tokyo n'en finirait jamais de déverser un flot d'embûches et de surprises sur sa route. Les vampires nippons étaient-ils donc si différents des chinois ou seules les méthodes de chasse étaient-elles en cause ? Jamais aucun de ses confrères n'avait été retenu en otage par un buveur de sang mais sûrement était-ce aussi parce que les chevaliers dédaignaient toutes formes de dialogue avec leurs proies. Il n'y avait aucun échange et si jamais il y en avait, ce genre d'incidents était gardé sous silence, auquel cas, Lin Yao n'y avait jamais été confrontée. Elle savait seulement que tout contact avec un hématophage était très mal perçu par sa communauté, d'où son refus catégorique de parler de son entrevue avec Makoto...Qui savait comment ses frères d'armes réagiraient à cette nouvelle ? Elle se souvenait encore avec amertume des menaces de mort qu'on avait proféré quand elle était tombée inconsciente après avoir été blessée à la gorge par ce vampire nouveau-né. Les chasseurs japonais bien que la plupart lui aient jusqu'ici semblé rustres apparaissaient plus coulants à ce niveau-là, enfin...Les préceptes de l'ordre de Tenkyû devaient avoir leur petit effet même sur les indépendants, à mieux y réfléchir, c'était sûrement la présence de l'ordre ici qui changeait la donne.

En Chine, les vampires n'étaient reliés à aucune instance religieuse de la sorte, mais les chasseurs travaillaient rarement en solitaire et étaient regroupés en confréries, souvent une importante par région et plusieurs groupuscules l'accompagnant. Si leurs méthodes divergeaient parfois, leur vision des vampires était commune et ils les éradiquaient au compte-goutte sans regard pour leur âge ou leur place dans la société, dès qu'une bonne occasion se présentait. Du coup, la perplexité de Lin Yao était compréhensible et elle avait encore bien du mal à se persuader que la majorité des chasseurs avait déjà dû parlementer avec l'ennemi voire entretenir certains liens avec.
Restée plantée sur ses jambes, se préparant à toute éventualité, Lin Yao avait resserré la main sur son kama quand l'aîné s'était rapproché du jeune homme...Puis elle s'était reculée nerveusement quand il s'était détournée vers elle pour faire cette révérence et lui dire que sa cible les avait interrompu...Heureusement d'ailleurs car si le hasard n'avait pas aussi bien fait les choses, peut-être l'européen serait déjà mort à l'heure qu'il était. Voilà que l'autre recommençait à lui tourner autour proférant qu'on les avait dérangé et qu'ils seraient plus tranquilles chez lui pour continuer leur entretien. L'archère s'était en plus de ça faite insultée et en avait froncé des sourcils, l'insecte pouvait piquer incroyablement fort s'il le voulait et Lin Yao aurait volontiers lancer son kama entre les deux omoplates du vampire tandis qu'il poussait sa victime dans une ruelle moins fréquentée...

Lin Yao n'allait pas lui faire le plaisir de suivre son conseil, alors qu'il aurait été sûrement plus raisonnable de le faire. Mais elle avait décidé de venir en aide à cet homme et ne remettrait pas cet état de fait en cause. Elle entendit le vampire glisser quelques derniers mots, comme quoi il irait attendre un peu plus loin le temps que sa victime se débarrasse du nuisible. Lui était-ce destiné ou parlait-il du jeune vampire en fuite ? Dans tous les cas, il ne tarda pas à s'éclipser comme il l'avait dit et mine de rien, Lin Yao s'en sentit soulagée. Au moins ce vampire avait la présence d'esprit de ne pas faire de massacres en public, car l'espace d'un instant, elle avait vraiment crût qu'ils y passeraient. D'après ce que le jeune caucasien avait répondu, l'archère en avait conclut qu'il ne s'agissait pas de sa première rencontre avec ce prédateur. Les aurait-elle réellement dérangé ? Il ne tarda pas à se tourner vers elle pour lui sourire et s'excuser, lui proposant de retrouver le fuyard tant qu'il en était encore temps. Lin Yao fût un instant songeuse après ça et avisa rapidement le holster qu'il arborait, elle ne l'avait pas remarqué avant. De toutes évidences, ils étaient dans le même camp, enfin...Même si l'archère demeurait un soupçon suspicieuse des suites de ce qu'elle avait vu.

Après tout, cet homme pouvait être un informateur au même titre qu'Inoue même s'il semblait davantage se rapprocher des chasseurs. Aucun mot ne filtrant des lèvres de la jeune femme, il pensa sûrement l'ennuyer et lui dit avec une politesse étonnante qu'il pourrait se retirer si elle le suggérait. Il parlait étonnamment bien pour un chasseur mais dans son attitude et ses gestes, il avait réellement tout du combattant professionnel.


-Non, c'est plutôt moi qui ait la sensation d'avoir interférer quelque part. Et concernant ma cible, elle doit déjà être loin mais je n'aurais aucun mal à retrouver sa piste, ne vous tracassez pas...

Tant de sérieux et de détermination dans ce regard bleu...A peine Lin Yao eût-elle terminée qu'il avait dégainé son pistolet et avançait dans la ruelle. Elle venait de lui sauver la mise et il allait à nouveau se jeter dans la gueule du loup ?! Ce n'était pas le genre de l'archère de se mêler de ce qui ne la regardait pas mais là pour le coup, elle ne comprenait plus. Aussi, elle le rattrapa et lui dit.

-Vous n'y pensez pas. Vous n'allez tout de même pas faire ce que cet hématophage attend de vous ?

Après qu'elle ait lâché ses paroles, tous deux marquèrent une pause et échangèrent un regard. Lin Yao laissa échapper un bref soupir et abaissa les yeux, faisant une petite révérence.

-Zeng Lin Yao, enchantée.

Elle avait dit ça de manière brève, consciente qu'ils ne pouvaient pas faire salon de thé mais la leçon d'Inoue avait semblait-il été bien retenue. Et puis, ce chasseur incitait à ce qu'on soit avenant avec lui, il avait eu la décence de s'excuser tout en proposant son aide.

-Ecoutez, je sais que ça ne me regarde pas mais si vous y retournez, il vous tuera. Ce vampire est issu du Conseil et sait qu'il ne risque rien.

Allons bon, alors qu'elle était nouvellement arrivée, voilà qu'elle faisait la morale. Vu les relations d'assez longue date que cet homme semblait entretenir avec son futur bourreau, il devait être au courant de toutes ces choses. Dans ce cas, qu'est-ce qui le poussait à continuer ? Malgré elle, Lin Yao aurait bien aimé avoir le fin mot de cette histoire même si elle n'aurait jamais le culot d'en demander davantage.



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MessageSujet: Re: Dark was the night   Dark was the night Icon_minitime1Dim 14 Oct - 11:28


Un instant, le blond se demanda ce qui dans la scène pouvait avoir ainsi laissé songeuse la nouvelle arrivante. La présence d'un Conseiller ici, si ostensiblement agressif ? Ou peut-être les restes de leur jeu d'acteur, destiné à ne pas éveiller l'attention des passants ? Il pouvait tout à fait comprendre qu'elle soit sur ses gardes, surtout au vu de l'identité de sa proie. Elle finit cependant par répondre, écartant la proposition de rattraper sa cible. Ainsi soit-il... Orléans prit donc la direction de son prédateur de la nuit, vite rattrapé par la jeune femme, dont la question déstabilisa le prêtre. Il cilla, lui adressa un regard un peu surpris, puis un léger sourire, mi-remerciement mi-détermination.

"Merci de votre préoccupation pour moi, mais si, j'y pense très sérieusement. Pas que l'idée de le planter sous la pluie me déplaise plus que ça, mais bon..."

Disons qu'il n'avait même pas la satisfaction un poil mesquine de se dire que pendant la traque, le prédateur serait bien obligé de prendre son mal en patience sous l'averse, celle-ci ne l'affectant sans doute pas plus que ça. Il s'interrompit dans ses justifications lorsque la chasseresse se présenta, inclina légèrement le buste en réponse, d'un mouvement souple mais rapide, de façon à ne pas perdre de vue les environs, et les dangers potentiels qu'ils recelaient. Il était de toute façon à peu près certain que son interlocutrice ne le prendrait pas mal, sans doute consciente elle aussi de la situation – qui sous un certain angle aurait pu être cocasse, avec cette session de présentations au beau milieu de leurs traques respectives.

"Duroy Orléans, enchanté."

Le temps de prononcer son nom, l'accent japonais du caucasien s'estompa, avant de revenir dès qu'il repassa aux formules de politesse, comme pour faire oublier que le blond n'était clairement pas japonais. C'est tout en continuant de progresser, vigilant, qu'il écouta les objections de sa collègue, comprenant tout à fait ses inquiétudes sans pouvoir s'y plier. Abandonner n'aurait pas été correct. Pire, ç'aurait été une trahison de sa vocation. D'un bref mouvement de tête, il chassa quelques gouttes qui s'étaient accrochées à ses mèches blondes, dégageant au passage son regard pluvieux. Une ruelle sur le côté subit un examen soigneux, le prêtre baissant machinalement la voix pour répondre.

"Je sais, et j'ai pu constater à quel point il était dangereux. Mais si je ne le traque pas, il va s'en prendre à un innocent, soit par faim soit par vengeance. Je préfère encore qu'il m'affronte moi. Contrairement aux civils, j'ai quelques chances de survie."

Il y avait ceux qui traquaient par rancune personnelle, ceux qui le faisaient par tradition et ceux qui protégeaient. Lui était de la dernière catégorie. Bien sûr, il était douloureusement conscient du fait qu'il ne pourrait protéger l'intégralité de l'humanité. Il y aurait toujours des accidents, des deuils, des échecs. Ce n'était cependant pas une raison suffisante pour baisser les bras, pas alors qu'il avait choisi de s'engager dans cette voie certes ardue mais nécessaire, pas alors qu'il pouvait laisser ce monde en meilleur état qu'il ne l'avait trouvé.

"Je comprendrais tout à fait si vous estimez que c'est une cause perdue et si vous préférez retourner à votre propre traque. Personnellement, je continue."

Parce qu'il était investi de ce devoir, parce que les instants d'attention qu'il volerait au vampire pourraient sauver des vies, parce qu'il y avait toujours la possibilité pour qu'à force de persévérance il finisse par l'abattre.

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Dark was the night

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